Toutes les créations de magazine n’ont pas cette qualité : un sommaire richissime en infos, des dossiers bien ficelés et surtout une chronique album qui ne verse pas dans le snobisme, ni dans l’exclusion. Tous les genres s’y retrouvent : du classique franco-belge à l’indépendant qui tue, jusqu’au manga le plus (dé-)bridé (désolé, je n’ai pas pu m’en empêcher).
Le Dossier Spirou en particulier est un bonheur pour le néophyte. On y apprend l’histoire du personnage et on y trouve reproduits aussi bien les dessins de Rob-Vel, son créateur, que ceux de Jijé, Tome & Janry, Nic Broca ou Chaland, sans oublier l’homme qui a su porter la série au génie, André Franquin. A côté, Munuera a l’air graphiquement plutôt pataud. Mais la reprise se maintient dans l’esprit. Après tout, Spirou a longtemps été un écolage pour jeunes dessinateurs et les pages de Morvan et Munuera, malgré leurs maladresses, ne manquent pas de fraîcheur.
Une rencontre avec Jirô Taniguchi (avec une jolie mise en page) et un entretien avec le jubilaire Frank Margerin complètent ce numéro. Cerise sur le gâteau : la republication de quelques pages de La Ford T de Maurice Tillieux et de Francis dans la rubrique Rétro-BD. Une bouffée de bonheur fleurant le bon vieux Spirou d’autrefois qui rappelle que même lorsque Tillieux officiait en tant que scénariste bouche-trou de l’hebdomadaire de Marcinelle, exécuteur des basses œuvres éditoriales, il était capable de génie et de calembours qui obligent Dieu, comme le suggére Maurice Carême, à devoir se cacher pour ne pas que les anges le voient rire.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Bédéka N°6, 80 pages, 5,95€
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