A Vicious Circle T. 1 - Par Mattson Tomlin & Lee Bermejo - Urban Comics

Shawn Thacker a une vie bien rangée avec son épouse et leur fils. C’est l’époque de la lutte pour les droits civiques et notre héros est au cœur de l’action. Un petit coté "Malcom X" émane du personnage, avec ses lunettes rehaussées de noir, sa mâchoire carrée et son regard intense.

Le lecteur note d’emblée la qualité graphique remarquable de Lee Bermejo : un trait fin, minutieux et hyper réaliste qui trouble et qui enchante ; des captures d’instants de vie telles des photographies argentiques.

Pourtant, un jour, tout bascule. Alors que Shawn prévoit d’aller pêcher avec son fils, un appel téléphonique chamboule le programme. Des opposants à l’anti-ségrégation reportent la virée en famille à plus tard, juste assez longtemps pour qu’un drame survienne : à son retour, Shawn découvre sa femme inanimée au sol, son fils grièvement blessé à la cave et… la geôle de son ennemi juré vide !

Mattson Tomlin dévoile enfin le secret de cette nouvelle série. Shawn est un voyageur du temps. Sa mission est de remonter son couloir temporel pour détruire un engin construit pour anéantir le monde. Ferris, le soldat qu’il maintenait enfermé dans sa cave depuis 10 ans, vient quant à lui d’un autre futur pour enclencher la machine infernale. Mais les sauts dans le temps demeurent visiblement aléatoires. Dès que l’un d’eux tue quelqu’un, ils se retrouvent propulsés dans une autre temporalité. Or, si Ferris semble maîtriser ses projections, Shawn ne fait que les subir.

©Lee Bermejo / Urban Comics

Alors qu’on se disait avoir fait le tour des voyages dans le temps, Mattson Tomlin nous démontre le contraire : plus de vaisseaux transdimensionnels ; finis les portails hasardeux. Le meurtre est un nouveau moyen de se téléporter ! Pour ses débuts dans la carrière d’auteurs de Comics, Mattson Tomlin réinvente la science-fiction.

Un défi de taille pour le dessinateur Lee Bermejo, mais relevé haut la main ! Chaque bond dans le temps est synonyme de modification du style graphique. Tout en gardant sa précision et sa finesse dans les traits et les décors, l’artiste jongle avec les effets de couleurs, la lumière, les contrastes et les angles de vues...

L’interview en fin d’album [1] permet de mieux comprendre les origines de cette collaboration. Les deux auteurs évoquent également certains de leurs choix dans le déroulé du récit : un début en noir et blanc, comme pour Le Magicien d’Oz, suivi d’une projection dans un autre monde plein de couleurs.

Même le format de l’album sort des sentiers battus en optant pour les dimensions traditionnelles d’une BD plutôt que d’un Comics.

Devant tant de surprises et de bonnes idées, on attend déjà la suite !

©Lee Bermejo / Urban Comics