Avec 30 jours de nuit pour Steve Niles et Batman et Dracula pour Kelley Jones, les deux auteurs nous ont montré qu’ils étaient capables de bien nous foutre la pétoche. Ce qui n’est pas évident pour une bande dessinée, rappelons-le.
De leur côté, avec un héros créé pour effrayer et qui se compare, ne l’oublions pas, à une chauve-souris, l’univers et le personnage de Batman semblaient faits pour côtoyer le genre horrifique (l’asile d’Arkham de Grant Morrison et Dave McKean en est le très bon exemple). Il ne restait plus qu’à rapprocher tout ce beau monde pour aboutir à cette bonne petite histoire qui s’amuse à nous faire peur.
Bien que ses compagnons de jeu soient tous complètement flippants et cinglés, les auteurs ont décidé de faire partir leur héros à la chasse d’un nouveau déglingué. Cela leur permet de baser leur intrigue sur le mystère de l’identité de ce Minuit.
En arrachant le cœur de ses victimes et en manipulant les plus grands criminels du comté comme le Joker, l’Épouvantail ou Catwoman, ce dernier plonge Gotham dans la panique et notre ami Batman dans le désarroi. Mais qui peut bien être ce nouveau copain et qu’est-ce qu’il recherche ?
Alternant enquêtes et scènes d’action ultra-dynamiques et bien dévastatrices, Steve Niles et Kelley Jones nous accrochent rapidement avec cette histoire où le mystère s’épaissit à chaque page et dont le sang dégouline à foison.
Le traitement de l’image quant à lui est en grande partie destiné à plonger le lecteur dans une atmosphère frissonnante. Les couleurs sombres, coutumières de l’imagerie du héros, tranchent avec le rouge vif du cœur des victimes. La physionomie des personnages est altérée, certaines parties du corps sont disproportionnées comme les mains, les yeux ou les visages. Quant aux prises de vue en plongée/ contreplongée et au découpage nerveux et chaotique, elles finissent par donner cette sensation de cauchemar ou d’hallucination qui fout la trouille.
Le format imposant de cet album valorise l’ensemble et, même si l’intrigue n’est pas révolutionnaire, son traitement vaut largement le détour.
(par Mathieu Drouot)
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