BD d’Asie

Conductor – Tome 4 – Par Manabu Kaminaga et Nokiya – Éditions Ki-Oon

Par Vincent GAUTHIER le 8 août 2012                      Lien  
À l'entame du dernier mouvement, les réminiscences d'un passé oublié et les disparitions volontaires de certaines consciences vont entraîner les jeunes musiciens vers des abîmes infréquentables.

Suite à la mort de Akiho, un nouveau mouvement s’enclenche. Les jeunes musiciens s’enfoncent dans leur drame collectif. La nouvelle représentation du meurtre commis cinq ans auparavant met ces jeunes gens devant la réalité du tour pernicieux qui leur a été joué. Le passé oblitéré de Naomi se révèle être la clé de ses cauchemars mais également une conséquence de ceux-ci. Les rôles de noyautage dévolus au psychologue et au commissaire qui se ressentaient dans les premiers tomes prennent toute leur ampleur. Inquiétant, corrompu ou vengeur, ils sont directement ou indirectement responsables du règlement plus ou moins violent de cette lugubre histoire.

Entre orgueil et vanité, jusqu’où est-on prêt à aller pour préserver notre petite parcelle de bonheur ? Le mangaka met en avant une réflexion sur cet individualisme prépondérant dans nos sociétés contemporaines, individualisme qui foudroie le bien-être commun. En voulant sauver leur peau dans ce monde en guerre perpétuel, contre l’autre et entre tous, les personnages se condamnent au sens propre, mais également au figuré, pour l’auteur qui représente dans ces quatre tomes une métaphore de la damnation. La culpabilité partagée se paie dans une atmosphère de règlement de compte. Rendre justice soi-même est décidément très à la mode en ce moment, notre monde souffrirait-il d’un déficit de justice et d’égalité ?

Les connexions entre les personnages qui sont le point central du développement de l’histoire ont été savamment orchestrées. Tout l’édifice construit par Manabu Kaminaga repose sur celles-ci. Le même procédé d’album « chorale » est réutilisé : les personnages sont pris les uns après les autres avant de réunir leurs solos pour le grand final.

Il pèse un regret sur cette intrigue, son déséquilibre chronologique ; la solution s’apprend trop facilement. L’auteur, après avoir fait patienter son lecteur, s’oblige à envoyer très rapidement le dernier acte. Tout s’éclaircit désormais linéairement.

La platitude du dessin ne réussit malencontreusement pas à accompagner la réussite du scénario. Les corps paraissent interchangeables et on ne ressent pas la souffrance ou la violence dans les attitudes. Les divers protagonistes "posent" un peu trop. Malgré cela, le découpage graphique s’avère intéressant et essaie d’amener du dynamisme, toutefois pas toujours utilisé à bon escient.

Les ultimes convulsions de cette courte symphonie apparaissent comme réellement surprenantes. Le piège déclenché et planifié avec maestria par une vendetta bénévole accorde son titre à ce manga étonnant.

(par Vincent GAUTHIER)

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