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"Spider-Man : Across the Spider Verse" : et si tout le monde s’était trompé ?

Par Jaime Bonkowski de Passos le 31 mai 2023                      Lien  
Et si tout le monde s'était trompé, ces vingt dernières années ? Et si, finalement, le format cinématographique le plus complémentaire aux super-héros de comics n'était pas le live action, comme nous l'ont vendu Disney et Warner ? Et si, depuis le début, la réponse était l'animation ? En sortant, un peu hébété, de la salle de cinéma après avoir découvert "Spider-Man : Across the Spider Verse", le constat est sans appel. En un peu plus de deux heures, le dernier né de Sony et suite du déjà exceptionnel "Spider-Man : New Generation" met une gigantesque claque à 99% de la production cinématographique super-héroïque moderne. Le pire, c'est qu'on l'a vu venir, personne n'est surpris, et ça reste quand même bluffant de qualité et d'inventivité ! Et si, depuis le début, nous nous trompions...? [CHRONIQUE GARANTIE SANS SPOILERS]

Miles Morales, l’ado de Brooklyn qui s’est retrouvé un peu par hasard propulsé au rang d’héritier du plus grand super-héros de New York, peine encore à trouver l’équilibre entre son quotidien de lycéen et ses activités nocturnes, ô combien mouvementées par la floppée de super-vilains plus ou moins craignos qui défilent dans ses rues.

Surtout, Gwen Stacy, son amie d’un autre univers rencontrée quelques années auparavant, lui manque : elle était la seule dans son petit monde à réellement pouvoir le comprendre. Leur réunion aura finalement bien lieu, mais pas de la manière dont ils l’espéraient... Car il semblerait qu’une fois de plus, le destin de tous les univers repose entre leurs mains.

"Spider-Man : Across the Spider Verse" : et si tout le monde s'était trompé ?

Une perle, vraiment

Déjà en 2018, le premier-né de la saga Spider-Man New Generation avait fait l’effet d’une bombe par son inventivité graphique, son histoire, ses personnages, sa bande-son, son doublage... À raison, les critiques de la presse spécialisée comme généraliste ainsi que les retours du public tournaient à l’hagiographie, certifiant la qualité d’un film toujours considéré comme une référence de l’animation moderne, et comme un jalon dans l’histoire multimédiatique de Spider-Man (et qui a mis la pâtée aux deux films Marvel consacrés au personnage parus depuis, qui, à côté, paraissent au mieux fades, au pire carrément bidons). L’Oscar reçu à l’époque était évident.

Avec un tel coup d’éclat comme première itération, l’annonce (sans surprise) d’une suite avait de quoi inquiéter : est-il seulement possible de faire une suite à la hauteur ? Puis, les premières affiches et trailers arrivent, les images officielles ou leaks inondent les réseaux sociaux et tout le monde souffle un coup : c’est canon. Restait l’incertitude de savoir à quel point les teasers étaient honnêtes, et c’est seulement depuis ce mercredi 31 mai qu’on peut s’en faire une idée en découvrant le bijou en salle. Et la réponse est OUI, mille fois OUI !!!

Les images, d’abord

Bon dieu ces images. Depuis New Generation, qui se distinguait comme le premier long-métrage super-héroïque moderne a mettre en scène le concept aussi prometteur que dangereux du multivers, le public a pu découvrir deux autres occurrences majeures du genre, avec le Marvel Docteur Strange In the Multivers of Madness, et l’ovni Everything Everywhere All at Once.

Si le premier dépeignait un multivers timide au mieux, assez décevant au global qui se contentait de montrer des versions pas si alternatives de notre monde en changeant deux trois trucs (les pizzas-boules, tu parles d’un bouleversement...), le second embrassait avec un peu plus d’audace le potentiel loufoque et philosophique du concept, pour un résultat jouissif (et sanctionné aux Oscars, pour une fois l’Académie a visé juste).

À date, nous avions donc la version New Generation du Multivers, assez esquissée dans le film car juste introduite mais bien maîtrisée et qui laissait entrevoir un potentiel infini, celle tristoune du MCU qui n’a marqué à peu près personne que ce soit en film ou en série, et celle aboutie (mais sans super-héros) d’EEAAO[Pardon pour l’acronyme : everything everywhere all at once...].

Et si ce dernier parvenait à trouver des moyens techniques pour contourner les limites imposées par la prise de vue réelle et proposer du VRAI multivers bien barré (genre les doigts-saucisses ou le monde-caillou), reste que l’animation est virtuellement beaucoup plus permissive en matière d’inventivité et de bizarrerie, c’était déjà ce qui avait convaincu dans New Generation.

