Tout commence lorsque notre héros, une petite créature pleine de tendresse, tombe du ciel et débarque cette planète sans aucun souvenir de son passé. Accueilli par un ermite bienveillant, on découvre sur sa poitrine l’ouverture d’une serrure, mais aucune clé dans les parages… Très vite, ces deux êtres nouent une touchante relation père-fils jusqu’à ce qu’ils soient violemment séparés par un monstre géant qui rôde à travers les plaines de cet univers étrange.
Orphelin de son mentor, le héros entreprend donc de parcourir la terre et de découvrir le secret de ses origines, ainsi que celui de la serrure sur son corps, curieusement présente sur d’autres créatures qu’il rencontre sur son chemin...
Constitué de beaux effets de frottis bleus et de planches exclusivement sans paroles, le travail d’Adamiak révèle un don particulier dans la création d’atmosphères nostalgiques au style narratif séduisant.
Souvent, les cases s’enchaînent en même temps que les mouvements du personnage créant une seule composition recouvrant la page entière. Grâce à plusieurs méthodes de narration similaires, le décor et l’univers de Nato ("Né", en italien) nous sont présentés avec naturel et sans détour.
Sans doute, la référence la plus évidente est celle du Petit Prince de Saint-Exupéry comme en témoigne la trajectoire solitaire de notre héros qui visite dans son parcours des planètes habitées par des figures tout aussi solitaires que lui. Mais nous pouvons aussi repérer des emprunts à l’animation japonaise contemporaine dans la construction des scènes, le design des personnages et le style narratif. Le lecteur est transporté dans un monde féerique, proche et distant à la fois, nous rappelant par instants les premiers films de Miyazaki, où le temps nous semble figé et la terre peuplée de créatures magiques.
Contrairement à nombre de jeunes artistes, souvent épris de mouvement et d’action, Adamiak a fait le choix d’un récit qui prend son temps et nous offre, à travers de grandes planches, souvent en doubles pages, des paysages et des scènes d’une beauté silencieuse, filant la métaphore sur la maturité, la méditation et l’amour.
Cependant, après trois ou quatre promenades solitaires, on ne peut nier que l’on ressent une certaine lassitude. Parfois, moins c’est mieux. Les scènes ne faisant que le bonheur des yeux sans grande substance pour le récit le pénalisent finalement, d’autant plus s’il n’y a pas de dialogues.
Cet opera prima requiert néanmoins un jugement plutôt modéré. Assurément, son impression artisanale en risographie de 200 exemplaires en limite la diffusion (on peut peut-être en acquérir un exemplaire en écrivant sur son compte Instagram, voir le lien ci-dessous), mais il nous donne déjà l’avant-goût d’un auteur maîtrisant une technique originale, capable de narrer avec facilité et d’envoûter le lecteur.
Un auteur qui ne devrait pas tarder à trouver un éditeur...
Voir en ligne : L’insta d’Alex Adamiak
(par Jorge SANCHEZ)
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Nato - Par Alex Adamiak - Autoédition - 120 pages - 30€