Interviews

Jan Kounen (réalisateur, auteur de BD) : « Mon premier contact avec le chamanisme, c’était dans Blueberry… » [PODCAST]

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 26 décembre 2023                      Lien  
« Éduqué » à la BD par Pilote, Métal Hurlant et (A Suivre) mais aussi par les séries classiques comme Blake et Mortimer d’Edgar P. Jacobs (les récits de SF), notamment celles du Journal Tintin, Jan Kounen voulait tout jeune faire de la bande dessinée. Il n’a pas lâché l’idée et nous propose un album en attendant son adaptation en dessins animés d’Epiphania de Ludovic Debeurme pour 2025.

Aux Beaux-Arts de Nice, signe des temps, Jan Kounen cache son affection pour la BD et entre dans le département communication de l’école. Là, il découvre le cinéma et il se rend compte qu’il y est très à l’aise, qu’il aime le travail d’équipe davantage que le travail solitaire. Il switche pour le 7e art. Mais il ne lâche pas le dessin pour autant : il fait des storyboards et des dessins préparatoires aux films. «  L’idée de la BD a un peu disparu car je m’amusais bien à faire du cinéma » raconte-t-il.

Jan Kounen (réalisateur, auteur de BD) : « Mon premier contact avec le chamanisme, c'était dans Blueberry… » [PODCAST]

On connaît sa carrière faite de 26 films totalisant 15 millions d’entrées : Dobermann avec Vincent Cassel (1996), son Blueberry (2004) complètement déjanté (qui n’est pas sans lien avec son album de BD paraissant aujourd’hui...), 99 francs tiré d’un roman de Beigbeder, avec Jean Dujardin (2007), Coco Chanel & Igor Stravinsky (2009), le téléfilm Le Vol des cigognes d’après Jean-Christophe Grangé (2013), Mon Cousin avec Vincent Lindon et François Damiens (2020), des documentaires, des films publicitaires… Et bientôt un retour à l’adaptation de la BD au cinéma avec Epiphania d’après Ludovic Debeurme, un dessin animé prévu pour 2025.

L’expérience ultime pour lui est sa rencontre avec le chamanisme et les plantes psychotropes des guérisseurs Shipibos, un voyage auprès des Indiens d’Amazonie qui est aussi pour lui, et avant tout, un voyage intérieur. « Mon premier contact avec le chamanisme a été dans Blueberry : La Mine de l’Allemand perdu de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud » dit-il.

Dans son retour à la BD qui a lieu ces jours-ci, il y a « bien sûr Moebius  » avec qui il avait travaillé sur Blueberry. Dans un documentaire, D’autres mondes (2004), il avait interrogé Moebius sur ses expériences mystiques avant de faire Blueberry. Il y a trouvé une résonnance et, grâce à un détour par l’auteur péruvien Carlos Castaneda, son style de cinéma « spirituel et baroque  ». « Moebius est l’artiste qui va rester, plus que Giraud » pense-t-il. Son Blueberry, du coup, témoin de sa propre rencontre chamanique, a été mal compris par les fans. Ils attendaient un western, ils ont eu une expérience mystique. Jan Kounen s’en accomode : il préfère défendre le mélange des genres, les pertes de repère précisément. Il préfère provoquer…

Revenu d’Amazonie il y a quelque 20 ans, il craignait d’oublier ce qu’il avait vécu dans son voyage sous psychotropes et décida d’en retranscrire l’expérience sous forme de bande dessinée. Les premières planches de cet album datent de cette époque-là.

Doctor Ayahuasca - Par Jan Kounen - © Éditions Guy Trédaniel graphic
Doctor Ayahuasca - Par Jan Kounen - © Éditions Guy Trédaniel graphic

Une exposition récente au quai Branly le décide de terminer la bande dessinée « à un moment où le cinéma me laissait tranquille ». Il dessina ce qu’il manquait sur Ipad. Il y a retrouvé le plaisir d’adolescent de faire une bande dessinée. Il est conscient que sa légitimité d’auteur de BD peut être discutée. Peu lui importe : « J’ai retrouvé par rapport au cinéma une liberté totale » dit-il avec enthousiasme. La BD est une expérimentation, un univers où l’on n’a pas de compte à rendre ! […] J’y viens avec une grande humilité sachant que, comme lorsqu’un auteur de BD fait du cinéma, on se demande : qu’est-ce qu’il vient faire là, celui-là ? »
Publié par l’éditeur Guy Trédaniel, lui aussi nouveau venu dans le domaine du 9e art, l’album Doctor Ayahuasca trouvera-t-il son public ? C’est à vous de nous le dire.