Rebelote avec Across the Spider Verse, qui va tellement loin dans l’expérimentation et l’audace qu’on a parfois l’impression de flirter avec un clip des Pink Floyd. Il conserve un côté pop et marrant dans une exploration du multivers à l’ambiance colorée et extatique, capable de préserver les enjeux d’une intrigue émotionnellement chargée.

Le film, qui utilise toutes les techniques les plus pointues de l’animation moderne comme le cell-shading ou la chute maîtrisée de framerate (qui bluffait déjà dans Puss In Boots 2 cette année, on y revient), puise dans des inspirations évidemment vidéoludiques (et rappelle les prouesses de pas mal de cinématiques de Riot Games ou Blizzard notamment) et asiatiques, mais surtout n’hésite pas à passer d’une esthétique à l’autre dans les sauts multiversels, renouvelant constamment l’ambiance visuelle à l’écran.

Le résultat est effréné et ensorcelant, et donne l’impression de voir une dizaine de films animés en un seul, sans pour autant qu’on soit sorti de l’histoire ou qu’on lâche le rythme un seul instant ! Une véritable prouesse.

Niveau design, les artistes ont puisé dans la multitude de variants que le matériau original propose (et il y en a un paquet), résolvant le seul défaut qu’on pouvait reprocher au premier film : ne pas en voir assez. Là pour le coup, c’est l’inverse : on ressent rien que par la diversité des costumes, des styles et des morphologies l’ampleur écrasante du multivers et de son "infinité" substantielle. Mais le film parvient à montrer cette dimension sans pour autant perdre de vue ses personnages principaux, et sans s’écarter d’une intrigue qui a fort à faire en un peu plus de deux heures.

Reste que visuellement, Across the Spider Verse ressemble à rien de ce qui a déjà été fait, et développe un univers d’une richesse incroyable, qui paraît enfin à la hauteur de la variété du matériau comics original, effet que Multiverse of Madness ou les autres films / séries Marvel abordant le sujet ne parvenaient pas à atteindre. C’est sublime, c’est fluide, c’est original, chaque plan donne envie de faire un arrêt sur image pour en tirer un fond d’écran, à tel point que même sans aucun attachement pour les personnages ou l’histoire le film se tiendrait comme pur objet esthétique. Un authentique chef d’oeuvre à bien des points de vue.

Puis, l’intrigue

Comme annoncé plus avant, cette chronique est garantie sans spoiler, nous vous en dirons donc peu sur le contenu de l’histoire. Ce qu’il faut savoir c’est que, comme dans le premier opus, les scénaristes et dialoguistes sont parvenus à faire de Miles le plus cool de tous les Spider-Man vus à l’écran (petit ou grand), en s’écartant suffisamment du personnage des comics pour en proposer une authentique interprétation originale.

Il en va de même pour tous les autres personnages, avec tout en haut de la pyramide du swag[Pardon...], un Miguel O’Hara tout feu tout flamme, qui donne une leçon à Marvel Studios et Warner Bros en matière d’écriture de side-character. Et la fin est tout a fait invivable en ce qu’elle nous oblige à attendre impatiemment la suite. Ça va être difficile de retourner à la vie réelle en sachant qu’on n’en saura pas plus avant un an. C’est peut-être d’ailleurs là le seul vrai défaut du film : il s’agit d’une première partie qui sera complétée par Beyond the Spider Verse annoncé pour 2023, et son histoire ne se tient donc pas réellement en tant que telle.

Par son intrigue comme par sa forme, Into the Spiderverse demeure néanmoins une claque émotionnelle qui remet en perspective toute la production cinématographique super-héroïque de ces vingt dernières années. Certes, le MCU et le DCEU sont parvenus à nous proposer quelques pépites (en même temps en plus de 50 films, ça aurait été un exploit de TOUT rater...), mais au global, après vingt années de boulimie super-héroïque, c’est un puissant sentiment de lassitude qui s’empare de plus en plus des fans, à chaque annonce d’une nouvelle "phase", "reboot", série et trucs et machins toujours moins excitants car toujours moins innovants.

La formule proposée par les deux grands studios tourne en rond et à vide, on absorbe les Quantumania, Black Widow, Black Adam et autres Fury of the Gods en étant à peine marqué par ce qu’on voit (sérieusement, n’allez pas me faire croire que qui que ce soit a eu envie de revoir Ant Man et la Guêpe ou Thor The Dark World après l’obligatoire séance ciné pour ne pas perdre le fil de la continuité).

Si bien que quand arrive en salle un Across the Spider Verse qui exploite chaque goutte d’inventivité et de potentialité permise par l’animation, on ne peut s’empêcher de se demander à quoi aurait ressemblé un MCU entièrement animé, livré à l’imagination de concept-artists qui envoient le réalisme se faire voir et choisissent d’embrasser le fun et l’audace ?

