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Tintin aux Îles Caïman : vérifie ton trust…

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 mai 2022                      Lien  
« Trust but Verify » : c’est le titre d’un livre à venir que se propose d’écrire Nick Rodwell, l’époux de Fanny, l’ayant droit d’Hergé. Il pourra s’épancher sur la mauvaise réputation que lui fait une certaine presse depuis des décennies, au moment où il a pris les manettes de l’empire Tintin. En ce qui nous concerne nous saluions récemment le travail que Fanny et lui ont fait pour défendre l’œuvre d’Hergé depuis trente ans. Mais alors que les interrogations s’accumulent sur l’avenir de Tintin alors même qu’une réorganisation profonde de ses structures d’exploitation est en cours (voir nos précédents articles), on découvre par le site d’actualité judiciaire ironiquement nommé Gotham City que cette restructuration n’est pas que cosmétique : Nick Rodwell vient de porter plainte contre deux avocats suisses à propos de la façon dont ils ont géré le trust des époux Rodwell aux Îles Caïman. En cause, la succession de Fanny, et de la sienne…

Nous apprenons par le quotidien Swiss Info qui titre « du rififi chez les héritiers de Tintin » que Nick Rodwell aurait porté plainte contre deux avocats suisses pour la façon dont ils auraient géré le trust (trustees) familial : « Agissant en tant que tuteur de Fanny Rodwell dans la mesure où celle-ci est malade, il demande à la Cour la démission de Bernard Lachenal et Claude Brechbühl, de l’étude genevoise Meyerlustenberger Lachenal Froriep, de leurs postes d’administrateurs du trust (trustees). Nick Rodwell estime que les deux avocats, ayant dépassé l’âge de 65 ans, devraient prendre leur retraite. »

Une succession qui s’organise

Pour la première fois, dans cet article qui cite une interview parue en décembre 2021 pour la revue suisse Bilan que, nous le confessons, nous n’avions pas vu passer, Nick Rodwell évoque la succession de Fanny Rodwell et sa succession propre, le couple n’ayant pas d’enfants : « Si je meurs demain, comme Fanny souffre de la maladie d’Alzheimer et ne peut plus prendre de décisions, et que nous n’avons pas d’enfants, il y aura un mini-chaos. Je suis en train de mettre en place ce qu’il faut pour l’éviter. Mais ce que j’ai découvert avec les avocats et les personnes impliquées dans la succession d’Hergé est très décevant  ». D’où cette procédure… Il est «  en train de réexaminer la structure que nous avons mise en place il y a trente ans. »

Tintin aux Îles Caïman : vérifie ton trust…
Fanny Rodwell, seconde épouse du dessinateur et légataire universelle de l’oeuvre d’Hergé.

Donnant tantôt un coup de griffe à Casterman (ce qui relativise la « bonne entente » supposée entre Moulinsart, pardon "Tintinimaginatio", et l’éditeur belgo-parisien), tantôt à la presse francophone « qui ne l’aime pas », il confirme organiser la succession de Fanny et la sienne.

Nick Rodwell. Il évoque pour la première fois sa propre succession.
Changement d’image ou nettoyage avant cession ?

Un patrimoine de plus de 200 millions d’euros

Et la réflexion va loin. Il dit aussi à Bilan que «  Si [Fanny] devait disparaître avant moi, j’estime que je n’aurais pas la légitimité de poursuivre. » Qu’est-ce à dire ? Qu’il vendrait Tintin à l’encan ? C’est semble-t-il dans l’air si l’on lit entre les lignes son cheminement de réflexion : alors que la presse économique suisse estime, selon ses dires, le patrimoine du couple entre 200 et 300 millions de francs suisses (quasiment autant d’euros), Nick Rodwell avance le prix de cession de l’œuvre de Roal Dahl à Netflix : «  selon la presse, pour 500 millions de livres sterling… Je vous laisse faire vos estimations pour ce qui est de la valeur de l’œuvre d’Hergé. »

Pour son propre profit ? Il le récuse : «  Pour ce qui est de l’argent, il va servir à entretenir la cause et à la pérenniser afin que l’héritage d’Hergé soit respecté sur la durée. Je ne veux pas que cette histoire finisse comme celle de Kafka ou d’Ustinov. Je voudrais que Fanny et moi puissions partir en paix. »

Voilà qui éclaire mieux la réorganisation en cours.

Pendant ce temps-là les affaires continuent. Nick Rodwell estime les ventes de Tintin à "deux ou trois millions d’exemplaires par an".
© TintinImaginatio & Casterman

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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