Si cette initiative d’auteurs signait, sans que l’on en ait encore conscience, l’acte de décès d’une certaine « bande dessinée de papa », celle de ces grands illustrés pour la jeunesse héritière des feuilletons du XIXe siècle (« Spirou », « Tintin », « Pilote »…), elle initiait en revanche l’entrée de la bande dessinée dans le monde de l’art et affichait une proximité quasiment fusionnelle avec le cinéma (et plus tard le jeu vidéo) qui annonçait la BD d’aujourd’hui. Cette révolution eut des répliques aux USA (Heavy Metal), en Allemagne (Schweer Metal), en Italie, en Espagne, et une influence de la Pologne à la Turquie, du Brésil au Japon.
« Révolution » est d’abord un terme d’astronomie, il désigne un mouvement orbital qui fait revenir un corps céleste à un même point. Est-il possible que la mythique revue des années 1970-80 puisse revenir de nos jours ? C’était le pari de Vincent Bernière qui relançait en avril 2921 « la machine à rêver » . Un an plus tard, les Humanoïdes Associés reprenaient la main et nommaient un Belge de Los Angeles, Jerry Frissen, comme rédacteur en chef.
Le programme ? Alterner un numéro « vintage » avec les grands classiques du journal avec un numéro entièrement constitué de créations nouvelles signées des nouveaux talents de la bande dessinée internationale.
Dans le dernier numéro paru ces jours-ci, plus de 270 pages bien tassées, l’éclectisme est de rigueur : Derf Backderf, Jim Bishop, Corbeyran Julien Lambert, Neyef croisent Elene Usdin ou Chantal Montellier, avec comme sujet les monstres.
Et vous savez quoi ? Il y a comme une révolution : bien que différent du magazine d’origine, il se passe quelque chose. On retrouve cette magie électrique faite d’audace et de créativité, des sujets un peu branques, des expérimentations et des associations graphiques surprenantes. Les concepteurs étoffent le rédactionnel avec le retour du « Mange-Livres » signé ici Lloyd Chery qui va devenir le Rédac chef adjoint dès le prochain numéro.
Du coup, on oublie l’alternance et on ne garde plus que la nouveauté avec, de temps à autre, quelques pages iconiques venues d’hier. L’ensemble est bluffant et l’on se prend à se dire que Métal, LE Métal… est en train de retrouver l’éclat d’avant l’éclipse. La machine s’est remise à rêver.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Couverture de Métal Hurlant 7 : Stéphane Levallois
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