Parmi les peuples opprimés, menacés, les Yézidis ont occupé les premières pages des journaux durant la domination de l’état islamique dans une partie de l’Irak. Un peuple vivant près des montagnes de l’Ouest, proche de la Syrie, assiégé durant l’année 2014.
Ce récit très direct, simple, efficace, révèle un épisode précis de l’histoire des Yézidis, qui a ensuite mené à un double drame : un massacre massif, peut-être même un génocide [1]. À la base, une trahison : celle des Peshmergas kurdes qui devaient soutenir leurs alliés et qui ont finalement fait faux bond. Affamés, étouffés par la chaleur, certains Yézidis qui ont réussi à gagner les hauteurs des montagnes ont subi de lourdes pertes, tandis que les autres, notamment femmes et enfants, devenaient esclaves sexuelles pour les premières et soldats pour les seconds.
Graphiquement, le duo danois à l’origine de l’album tempère l’atmosphère d’effroi, cette attente du sinistre drapeau noir de Daesh, par des décors épurés, aux cieux dégagés, souvent très bleus. L’action progresse rapidement, et les 100 pages défilent à toute vitesse.
Le scénariste Tore Rorbaek, journaliste au Danemark, signe une postface importante pour resituer le contexte. Un véritable travail de mémoire pour cette communauté aux croyances empruntant à la fois à l’Islam, au Judaïsme et au Christianisme.
(par David TAUGIS)
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[1] les auteurs revendiquent le terme mais l’ONU en est encore au stade de l’enquête pour déterminer cette "qualification" source : article du monde.fr du 2 octobre 2020