Elle dénote dans son agence de pub, la jolie Corrina. Vaguement lasse, guère motivée, et plutôt à l’écart. D’autant que ses études de littérature la laissaient rêver à une carrière d’écrivain. Son quotidien repose sur de rares moments de bien-être : un chat quelque peu ingrat, et ses passages au supermarché. Là, en fonction de son humeur, elle remplit son cabas de junk food ou bien glisse un magazine dans le journal, histoire de s’offrir un petit bonus et le frisson qui va avec. Certes, il y a Internet et ses sites de rencontre, et ce mignon photographe qui lui offre enfin un verre, pour une fois que Corrina accepte de sortir...
Un rose pale pour le relever le noir et blanc. La bichromie de Michael Cho pointe à la fois l’amertume de son personnage et son extrême sensibilité. Cette femme si charmante et si triste n’a aucun mal à nous accrocher au bord de ses angoisses. En quelques scènes fortes, où sa soif de créativité et d’idéaux se fracasse contre les buildings, le chemin de Corrina s’ouvre à nous. Des choix et des renoncements assez universels, avec un superbe final qui l’emmène une fois de plus dans un magasin, mais cette fois pour les bonnes raisons.
Pour un coup d’essai, Michael Cho impressionne. Sur la forme, son élégance fait penser à Clowes ou Tomine. Et sur le fond, son portrait de femme est stupéfiant de finesse et d’humanité. Un grand auteur vient d’arriver, du genre qui rassure sur nos motivations de modestes chroniqueurs. Merci Monsieur Cho.
(par David TAUGIS)
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