Attendu comme l’anti-Avengers, LA grande réponse de Warner Bros et DC Comics à l’hégémonie Disney / Marvel sur le cinéma de super-héros, le film Justice League sorti en 2017 avait sacrément déçu. La faute, sans doute, à une production plus que chaotique, et au départ à mi-parcours du réalisateur d’origine Zack Snyder remplacé par Joss Whedon, star de Marvel Production à qui l’on doit Avengers notamment. Ce dernier avait alors réécrit le film et l’avait presque intégralement re-tourné, avant de proposer un montage bien différent de la première version.
Les dessous de ce passage de relais étaient à l’époque restés assez obscurs, alimentant de nombreuses rumeurs chez les fans : on sait que la fille de Zack Snyder était décédée au cours de la post-production, ce qui aurait entraîné son retrait du projet, mais on a aussi entendu dire qu’il aurait été poussé vers la sortie par la production car il réalisait un film trop sombre. Whedon est-il alors venu en renfort pour aseptiser le projet "à la sauce Disney" ? Le mystère reste entier.
La sortie du film a toutefois été un échec cuisant pour Warner Bros : l’un des pires démarrages de l’histoire pour un film de super-héros, des critiques catastrophiques émanant aussi bien de la presse que des spectateurs... Et, dans ce chaos, c’est Joss Whedon, le second réalisateur et celui crédité au générique final, qui est devenu le bouc émissaire de la foule en colère. On l’a accusé d’avoir condamné le film en supprimant toutes les bonnes idées de Snyder, théorie par ailleurs alimentée par des commentaires de ce dernier qui aurait déclaré à plusieurs reprises que le film ne ressemble pas à ce qu’il a fait, laissant sous-entendre l’existence d’une version plus fidèle à sa vision.
Tant et si bien que cette fameuse "Snyder’s cut" (la version Zack Snyder du film) est devenue une sorte de baleine blanche, un fantasme pour les fans. Fantasme également nourri par les interventions de plusieurs acteurs de la production qui ont évoqué plus ou moins ouvertement leurs désaccords avec la vision de Whedon pour manifester leur soutien au premier réalisateur.
Pour les deux ans de la sortie en salle du film, sur Twitter le hashtag #ReleaseTheSnyderCut ("sortez la Snyder Cut") est même propulsé en tendance, actant l’intérêt des fans pour cette version alternative.
Et après de multiples pétitions, suppliques, et appels d’influenceurs en tous genre, Warner Bros décide d’autoriser sa diffusion : Zack Snyder’s Justice League verra donc bien le jour, sous la forme d’une mini-série de quatre épisodes d’une heure diffusés sur HBO Max en 2021.
Un premier trailer officiel s’est dévoilé il y a quelques jours sur la chaîne d’HBO, avec en thème principal l’Hallelujah de Leonard Cohen : on salue la subtilité du message... On y croise pèle-mêle un Steppenwolf (le méchant principal du film) au look remasterisé (et beaucoup plus convaincant que celui de sa première version), Darkseid qui avait été coupé au montage, et de nombreuses nouvelles scènes avec Cyborg, Wonder Woman ou Flash, préfigurant un traitement plus approfondi de ces personnages.
Ce sont au final 2h30 d’images inédites qui nous sont promises par cette nouvelle version, qu’il faut bien concevoir comme un nouveau Justice League bien différent de la version Whedon.
Programmée pour 2021, la diffusion du film pose cependant déjà problème : avec une sortie prévue sur HBO Max, le service de VOD d’HBO, de nombreux pays en seraient privés puisque le service n’est pas disponible partout. Mais on sait que Zack Snyder est en tractation avec Warner Bros pour sortir le film en salle et à l’international (si la situation sanitaire le permet...) En tout cas une chose est sûre, Justice League n’a toujours pas fini de faire parler de lui, pour le meilleur ou pour le pire...
(par Jaime Bonkowski de Passos)
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