Dans une grande famille, installée en pleine campagne, les enfants se côtoient sans avoir les mêmes parents. Ils permettent une vie meilleure à des jeunes rejetés ou maltraités par leurs géniteurs. Mais quand Soledad décide de rejoindre sa mère biologique, le choc est sévère.... D’autant qu’elle revient car à nouveau repoussée... Toute la famille se mobilise alors pour gérer au mieux cette terrible déception. Mission difficile tant Soledad est perturbée, se sentant abandonnée de tous, interdite d’amour filial et envahie par l’agressivité.
Deuxième album de l’autrice belge Tiffanie Vande Ghinste, Déracinée revendique une part d’autofiction. Qui restera floue, et ce n’est pas plus mal pour entrer dans cette histoire sensible et pleine d’humanité. On y retrouve un style immédiatement reconnaissable graphiquement : des couleurs vives, parfois naïves, tout droit sorties du monde de l’enfance. Le parti-pris du dessin parvient à embellir, voire magnifier, une esthétique de simplicité et de douceur. Avec des efforts marquants pour les paysages, notamment jardins et forêts, et les cheveux féminins. Ceux des sœurs Biliie (la plus impliquée) et Soledad créent un ballet affectif qui ajoute un véritable dialogue caché.
Sur le fond, la situation des familles d’accueil est abordée sans angélisme et une empathie contagieuse. Les relations avec les services sociaux sont eux dépeints dans toute leur sécheresse. Des aidants peuvent se retrouver sur le banc des accusés en quelques minutes de "visite de contrôle". Un beau voyage émotionnel qui se distingue en finesse.
(par David TAUGIS)
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