Rippaverse, c’est ce nouveau label de comics américain qui veut détrôner les leaders Marvel et DC comics avec comme leitmotiv : sortir du wokisme. Si on suit le raisonnement (ou le slogan marketing) de son fondateur, les comics américains de DC et Marvel s’égarent en se mettant au service du mouvement Woke [1] et, dès lors, affaiblissent le Soft Power américain.
La preuve ? Comme chez nous, les comics US se font damer le pion par les mangas japonais. Ils ont, de fait, selon son argumentation, perdu de leur splendeur passée : les ventes dépassent péniblement les 25 000 ex de moyenne, alors qu’elles franchissaient très souvent le million voici trente ans. De cette réalité, Rippaverse déduit que le succès reviendra si l’on revient à la bonne vieille BD machiste et hétérosexuellement testostéronée, débarrassée de ces considérations encombrantes.
Rippaverse is at $3,300,000+ | Productive Warehouse Day | Money in Comics | Pissy-broke Comic Pros. LIVE at 9pm CENTRAL ! #RippaVerse #isom #WeWillWin #comicbooks pic.twitter.com/iz0CFTIevd
— Eric July (@EricDJuly) August 7, 2022
Le promoteur du label ? Eric July, un grand gaillard black qui désigne l’éditeur de Superman sous le sobriquet de "Death Company". Ce créateur de contenu adulé par Fox News -la chaîne TV préférée de Donald Trump- est suivi par plus de 100 000 followers sur Twitter et 190 000 sur Facebook. Il cumule plus de 75 millions de vues sur Youtube et plus de 6 millions de streams sur Spotify.
C’est un libertarien, partisan d’une philosophie politique et économique qui promeut la liberté individuelle au cœur des systèmes sociaux, économiques et politiques. Ce mouvement est né et s’est développé principalement aux USA mais touche de plus en plus le monde anglo-saxon et même occidental, jusqu’en France !
Le constat d’Eric July est simple : la bien-pensance wokiste menace la société. Et, évidemment elle envahit l’industrie culturelle, en particulier celle d’Hollywood et des comics. L’inclusion est selon lui exacerbée dans les nouveaux projets : quasiment tous les héros de comics seraient désormais issus de l’immigration ou des minorités de genre et sexuelles. Dernière en date : l’adaptation de Miss Marvel en série TV sur la plateforme Disney +. Cette super-héroïne est une jeune adolescente issue d’une famille pakistanaise musulmane. Ou encore, l’annonce de l’entrée au casting de la futur série Ironheart de la Drag Queen Shea Couleé.
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— Eric July (@EricDJuly) August 4, 2022
Les idées de gauche vont trop loin, professe-t-il avec aplomb, se plaçant en chef de file de ses collaborateurs, tous issus, dit-il, des grandes maisons et déçus par les nouvelles manières de raconter et d’animer les super-héros de leur enfance.
Ainsi, Gabe Abdul Eltaeb a travaillé comme coloriste chez DC notamment sur Superman, « un rêve de gosse », selon lui. Mais il quitta l’entreprise après de nombreux différends sur les interprétations modernes du Man of Steel. La goutte d’eau qui a fait déborder sa tasse de Tea Party fut, selon lui, le moment où DC a décidé de remplacer la devise du héros de « Truth, Justice and the American Way » (Vérité, Justice et Rêve américain) par « Truth, Justice and Better Tomorrow » (Vérité, Justice et Jours meilleurs).
Ce militantisme aurait amené ces auteurs, toujours selon July, à fonder leur propre maison d’édition : Rippaverse. Une maison qui s’apprête à sortir son premier titre : Isom où un super-héros afro-américain combat avec et pour les valeurs de la grande Amérique. Proposé en financement participatif, ce titre, soutenu par la chaîne Fox News, aurait récolté à ce jour plus de 3 millions de dollars. Un séisme dans l’édition américaine de bande dessinée !
(À suivre)
(par Kelian NGUYEN)
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En médaillon : Eric July. Photo : Rippaverse.
[1] (Un mot issu de l’anglais qui signifie « éveillé »), c’est à dire être conscient des problèmes liés à la justice sociale et à l’égalité raciale.
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