Comme leurs héros respectifs, les récits du premier tome de Star Wars et de ce Dark Vador se croisent adroitement pour tracer les itinéraires enchevêtrés des protagonistes de l’extraordinaire saga inventée par Georges Lucas. Ainsi, on comprend mieux la présence du seigneur Sith sur Tatooine, et le volume se referme sur le contrechamp exact de la planche bouclant le premier tome de la série de Jason Aaron et John Cassaday.
Mais Kieron Gillen et Salvador Larroca proposent à leur propre "héros", Vador, un parcours - du combattant bien sûr - surprenant et assez jouissif au milieu des balises ainsi installées. C’est donc au déploiement d’une sorte d’envers du décor de la matrice même de Star Wars que nous assistons, côté obscur oblige.
Dans cette ouverture de la série, Vador se construit une troupe qui parlera directement aux fans de la saga : entre une baroudeuse qui semble une fusion de Han et Leia et un duo de robots, version létale des droïdes compagnons de Luke, de puissants schèmes se trouvent convoqués pour peupler le monde autour de Dark Vador et animer le personnage. Les démonstrations de puissance de notre chevalier noir constituent ainsi autant de moments épiques proprement jubilatoires.
À partir de là, le cadre est posé pour faire vivre aux personnages de multiples aventures et exploits, dans l’ombre d’un Empereur immédiatement construit comme un adversaire à supplanter plutôt que comme un maître à respecter. L’affrontement indirect entre les deux Siths adopte des formes diverses et c’est en fin de compte là-dessus que les auteurs peuvent prendre des libertés pour étoffer un univers déjà riche, mais terriblement contraignant.
Et malgré la gageure de raconter une histoire qui ne vient pas heurter celle des films, Kieron Gillen s’en sort habilement et propose une intrigue véritablement stimulante. Ainsi, la question de la succession hante littéralement le récit : depuis bien sûr la découverte de l’identité de Luke, et de sa filiation avec Vador, jusqu’à la transition entre un ordre ancien, celui de la Force, et un ordre nouveau, celui des moyens militaires démesurés incarnés par l’Étoile de la Mort, en passant par la perspective d’un remplacement du disciple, bonne trouvaille du scénario.
Et quoi de plus juste que de fonder ce que l’on raconte sur cet enjeu de la succession quand on s’empare, soi-même, des décennies plus tard, d’un monstre comme Dark Vador ? L’intuition est bonne et confère à ce début une certaine profondeur.
(par Aurélien Pigeat)
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Dark Vador T1 : "Vador". Par Kieron Gillen (scénario) et Salvador Larroca (dessin). Traduction Mathieu Auverdin. Panini Comics, collection 100% Star Wars. Sortie le 7 octobre 2015. 168 pages. 17.50 euros.
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En pièce jointe de l’article : une preview des premières planches du volume.
Dark Vador T1 © Marvel - Panini Comics / © & TM 2015 LUCASFILM LTD.