Ce sentiment de What if ?[Et si ?] est d’autant plus important quand on prend un peu de recul sur la qualité des productions animées de ces dernières années. Sur le petit écran, la claque (française) Arcane n’a toujours pas fini de résonner, il s’agit toujours à date de la meilleure série disponible sur Netflix [Opinion absolue, véridique et non débattable...], plus tôt cette année nous avons vu l’excellent Puss In Boots 2 de Dreamworks qui rappelait, une fois de plus, que Disney n’a pas le monopole des films d’animation exceptionnels au cinéma, et du côté de Big D les trailers de l’attendu Wish laissent deviner un saut dans l’inconnu avec une direction artistique très éloignée de la zone de confort du studio.

Mentionnons encore le prochain film Tortue Ninja prévu pour août 2023 qui s’annonce déjà comme un banger et excite la toile à chaque nouveau teaser, affiche ou images, et le dernier film Mario qui a dépassé le milliard de recettes en proposant un vrai film pour enfant pas prise de tête et fun avant tout (et beau, il faut bien le dire), prouvant que l’animation aussi peut tutoyer le top des charts de la rentabilité...

On a donc d’un côté une recette de films blockbusters live-action qui s’épuise et perd à chaque nouvelle itération un peu plus de son public, et de l’autre une industrie de l’animation occidentale qui renaît (la précision géographique est importante, l’animation japonaise / asiatique ne s’est jamais aussi bien portée) et parvient à conquérir tous les publics, qu’ils soient jeunes ou vieux, fan d’action, d’amour, d’aventure, de capes...

Et si, donc, nous nous trompions ? Et si il était temps de tourner enfin le dos aux films classiques de super-héros qu’on avale sans faim et sans fin, pour réclamer la fraîcheur et l’originalité d’un cinéma d’animation super-héroïque qui semble infiniment plus prometteur ? Privilégier la qualité à la quantité, l’originalité à la sécurité...?

Une chose est sûre, dans l’infinité de notre multivers il y a forcément une Terre alternative sur laquelle cette transition a déjà eu lieu. Trouvez moi un portail qui m’y emmène, vite...

(par Jaime Bonkowski de Passos)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

"Spider-Man Across the Spider Verse" - Sony Pictures - réalisé par Joaquim Dos Santos, Kemp Powers & Justin K. Thompson - 31/05/2023.

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10 Messages :
  • Ayo l’article est aussi incroyable que le film !
    Je ne partage pas votre désatrait [ça se dit ça ?] pour Ant-Man et la Guêpe mais alors pour toutes les autres m*rdes que les studios nous sortent je vous suis complètement.
    Quant au film en lui-même c’est une explosion de couleur évidemment mais aussi d’émotions. Surtout la fin ;)
    Je ne vous corrigerai que sur une chose : la date du prochain Beyond the Spider-verse qui se trouve entre mai 2024 et début 2025 si aucun report ne s’impose.
    Un article rempli de sagesse et de bon goût tout ce qu’on aime !
    Bonne journée !

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    • Répondu par Michel Dartay le 3 juin 2023 à  17:08 :

      Il est très bien ce film d’animation. Je me méfie un peu des productions Sony après les récents films consacrés à Venom et Morbius. Là, on a de l’ambition, une excellente culture des Spider-Heroes, des dialogues travaillés. Séquences d’action très vivantes, mais aussi des scènes plus intimistes. Les persos mis à l’honneur sont Miles Moralès, Spider-Gwen et SM 2099.

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    • Répondu par Benoitgg le 4 juin 2023 à  23:20 :

      Normalement, si il n’a pas de report le 3ème film Spiderman : Beyond the Spider-verse devrait sortir en France le 3 avril 2024 (et 5 jours + tôt aux USA)

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  • Ben l’avenir, c’est peut-être qu’Hollywood se souvienne des époques où Gene Kelly dansa avec Jerry la Souris, où Bob Hoskins menait l’enquête avec Roger Rabbitt... C’est-à-dire la rencontre live action/animation. Que Miles Morales rencontre les trois Spidey en chair et en os du dernier film Marvel, sans passer lui-même par la case acteur (hormis sa voix). Mais cela aurait-il encore un sens avec l’esthétique CGI ?

    Et il manque encore quelque chose à votre passage en revue des films de Multivers : attendons de voir The Flash, dont les premiers échos sont, contre toute attente et malgré sa vedette tête à claques, excellents. Sincères on ne sait pas encore, mais excellents.

