En 1948, lors de la convention de la paix pour un monde meilleur, suite aux ravages causés par la bombe d’Hiroshima, le général des armées américaines prend la parole. Mais son discours est interrompu par la venue d’un enfant, devant lequel chaque personne présente s’agenouille en gage de respect. Ce jeune garçon dispose de capacités sensorielles épatantes et démontre l’étendue de son savoir au militaire abasourdi.
Plusieurs décennies se sont écoulées et le jeune Harada est devenu un fier conquérant, à la tête d’un empire et d’une armée. Les millions d’adeptes Pro-Harada et leurs adversaires de l’organisation "Rising Spirit" sont à couteaux tirés dans une guerre sans précédent.
"Rising Spirit" s’oppose à Harada, vu comme un dictateur despote à détruire. En effet, le but de ce dernier consiste à récupérer des débris extraterrestres flottant autour de la Terre, afin d’acquérir une technologie sans égale et, par suite, la suprématie sur le monde.
Toyo Harada incarne le « psiotique par référence », c’est-à-dire l’humain au potentiel psychique le plus abouti. En maestro incontesté du monde cruel de la finance, Harada se veut également un visionnaire dont le dessein consiste à préserver la planète coûte que coûte. Avec une telle volonté et une puissance affichée sur tous les fronts, le survivant d’Hiroshima crée la Fondation Harbinger qui rassemble l’élite des guerriers disposant de pouvoirs hors-normes, afin de se constituer une armée inégalable.
Une fois la saga Harbinger clôturée, Joshua Dysart entame une nouvelle approche du personnage de Toyo Harada, basculant les rôles en une forme d’effet miroir et donnant une vision davantage empathique du psiotique. Un schéma contrasté relativement intéressant vu l’impact qu’a connu l’album Imperium.
Jusqu’ici Toyo Harada apparaissait au cœur de plusieurs titres de chez Valiant, mêlé à d’autres protagonistes de même acabit comme c’était le cas pour Harbinger ou Rising Spirit. Le mettre en tête d’affiche montre finalement l’importance cruciale de ce personnage tout à fait unique.
Vie et Mort de Toyo Harada représente le dernier carrefour du cycle psiotique. Ce titre a vu le jour, comme le souligne Joshua Dysart en introduction, uniquement grâce aux éditions indépendantes américaines Valiant et par la combinaison du talent de Dysart associé à celui du dessinateur Cafu, accordés lors d’un voyage en TGV dans le sud de la France.
Bien qu’il s’agisse d’une conclusion du cycle psiotique, la grande force du scénariste consiste à toucher autant les néophytes que les férus de la série. Les nouveaux lecteurs ne peuvent qu’être enthousiasmés par ce récit alléchant, propre à faire naître un vif intérêt pour ce vaste univers. Quant aux fins connaisseurs, ils seront forcément en terrain connu et découvriront avec gourmandise les derniers éléments de cette saga.
La partie graphique voit la participation de plusieurs artistes dont le fameux Doug Braithwaite, l’une des valeurs sûres du catalogue de Bliss Comics, auquel on doit notamment différents arcs de la saga : Bloodshot ainsi que X-O Manowar. Un dessinateur de haute tenue qui n’a d’égal que les scénaristes avec lesquels il exerce : Jeff Lemire, Matt Kindt, et bien sûr Joshua Dysart, entre autres. Ces deux auteurs qui n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’ils ont créé ensemble le somptueux Imperium, l’un des comics-phares de l’année 2017, où l’on retrouve leur héros Toyo Harada à la tête de la Fondation secrète Harbinger.
Grâce à un trait ultra-efficace, certes favorisé par une large utilisation de Photoshop, le style de crayonné apporté par Doug Braithwaite parvient à transmettre des émotions là où ce n’est pas évident, comme c’est le cas pour les machines robotisées. Les décors sont également d’excellente facture, magistralement détaillés sans pour autant assommer le lecteur.
D’autres dessinateurs se partagent les chapitres suivant parmi lesquels Cafu, Mico Suayan et Butch Guice. Reconnaissons qu’il est difficile, voire impossible de concurrencer le travail de Doug Braithwaite sur le même terrain, mais ceux-ci répondent favorablement à nos espérances avec un résultat tout à fait honnête. Cafu, ayant déjà collaboré avec le duo Joshua Dysart et Doug Braithwaite sur Imperium et War Mother. Enfin, Butch Guice fait également partie des invités d’honneur puisqu’on lui doit entre autres le premier plat de couverture aux commandes avec Mico Suayan ainsi que l’intégralité du second chapitre où Harada est confronté au "Cerveau de Center Point".
Vie et Mort de Toyo Harada fait partie sans conteste de l’un des meilleurs comics de ces derniers mois. Indispensable pour tout fan de l’univers Valiant.
(par Marc Vandermeer)
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"Vie et Mort de Toyo Harada". Scénario : Joshua Dysart. Dessin : Doug Braithwaite, Cafu, Mico Suayan & Butch Guice. Éditeur : Bliss Comics. 224 pages. Sorti le 29 novembre 2020. Prix : 23 euros.
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