Notre placide détective est contacté par une jeune femme amnésique aux formes affriolantes laissée pour morte dans le marais aux anguilles qui borde un lac qui sépare la Belgique et duché de Belgambourg.
C’est que le Plat Pays est devenu une zone de misère que les habitants du Sud, la Wallonie, quittent coûte que coûte, traversant clandestinement un plan d’eau dont peu réchappent vivants. N’empêche, ces cadavres de jeunes femmes violentées qui se retrouvent de plus en plus fréquemment dans les filets des pêcheurs commencent à entacher la réputation du duché dont les marinas sont fréquentées par des gens soucieux de leur image de marque. Les autorités décident de recruter un grand flic belge retraité pour enquêter sur l’affaire. Sans conviction, car personne, en réalité, n’a envie de s’apitoyer sur le sort de ces migrants qui, après tout n’est-ce pas, sont les propres responsables de leur triste sort...
Cette peinture sarcastique d’une Europe en déliquescence où Canardo traîne ses palmes est bien représentatif du ton narquois de Benoît Sokal, amusé et désabusé, qui noue ses intrigues avec un talent consommé. Il n’a pas son pareil pour faire surgir des personnages extrêmement bien typés, à commencer par cette Laura, ravissante amnésique qui recèle autant de mystère que de charmes.
Pascal Regnauld a, depuis quelques albums déjà, le dessin de Sokal bien en mains. Il est bien servi par les couleurs de Hugo Sokal qui cosigne le scénario de cet album de bonne facture, un des meilleurs de la série.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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