Ragnarök, T. 1 : le dernier dieu — Par Walter Simonson — Éd. Black River

Il aura fallu 17 ans à Walter Simonson pour enfin lancer ce projet sur base de la mythologie nordique. On sent d’ailleurs son expertise à chaque page, éprouvant les connaissances du lecteur face aux termes précis pour décrire les lieux et les personnages. Autant dire qu’un néophyte pourrait s’y perdre sans l’aide d’un dictionnaire à ses côtés. Pour les amateurs de ces croyances anciennes, par contre, c’est un régal scénaristique.

Suite au Ragnarök, le monde a complètement changé de visage. Les créatures ont été décimées pour la plupart et les différents royaumes du monde ont été détruits afin qu’émergent de nouvelles puissances. Parmi elles, le Seigneur des Morts qui compte bien asseoir son pouvoir en faisant anéantir le dernier dieu encore présent dans cet univers, prisonnier d’un trône de pierre au fin fond d’une fortification bâtie par les Nains.

Une mission ardue qu’il commandite auprès d’une elfe noire en échange de l’éternité pour sa fille. Hélas, loin de se douter que Thor en personne l’attendait dans les sous-sols de Kliffborg, elle et sa bande d’assassins trouvent la mort tandis que le dieu de la foudre se réveille d’un sommeil de mort. À moitié putréfié, presque squelettique, Thor a retrouvé la vie et compte bien venger la mort des Ases d’Asgard !

Voilà comment "le dernier dieu" débute son pèlerinage aux quatre coins du monde nordique à le recherche d’un coupable à abattre. Un voyage qui l’emmènera face aux survivants humains, trolls, géants et elfes et à défaire la main mise des créatures de l’ombre sur ce nouveau monde qui peine à renaître de ses cendres…

©Walter Simonson / Black River

Comme énoncé plus tôt, les néophytes en culture nordique auront sans doute du mal à suivre car l’auteur ne s’encombre pas de précision quand il cite les différents mondes qui ont été formés sur l’arbre Yggdrasil, ni même les dieux, héros et créatures légendaires de ces croyances païennes. Mais les amoureux de ces légendes retrouveront avec plaisir Thor et son célèbre marteau, Ratatosk l’écureuil vivant sur l’arbre de vie et autres divinités hélas retrouvées mortes par notre héros.

Quant au style graphique de Walter Simonson, il fait étrangement penser au style de Derek Riggs (illustrateur pour Iron Maiden), avec son héros squelettique, la mâchoire inférieure manquante et ses expressions démoniaques sur les différents visages. Avec ce titre, l’auteur jongle entre un graphisme qui sied aux zombies, mais également aux monstres en tout genre tout en apportant une certaine finesse pour les créatures réputées superbes comme les elfes et les déesses du panthéon nordique.

La colorisation de Laura Martin appuie alors l’atmosphère des différents lieux traversés, accentuant l’ambiance par des filtres rougeoyant auprès des démons des flammes, glauque dans les villages décrépits et bleu là où la vie n’a plus sa place… raison pour laquelle Thor a lui-même cette teinte prédominante, ne sachant trop s’il vit encore réellement.

De quoi donner envie aux amateurs du genre (et de cette mythologie !) de redécouvrir des aventures fantastiques avec moultes créatures peuplant notre imaginaire, dans un scénario sombre et post-apocalyptique.