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Buffalo Runner par Tiburce Oger - Editions Rue de Sèvres

Par Patrice Gentilhomme le 26 janvier 2015                      Lien  
1896, la conquête de l’Ouest touche à sa fin et pourtant le territoire américain est encore loin d’être complètement pacifié. En route pour la Californie, la famille Ducharme est attaquée par un groupe d’indiens.

Un vieux cow-boy, Edmond Fisher, arrive fort opportunément sur les lieux mais ne parvient à sauver du massacre qu’une jeune fille nommée Mary. Tous deux vont alors se réfugier dans une maison abandonnée en se préparant à l’arrivée du reste de la troupe indienne.

Commence alors une longue nuit de veille au cours de laquelle Fisher va peu à peu raconter sa vie à la jeune femme prostrée et choquée. Une vie de chasseur de bisons, de cow-boy peu gâté par l’existence mais dont l’itinéraire croise quelques grands moments de l’histoire américaine. À travers ce destin individuel peu glorieux et souvent malchanceux, le lecteur assiste à la difficile évolution des États-Unis, d’un monde sans frontière et sans loi à une nation moderne et organisée. Le cow-boy traversera cette époque à coup d’épreuves et de difficultés qui font de lui davantage un anti héros que le fringant cavalier des plaines du far-west.

Buffalo Runner par Tiburce Oger - Editions Rue de Sèvres
Dès les premières images, le décor est planté pour un western étonnant et inédit qui répond aux lois du genre.

Tiburce Oger est loin d’être un inconnu. Cet auteur révélé naguère à travers des séries comme Gorn chez Vent d’Ouest ou Les Chevaliers d’émeraude édité par Casterman scénarisé par la québécoise Anne Robillard profite de son arrivée chez Rue de Sèvres pour renouer avec ses premières amours, le western ! Cet admirateur des Tuniques bleues (entre autres !) a toujours su intégrer dans des séries comme La Piste des ombres (Vent d’Ouest) les règles du western, aussi bien sur le plan narratif que graphique.

Qu’il s’agisse du découpage ou du choix de plans très cinématographiques, ses planches révèlent une belle maitrise du genre. Le dynamisme et la nervosité du trait renforcent l’aspect dynamique et profondément énergique du récit. Les angles vifs et la mise en page dynamique rendent captivant ce qui à l’origine s’apparente plus à un long flash-back qu’à une épopée trépidante.

Dessinateur talentueux, Ogier s’est aussi fait connaitre (et reconnaître) par son travail de scénariste pour Patrick Prugne sur des séries commeL’Auberge du bout du monde (Casterman) ou plus récemment Canoë Bay édité chez Daniel Maghen.

Couleurs et lumières sont magistralement associées dans un découpage très cinématographique.

Dans ce nouveau western, s’il donne l’impression de recycler les ingrédients du genre : la belle captive, le cow-boy solitaire, le siège des indiens autour d’un fortin improvisé…, c’est pour mieux dans un second temps, les dépasser et faire basculer le récit vers un point de vue subjectif et personnel de l’histoire du pays.

Buffalo Runner se distingue très vite des classiques par son traitement singulier et original. On nous y offre une autre vision de l’Amérique, celle d’un loser pathétique, attachant et totalement crédible. Ce one shot bénéficie d’une réalisation particulièrement soignée dans un format tout aussi généreux (24/32) sur près de 80 pages Un très bel objet. Qui s’en plaindrait ?

(par Patrice Gentilhomme)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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© Illustrations Tiburce Oger – Éditions Rue de Sèvres 2015

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