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    • Répondu le 4 juin 2023 à  17:50 :

      Pour The Flash j’ai hésité à le mentionner, mais je trouve qu’on est plutôt sur un concept d’univers parallèles que de Multivers à proprement parler, entendu au sens "variation radicale qui se manifeste par des règles / esthétiques complètement différentes de l’univers original". The Flash, ça va plutôt être (à priori) "le même monde mais différent". reste qu’effectivement, il est très intriguant, et j’ai hâte de voir ce que ça va donner...

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  • Il est recommandé de se munir d’un dictionnaire anglais-français avant de se plonger dans cet article.

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    • Répondu par Jaime Bonkowski de Passos le 22 juin 2023 à  14:54 :

      Désolé pour ça, le champ lexical avec lequel je suis le plus à l’aise pour parler de ce genre de sujet s’avère être pas mal anglophone...
      Et j’ai aussi l’impression que c’est la façon d’en parler qui sera la plus compréhensible pour le public-cible de ce film (dont moi), c’est à dire les late 90ers, génération X Y Z etc qui a grandi avec le langage Twitter / Reddit / Twitch / Youtube...
      Encore désolé, à l’avenir je tacherai de mettre un glossaire en fin d’article ^^’

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      • Répondu par Pascal le 24 juin 2023 à  13:04 :

        Mr Jaime Bonkowski de Passos,
        Je n’ai pas l’habitude de prendre la parole, je ne suis sur aucun réseau social. Je n’ai évidemment rien contre vous mais permettez-moi de vous dire que vous êtes en train, comme beaucoup de français de tuer la langue française comme beaucoup (voir également la pub et tous ces nuls qui travaillent dans la com), qui ne respectent même pas leur propre langue. Vous êtes né d’après ce que j’ai compris dans les années 90, belle excuse ! La défense de la langue française est un combat de tous les jours. Même mes étudiants n’arrivent pas à votre niveau de franglais ! Merci à nos amis et cousins québécois qui eux se battent avec succès depuis de nombreuses années. C’est tout simplement lamentable.
        Bien vous,
        Pascal

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        • Répondu par Jaime Bonkowski de Passos le 27 juin 2023 à  08:56 :

          Toutes mes condoléances à la langue française dans ce cas...
          J’ai relu mon texte, pour comprendre votre point de vue. Et le recourt aux anglicismes n’occasionnent jamais, ici, des appauvrissement de ma grammaire ou de ma syntaxe. Au contraire, il s’agit d’enrichissements lexicaux, en ce qu’ils me permettent d’exprimer plus précisément et plus vite ce que je veux dire. Par exemple quand je parle de cel-shading pour parler de la technique d’animation, la "défense de la langue française" m’obligerait à écrire "ombrage de celluloïd" (nom français de cette technique), et ainsi de perdre 100% de mon audience qui savent très bien ce qu’est du cel-shading, mais pas de "l’ombrage de celluloïd" (et qui n’ont pas l’envie / le temps d’aller regarder le sens sur internet).
          Je n’arrive pas à percevoir l’hybridation (toute relative) de la langue française avec la langue anglaise comme l’appauvrissement que vous décrivez, parce que la plupart des incursions anglaises dans notre langue vont concerner des champs lexicaux pour lesquels le français a mis bien trop de temps à s’adapter voire n’a toujours pas d’équivalent. Que ce soit le jeu-vidéo, l’informatique, l’animation, la pop-culture, le numérique, toutes ces aires sont effectivement peuplées d’anglicismes qui sont des augmentations lexicales, et n’appellent pas à des transformations grammaticales ou syntaxiques de la langue française (en tout cas dans l’usage que j’en fais au quotidien).
          Si une langue, même étrangère, a un mot pour décrire ce dont je parle, et que ma langue maternelle n’en a pas, pourquoi me priver d’utiliser ce mot étranger ?
          De même, je m’adresse à un public large, je dois donc être compris par lui. Et me référer aux usages lexicaux courants pour ne pas larguer mon public : si je parle de streaming, mes lecteurs sauront ce que je veux dire, pas si je parle de "diffusion en flux continu" (et c’est aussi sacrément plus moche, mais les goûts et les couleurs...).
          Amicalement.

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          • Répondu par Pascal le 30 juin 2023 à  07:06 :

            Merci pour votre réponse ! En tout cas, ma propre réponse n’était pas spécialement dirigée contre vous (comprendre contre votre écriture) mais de façon plus générale contre l’utilisation du franglais de plus en plus utilisée de nos jours et souvent à très mauvais escient (ce qui exclut beaucoup de gens qui ont l’impression qu’on ne s’adresse qu’à quelques happy fews- tiens un anglicisme ! sourire).
            Peut-être est-ce une question de génération..
            Malgré tout je partage une partie (une partie seulement) de vos arguments.
            Cordialement

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