Décidément, 2020 est une année de profonds bouleversements. Dupuis, éditeur de mangas, qui l’eut cru ? L’éditeur de Marcinelle avait raté le tournant des années 1990 pris successivement par Glénat, Dargaud, Casterman et les autres éditeurs importants de l’espace francophone. Le N°1 de l’édition jeunesse faisait là une erreur stratégique marquante. La création d’un label de mangas chez Dupuis entérine une réalité : la jeunesse lit majoritairement des mangas de nos jours. L’éditeur du Journal de Spirou, leader de la bande dessinée « gros nez » pour les jeunes, aujourd’hui très investi dans la production de webtoons, ne pouvait pas passer à côté.
Stéphane Ferrand, son directeur éditorial, arrive donc avec un catalogue et un programme fin prêts. Il quitte en conséquence le joint-venture qu’il avait avec le groupe Steinkis de Moïse Kissous. Successivement libraire, journaliste, figurant parmi les créateurs, en 2003, du magazine Virus Manga et, en 2005, de l’espace international asiatique du Festival International de la BD d’Angoulême, Stéphane Ferrand est une pointure : éditeur de mangas chez Milan, il passe chez Bayard quand le groupe toulousain est racheté par le groupe catholique parisien. En 2007, il est recruté chez Glénat où il développe la gamme des mangas vers de nouveaux publics dans les genres shonen, shojo, seinen et kids. Il y reste jusqu’en 2015.
Il monte ensuite sa propre structure, Nexusbook, dédiée à l’édition et à l’événementiel dans laquelle il continue d’animer l’espace manga du FIBD, montant d’importantes expositions. En 2019, on le retrouve au Parc Astérix sur une des attractions du Parc : L’Aventure Astérix. En 2018, comme expliqué, il crée un joint-venture avec le groupe Steinkis, Vega.
En un an, cette maison d’édition édita des auteurs majeurs comme Akira Oze (Natsuko no Sake) ou encore Toshiya Higashimoto (Le Bateau de Thésée). Nous vous avions parlé de cette maison en octobre 2018. C’est ce label qui est racheté aujourd’hui par les Éditions Dupuis. Il en reste le directeur éditorial et rejoint ainsi son ami Stéphane Beaujean, nommé récemment directeur éditorial de la maison carolorégienne, avec qui il avait travaillé naguère au Festival d’Angoulême. Quand on vous disait que le FIBD était le meilleur DRH de la BD francophone…
Depuis l’arrivée de Julien Papelier à la direction générale de Dupuis, l’éditeur de Spirou a mis le grand braquet : développement à l’international et merchandising à 360° (développement de films, de parcs d’attraction…) sont les maîtres-mots de son développement. Bientôt, le vocable « franco-belge » ne voudra plus dire grand-chose à Marcinelle...
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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