Bighead - Jeffrey Brown - 6 Pieds sous terre

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Les éditions 6 Pieds sous terre ont encore dégoté un auteur américain inconnu dans nos contrées: Jeffrey Brown renvoie les super-héros à leur vacuité, à grand renfort d'humour à froid.

Bighead ("grosse tête") est un super-héros. On ne sait pas trop quels sont ses pouvoirs, mais il en a. Il porte un joli costume noir et gris et rayonne de pathos comme d’autres de bonheur.
Il affronte tout plein de super-villains qu’il vainc par la force ou l’application judicieuse d’une psychologie de bazar, pendant que sa petite amie le délaisse pour épouser le British (un personnage inquiétant de retenue...). À côté, les ennuis sentimentaux de Spider-Man ne sont que broutilles.

Avec ce joli album rempli de dessins de la couverture à la quatrième de couv’, y compris l’ours tout en BD, Jeffrey Brown semble osciller entre parodie et satire, se refusant à de "vrais" gags, optant plutôt pour une vision très premier degré de l’absurdité du genre. Son dessin est finalement très adapté à cette collection de courts récits : simple, sans fioriture, et finalement attachant.

Bighead - Jeffrey Brown - 6 Pieds sous terre

Le charme qui se dégage de l’album doit probablement beaucoup à l’accumulation de situations assez idiotes - parfois à peine décalées par rapport à celles de "vrais" comics de super-héros - dans lesquelles le personnage est plongé : Brown a même osé lui refiler une origine à la Dr Strange, avec études dans un pays lointain en suivant l’enseignement d’un gourou. Une des rares parodies directes est le mélange en quelques pages du Secret Wars de Marvel et du Crisis on Infinite Earths de DC, Bighead portant un de ses camarades tombé au combat comme jadis Superman pleurant la mort de Supergirl. Brown est quand même un vrai ex-geek.

Si Bighead n’arrache pas des masses de rire franc au lecteur, il n’en reste pas moins que ce premier album français d’un forcené du dessin, dont plusieurs albums sont publiés en Anglais par l’excellent éditeur Top Shelf, laisse une drôle d’impression, comme si le lecteur adulte pouvait se replonger dans les plaisirs sans complication de ses lectures de jeunesse. Jeffrey Brown est-il un vrai nostalgique ou un faux sentimental ? À chacun d’en juger.

(par François Peneaud)

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