Bad boys, bad girls
L’enquête sur les disparitions et les meurtres sauvages laisse la part belle à un certain nombre de clichés tournés en dérision par le trio aux manettes : détective blasé, shérif incompétent, femme séductrice, jeune blanc-bec naïf, etc... La scène où le détective Giuseppe "Johnny" Peccato se retrouve face à une horde de poulets est particulièrement savoureuse !
Si la galerie de personnages compte beaucoup d’hommes qui occupent le devant de la scène, il apparaît cependant que ce ne sont pas eux les meneurs mais bien les femmes. Le sexisme ordinaire des années 1960 est matérialisé par les auteurs qui réussissent néanmoins à amener subtilement un retournement de situation. Les pauvres créatures sans défense s’avèrent donc au final être... les hommes. Un exemple très simple et représentatif se trouve dans le tandem Peccato/Sinner : la voiture de Peccato tombe en panne dès le début de la BD, le rendant dépendant de Sinner qui circule à moto sans problèmes.
Red is dead
Le scénario tient bien la route et la résolution du mystère a un côté surprenant mais qui correspond à l’ambiance joliment déjantée d’ensemble. La gamme de couleurs est simple mais efficace : des teintes neutres (gris, noir, bleu foncé, vert kaki) selon les moments et les lieux de l’action et des touches de couleur rouge pour matérialiser le sang et... un autre élément très pertinent dans le contexte de l’histoire !
L’hommage à la culture pop américaine passe aussi par le dessin façon comics et les multiples références disséminées dans tout l’ouvrage : le dinner (et son nom !), le masque d’une souris célèbre aux grandes oreilles, la Harley de Jane, les cigarettes, le catch...
Les noms des deux héros eux-mêmes sont intrigants, Peccato et Sinner signifiant respectivement "péché" en italien et "pécheresse" en anglais. De quoi sont-ils coupables ? Les auteurs ne le révèlent pas dans cet album... Rendez-vous dans un tome 2 ?
(par Gaëlle BEDIS)
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