Il ne faut jamais sous-estimer les humoristes. Les caricaturistes du 19e Siècle ont autant fait pour l’établissement de la République Française, notamment dans leur combat contre l’Église ou pour la libéralisation des mœurs que bien des épisodes sanglants de la Révolution. Ils ont simplement le temps pour eux et, par leurs traits, font de la chose publique un éternel Saint-Sébastien politique, participent à la nécessaire évolution des idées.
La force de l’album de Pluttark est de se maintenir dans le propos général du débat d’idées, ce qui est sommes toutes plus subtil et moins éphémère que de se servir d’un homme politique bien en vue (Sarkozy, Bush…) comme d’un punching ball. Sa méthode est efficace : il s’agit de pousser à l’extrême, jusqu’à l’absurde, les travers de la société libérale : la productivité sans limite, la manipulation à outrance du consommateur, l’absence de responsabilité écologique, la déshumanisation des rapports sociaux, etc., notamment dans la rubrique « 100 idées pour vaincre la crise ».
Si le dessin de Pluttark (déjà aperçu dans la collection Poisson Pilote) est aussi simple parfois que son trait d’humour, c’est pour mieux marteler le propos cynique : l’ultra-libéralisme est nocif pour l’équilibre mental, la tension artérielle, et plus généralement pour la santé. En un slogan comme en cent : Le libéralisme tue. On devrait obliger ses producteurs à mettre un avertissement en grand sur ses produits. Au moins le consommateur serait prévenu.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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