Bienvenue aux Bombinettes. C’est par un joli dimanche de mai que ce paisible village est troublé par l’arrivée d’une échoppe ambulante. Au volant : Amandine qui, à la mort de son père, a repris la boutique familiale jusqu’alors spécialisée dans la vente de bottes et de tuyaux d’arrosage.
Mais cette reprise ne pouvait se faire sans modernisation. Finie "La Maison du caoutchouc" pour faire place à des produits bien plus ludiques... des sex-toys ! Le calme village des Bombinettes voit d’un mauvais œil ce commerce lubrique s’implanter dans son voisinage. Bien que certains nouveaux divorcés ne demeurent pas insensibles au charme de la belle Amandine, en particulier le maire dont le cœur balance entre la pudeur de ses administrés et la froideur de son lit !
Difficile de faire plus grand écart qu’entre les deux séries consécutives de Turf. Après plus de dix-sept ans passés à meubler La Nef des fous et bien qu’il continue à évoquer cet univers dans ses travaux divers, voilà qu’il nous projette dans un monde plus réaliste, quoique rural à plus d’un titre.
Les amateurs de la Nef n’en seront pas pourtant pas si dépaysés ! Un héros (transformé ici en une charmante demoiselle) va à contre-sens des idées communes, un dirigeant plutôt sûr de lui malgré quelques gaffes, des policiers un brin trop zélés, etc. On reconnaîtra donc certains traits de caractère de la série précédente bien distincte pourtant de cette nouvelle histoire, toute de rose vêtue.
Turf s’éloigne également de son imaginaire habituel pour présenter une campagne assez pittoresque portée sur une boisson locale incontournable : le Bombinou. Presque tous les protagonistes semblent rouler dans une sorte de Twingo, et nos locaux se plaignent de la place occupée par les Anglais et les Belges. Ce qui ressemble avant tout à un vaudeville prend pas mal d’accents de réalité !
« Toute l’astuce était de trouver un titre qui ne découragera[it] pas les gens qui ne veulent pas d’une histoire de sexe, car ça n’en est pas une !, expliquait l’auteur à nos confrères de « Sud d’ouest », le grand quotidien régional français, mais aussi pour [ne pas non plus décourager] ceux qui justement pensent qu’ils vont y trouver du sexe ! »
Découpé en petites saynètes, Magasin sexuel a tout de comédie : fraîche, riche en situations cocasses et en dialogues croustillants, aux personnages aussi attachants qu’ubuesques. Toutefois, elle n’atteint pas la fantaisie exprimée dans La Nef des fous... Sans doute parce que tout ce petit monde est ici condensé en un seul diptyque !
(par Charles-Louis Detournay)
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