Si j’existe, j’existe
C’est d’être fan
C’est d’être fan
Combien d’auteurs, d’éditeurs, de libraires, de bibliothécaires et même de spécialistes de bande dessinée ne se sont pas reconnus dans ce refrain d’Obispo ? Si ActuaBD compte une vingtaine de chroniqueurs qui vous racontent le monde de la BD tous les jours c’est grâce à cela. Sans le bénévolat, sans l’amour pour le 9e art, il n’y aurait pas de Festival d’Angoulême, de Musée de la BD, et son histoire resterait à jamais inconnue.
Nous avons souvent défendu ici, parfois à contre-courant de certaines opinions sectaires, l’utilité du collectionneur et du caractère initiatique de la dédicace, cette manière d’approcher, de façon souvent timide, le créateur que l’on adule.
La création du fanzine est l’étape suivante, celle du partage de la passion commune. Je me souviens de mes quinze ans où je collaborais au fanzine Buck dont le Lider Maximo était Thierry Groensteen, dans lequel dessinaient Philippe Tome et Bruno di Sano, pas bien plus âgés que nous.
Je croisais dans les salons le grand Thierry Joor, aujourd’hui éditeur chez Delcourt et chasseur de dédicaces, comme moi ; Yves Schlirf, futur éditeur chez Dargaud, avait son fanzine aussi : Tip Top ; Patrick Pinchart, futur rédacteur en chef de Spirou et actuel patron de Sandawe avait également le sien : Skblllz (d’après un personnage créé par Géri dans Tintin) ; José-Louis Bocquet, actuellement éditeur chez Dupuis, avait fondé le sien à l’âge de 13 ans : Bizu (d’après un personnage de Jean-Claude Fournier)…
Dans ces années-là, le fanzinat avait ses aristocrates : Jacques Glénat, qui avait lancé « Schtroumpf, les Cahiers de la bande dessinée » où officiaient le fielleux Fillipini, l’enthousiaste Numa Sadoul et le docte François Rivière ; Yves Frémion qui affichait dans le « Petit Miquet qui n’a pas peur des gros » sa proximité avec les stars du moment : Gotlib, Brétécher, Reiser…
Et puis les quasi « ancêtres », pilotant des « prozines » Claude Moliterni et son Phénix ou encore André Leborgne et son Ran Tan Plan. Impossible de les citer tous.
Chaque fanzine avait sa rubrique « fanzines » où l’on fouraillait avec les concurrents, mais qui faisait l’objet d’échanges minutieux. Un vrai réseau social d’avant l’invention des réseaux sociaux. Tous ces gens se retrouvaient dans les festivals, à Paris et à Angoulême, et refaisaient le monde de la BD.
Le fanzine permettait de s’initier à l’impression, au rapport avec les auteurs, à la diffusion, et cela sans argent.
Le creuset de la "nouvelle BD"
Avec le temps et la démocratisation des techniques d’impression, le fanzinat est devenu bien pro. Tellement pro qu’avec des structures comme L’Association, il s’est mis à produire des best-sellers révolutionnant la BD française.
C’est dire si nous tenons le fanzinat en haute estime. Curieusement, en France, il est un peu méprisé alors qu’au Japon, c’est une véritable institution encouragée par les grands éditeurs. Le Comicket de Tôkyô, créé en 1975, compte aujourd’hui plus de 400.000 visiteurs. Aux États-Unis jusqu’en Suède, la Small Press a droit de cité avec ses propres conventions.
Souhaitons le même destin au Festival de l’auto-édition graphique, Fanzines ! Lancé par l’association Papier Gaché. Les artistes de l’auto-édition occuperont la Médiathèque Marguerite Duras dans le 20e arrondissement de Paris avec des expositions (mur de Fanzines, planches originales…), des stands, des ateliers, des conférences, etc.
« Ludique et subversive, la nouvelle génération underground nous ouvre les portes de son laboratoire en ébullition » dit le communiqué. La bande dessinée se partage avec toutes les autres productions artistiques faisant l’objet d’une publication : art, dessin, gravure, sérigraphie,...
L’Association Papier Gaché a convoqué des artistes du monde entier : Plus de quatre cents fanzines et graphzines du monde entier seront à découvrir et à feuilleter dans une exposition où l’on retrouve également des œuvres originales d’artistes contemporains de la scène de l’édition alternative.
Beaucoup d’artistes seront présents au travers de rencontres et d’animations d’atelier.
Le point d’orgue sera le week-end des 8 et 9 octobre, sous la forme d’un marché aux livres où plusieurs éditeurs indépendants de Paris et d’ailleurs présentent directement leur production et une soirée spéciale le 8 octobre à 19h30 à la librairie-galerie le Monte-en-l’air, partenaire du festival et haut lieu de la bande dessinée alternative s’il en est (71 rue de Ménilmontant, 75020 Paris).
Venez vous décrasser l’œil en découvrant la BD de demain.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Du 1er au 21 octobre 2011 (marché des fanzine le 8 et 9 octobre)
Médiathèque Marguerite Duras
115 rue de Bagnolet, 75020 Paris
Le site de la médiathèque
Contact : mediatheque.marguerite-duras@paris.fr
Tel : 01 55 25 49 10
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