Râââh Lovely, Gotlib !

Il fallait un regard acéré, un expert de l’humour pour aborder ce géant de façon pertinente, mais aussi impertinente. Cet univers unique en son genre, nous vous le décrivions récemment encore comme « un style unique qui n’est rien d’autre qu’une élégance mise au service de la lisibilité. » Et de l’humour !

Gotlib devant sa coccinelle.

Derrière lui, Frédéric Jannin, le commissaire de l’exposition. Photo Daniels Fouks (c) CBBD

Le Centre belge a voulu respecter cet état d’esprit : « Le ton employé par le Centre Belge de la BD dans la présentation de l’exposition est celui qu’on adopte généralement pour saluer l’œuvre d’un grand artiste plasticien. Refusant de faire de l’humour par-dessus l’épaule de l’auteur, ce choix donne aux espaces d’exposition temporaire du CBBD un air de galerie d’art contemporain dans lequel l’œuvre du créateur de la Rubrique-à-Brac est particulièrement valorisé. Travail graphique, humour et autodérision sont au rendez-vous » nous disent-ils.

Frédéric Jannin et Gotlib

au moment de l’inauguration de l’expo. Photo Daniels Fouks (c) CBBD

Nous avons déjà évoqué ici Gai Luron et les débuts de l’auteur dans Pif, les années Pilote où René Goscinny lui donne la chance d’accéder à l’univers de la BD adulte : « Le premier individu qui m’a pris par la main et qui m’a dit : « Vas-y mon petit », dit Gotlib, c’est Goscinny. Il n’a jamais su que moi, je savais, je sais et je dis que je lui dois tout. » Et puis, il y a les années dites « sexuelles » avec L’Echo des Savanes (qu’il co-fonde avec Brétécher et Mandryka et qu’il anime l’espace de 10 numéros), une révolution dans la France grise d’Alain Peyrefitte et de l’ORTF. Enfin, Fluide Glacial qui met l’impertinence au rang du Neuvième Art et dont il distribue le premier numéro sur le tournage du premier film de Patrice Leconte et Gotlib est le co-scénariste, « Les Vécés étaient fermés de l’intérieur » (1975).

Les années sexuelles

Avec l’Echo des Savanes, Gotlib décoince une certaine BD. Photo Daniels Fouks (c) CBBD

Ces deux publications sont surtout de brillantes réussites de l’édition indépendante, des pionniers oubliés par certains historiens bornés ou incultes. Les Joann Sfar, Larcenet et autres Lewis Trondheim peuvent faire les malins : ils lui doivent tout. « Un journal, quel qu’il soit, dit Gotlib, est avant tout une association professionnelle de gars qui travaillent ensemble. Une équipe, d’accord. Mais au sens journalistique. Pas au sens scout. »

Le Gai Luron d’Avignon

Une oeuvre de Pablo Gotlib. Photo Daniels Fouks (c) CBBD

Inutile de dire que la trace que laisse Gotlib est colossale. Que le Centre Belge et frédéric Jannin lui rendent hommage, voilà qui nous met dans l’extase. Râââh Lovely !