Dead Letters T. 1 - Par Christopher Sebela et Chris Visions - Glénat Comics

Sam est une ordure. C’est tout ce dont il se rappelle sur lui-même après s’être réveillé dans un chambre d’hôtel miteuse d’une ville inconnue. Pas le temps de faire le point sur la situation et de comprendre les raisons qui l’ont conduit jusqu’ici que, déjà, des hommes armés débarquent prêts à lui proposer un étrange dilemme : choisir son camp entre les deux gangsters qui contrôlent les rues, Monsieur Jones et Miss Ma, ou, à défaut, se prendre une balle dans le caisson !

Autant dire que le premier épisode du comics nous entraîne dans une histoire qui démarre sur les chapeaux de roue : courses-poursuites et fusillades s’enchaînent sans temps mort et sans explication, et, tout comme le personnage principal, le lecteur est totalement perdu.

Qui est Sam, où est-il et quels sont les enjeux de cette guerre des gangs dans laquelle il se retrouve malgré lui impliqué ? Tant de réponses qui ne tarderont heureusement pas à se faire connaître grâce à l’intervention d’un troisième groupe plus modéré et désireux de remettre de l’ordre dans un monde fantasque gouverné par des fous furieux. Et les révélations ont de quoi surprendre...

Mais dans quelle ville farfelue Sam s’est-il réveillé ?

© Glénat Comics

L’histoire de Christopher Sebela va bien vite prendre l’allure d’un polar déjanté et hyper-nerveux qui, bien que divertissant, parvient à nous égarer à cause d’une narration parfois brouillonne et des enchaînements très mécaniques. On accroche cependant sans souci à une galerie de personnages efficaces, notamment l’anti-héros du récit, Sam, qui se construit à travers un comportement et des choix quelque peu retors qui s’ajustent aux lois d’un univers qui l’est tout autant que lui. Ce qui va contribuer à renforcer le côté surréaliste du récit et poser de nouvelles interrogations à mesure que l’on croit percevoir un semblant de vérité et de logique à l’intrigue.

Quel camp Sam choisira-t-il pour espérer survivre ? Le sien !

© Glénat Comics

Mais là n’est pas le plus gros point fort de Dead Letters. Ce qui marque lors de la découverte des premières planches, c’est bel et bien les dessins d’un nouveau talent qui débarque dans le monde de la BD après un début de carrière de graphiste dans le domaine du jeu vidéo : Chris Visions. Et autant dire que le résultat est superbe grâce à un trait mal dégrossi qui donne du caractère au dessin et une colorisation maîtrisée.

Le scénario de Sebela mise sur un univers où toutes les possibilités sont permises et où les excentricités graphiques de Chris Visions peuvent librement s’exprimer et donnent à l’ensemble de l’œuvre un sentiment de dépaysement et de confusion certain. L’artiste s’en donne ainsi à cœur joie en donnant vie à cette ville bien particulière, que ce soit à travers les décors, les coiffures ou les tenues vestimentaires des habitants hauts en couleur.

L’heure de régler les comptes.

© Glénat Comics

Cet album constitue une véritable surprise et amorce les débuts d’un dessinateur talentueux dont il nous tarde d’ores et déjà de découvrir l’évolution du trait et de sa carrière à travers de nouveaux projets.