Tout commence à 18 heures. La FNAC a prévu un petit cocktail au bar du théâtre réunissant éditeurs et journalistes. L’occasion pour les éditeurs de se croiser entre eux et de deviser sur la situation du moment. La BD va plutôt bien, malgré les tensions de la crise. Sur le festival, les stands sont pris d’assaut et les gens achètent, y compris les livres chers : "On sent que les gens se lâchent. Ils se serrent la ceinture mais la BD reste leur moment-plaisir." Passe d’armes ironique avec Louis Delas : "Ah ! L’AFP de la BD !" me dit-il en me saluant. Je lui réponds : "Oui, celle qui sait lire l’italien !", faisant allusion au "scoop" que nous avons lâché il y a quelques jours à propos de possibles négociations entre Gallimard et Rizzoli pour le rachat éventuel de Flammarion.
À 19 heures, c’est le repas annuel des chroniqueurs d’ActuaBD autour de Patrick Pinchart. Aujourd’hui, on mange tôt, pour deux raisons : Thierry Lemaire veut assister au concert de Jean-Claude Vanier et de Aude Picault qui débute à 20 heures. L’autre raison est que, en ce qui me concerne, je dois rejoindre une soirée "happy few" en ville : un dîner Denoël Graphic chez les producteurs de Prima Linea, Valérie Schermann et Christophe Jankovic, avec autour de la table trois-quatre journalistes triés sur le volet et... Aline Crumb, Charles Burns, Joost Swarte, Javier Mariscal, Frédéric Rebena (Stieg Larsson avant Millenium), les auteurs de L’Art de voler : Kim & Antonio Altaribba, Laura Foutain, l’agent littéraire de Robert Crumb, l’éditeur et scénariste Jean-Luc Fromental bientôt rejoints par Rina et Lorenzo Mattotti, José Muňoz, Cyril Pedrosa, José-Louis Bocquet...
Les conversations battent leur plein. Rien de bien sérieux : Aline nous parle de son époux Robert Crumb et de son plaisir d’être grand-mère dans une famille soudée habitant le sud de la France ; Elle découvre avec passion le travail de Benjamin Lacombe, illustrateur pour enfants réputé (L’herbier des fées chez Albin Michel) et auteur des Contes macabres chez Soleil.
Avec Kim & Antonio Altaribba, nous nous remémorons la figure de l’éditeur catalan Josep Toutain, personnage central de l’album de Gimenez, Les Professionnels. Joost Swarte tente de faire un portrait de Mariscal sur son iPhone sous les yeux étonnés de Charles Burns un peu effrayé par ces nouvelles technologies numériques.
Fromental est catastrophé : les 400 exemplaires de Chico et Rita et de L’Art de voler sont épuisés sur son stand : peut-on négocier avec la librairie de la Cité pour qu’ils "prêtent" quelques exemplaires à Denoël Graphic, histoire de tenir la journée de demain ?
J’essaie de soudoyer Joost Swarte, membre du jury des Fauves, pour savoir quels sont les prix qui seront proclamés le lendemain. Il ne lâche pas une info, tout au plus concède-t-il que le débat ne fut pas acharné, que souvent les choix s’accordaient entre les membres du jury. La suite dans quelques heures...
Avec Muňoz, nous spéculons sur un autre enjeu : le Grand Prix à venir. La "short list" s’est réduite. "Il va falloir qu’on y fasse rentrer quelques jeunes" dit-il tout en s’interdisant de laisser filtrer quoi que ce soit sur les débats en cours. Cyril Pedrosa, l’auteur de Portugal (Dupuis), super-favori pour le palmarès de cette année ne s’attend à rien. Déjà, il prend avec bonheur les incroyables chiffres de vente de son album qui a vendu 35.000 exemplaires avant les fêtes, score incroyable pour un album de plus de 30 euros !
Avec Alain Blaise du journal Libération et José Muňoz, nous quittons la soirée pour rejoindre l’hôtel Mercure. L’entrée est filtrée, il faut un bracelet spécial pour pouvoir y entrer. Killofer vient d’arriver en même temps que nous. On croise Midam et Richard Malka, le médiatique avocat et co-scénariste de La Face kärchée de Sarkozy. Conversation avec Cosey, super-favori pour le Grand Prix. Il n’y croit pas une seconde : d’autres sont bien plus légitimes que lui, proclame-t-il. Jean-Claude Denis est en haut de la liste, selon lui...
Je regarde ma montre : il est trois heures du matin. Je rentre. C’est que j’ai une chronique à écrire demain... Enfin, aujourd’hui.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon, Charles Burns et Joost Swarte.
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
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