Manhattan, hiver 2000. En pleine nuit, une jeune femme à demi-nue saute dans le vide du haut du parapet d’un building. Au matin, c’est l’inspecteur Francis Pezzulo qui hérite de ce ‘suicide’ (selon toute vraisemblance).
Son enquête le conduira d’abord dans le milieu du cinéma porno, puis sur les traces d’un serial killer terrifiant, un psychopathe tueur de femmes qui dépèce ses victimes.
Malgré une couverture peu engageante (lire ’septembre’ et voir les deux tours du WTC n’inaugurent souvent rien de bon), voilà un polar très glauque que les amateurs devront pourtant se procurer rapidement si ce n’est déjà fait. Il faut dire que Will Argunas avait déjà annoncé la couleur avec Missing et l’âpre Black Jake.
Comme dans ces deux récits précédents, Argunas suit un policier entre la quarantaine et la cinquantaine, ce moment de doute où l’on a parfois perdu ses premières certitudes. Si on s’intéresse à l’évocation de la vie de ce détective pris entre son métier et son couple vacillant, c’est avant tout les personnalités plus tordues de ce récit assez gore qui donnent le frisson : un tueur très très malade, une jeune étudiante lesbienne qui bascule dans le milieu de la pornographie, etc.
Derrière une enquête policière réelle et particulièrement sanglante, c’est l’Amérique désabusée qui se profile : fini le rêve américain, on perçoit le quotidien peu encourageant des grandes villes dans lequel les protagonistes tentent de se débattre comme ils peuvent, alors que les vrais méchants (producteurs pornos, tueurs, etc.) s’égayent comme larrons en foire, du moment qu’ils aient compris les rouages du système.
Ainsi que l’indique la couverture, ce récit est à réserver aux lecteurs bien accrochés, même si ceux-ci grimaceront parfois de dégoût face à une scène ou l’autre. Il ne s’agit pas pour autant de facilité de la part d’Argunas, car son album forme un tout. Exempt de cynisme, il désire montrer l’Amérique, loin de son rêve de réussite. Un auteur à suivre !
(par Charles-Louis Detournay)
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