Doctor Ayahuasca - Par Jan Kounen - © Éditions Guy Trédaniel graphic
Jan Kounen en novembre 2023
Photo : Kelian Nguyen

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN : 9782813229724

Doctor Ayahuasca - Par Jan Kounen - Éditions Guy Trédaniel graphic

- Au musée du Quai-Branly Jacques Chirac à Paris ses dessins sOnt exposés dans "Visions chamaniques - Arts de l’Ayahuasca en Amazonie péruvienne"

- En librairie aussi : un livre d’entretiens avec le chaman François Demange, avec un sous-titre très évocateur Ayahuasca - Le livre que nous aurions aimé lire pour bien vivre ce type d’expérience psychédélique tous deux, aux éditions Trédaniel La Maisnie.

- Ses oeuvres sont en vente à la Galerie Cinéma d’Anne-Dominique Toussaint, 26 rue Saint-Claude - 75003 Paris.

LIKEZ, COMMENTEZ ET ABONNEZ-VOUS À NOS PODCASTS :
- Découvrir sur Spotify
- Découvrir sur Anchor
- Découvrir sur Breaker
- Découvrir sur Google Podcasts
- Découvrir sur Apple Podcasts
- Découvrir sur Pocket Casts
- Découvrir sur Radio Public

Photo : Kelian Nguyen

Guy Trédaniel Graphic ✏️ Jan Kounen Autobiographie Spiritualité
 
Participez à la discussion
15 Messages :
  • Son Blueberry était totalement foiré, une catastrophe.
    Ça se finissait en économiseur d’écran Windows.
    Dommage, ce dyptique aurait pu faire un excellent film entre d’autres mains.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Jean pierre le 26 décembre 2023 à  20:11 :

      Oui, par ses divagations fumeuses , il a gâché les espoirs d’une belle série de films avec le bel héros...

      Répondre à ce message

    • Répondu par Lena M. le 26 décembre 2023 à  21:29 :

      Je n’ai pas vu le film en salles, mais j’avais acheté le DVD, regardé au début seulement (désolée, pas vraiment palpitant ! et quelle drôle d’idée de faire se passer l’action à à la campagne !). Du même réalisateur, j’avais plus apprécié ses 99 francs et Dobermann !

      Répondre à ce message

    • Répondu par Daniel Topo le 27 décembre 2023 à  08:18 :

      Ce que j’ai mal compris, c’est pourquoi choisir le sujet de Blueberry pour faire un film à la Jodorowsky ? Y a eu comme une confusion quelque part.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Patrick Genty le 25 janvier à  13:07 :

        Même si je comprends le bémol général, ce n’est peut-être pas si surprenant que ça quand on sait que Gir/Mœbius souhaitait aborder l’initiation chamanique de Blueb’ mais en avait été empêché par J.M. Charlier (ou ses héritiers ? ).

        Répondre à ce message

    • Répondu le 27 décembre 2023 à  08:56 :

      On ne peut en effet, que rêver d’un grand film Blueberry en 1972 avec JP Belmondo et C Deneuve en Chihuahua Pearl réalisé par Sergio Leone.

      Répondre à ce message

      • Répondu le 27 décembre 2023 à  11:01 :

        Catherine Deneuve en Chihuahua Pearl c’est totalement improbable. Elle est très pudique et n’a accepté de montrer son corps que dans Belle de Jour et le tournage a été un cauchemar pour elle. Quand à Belmondo, si le physique de Blueberry en est inspiré, on l’image mal faire son numéro façon Crac Badaboum suspendu à l’hélicoptère, pardon à la diligence…

        Répondre à ce message

        • Répondu le 27 décembre 2023 à  12:30 :

          Chihuahua Pearl n’est pas nue (à part dans Arizona love, mais c’est sorti bien plus tard). Et Catherine Deneuve fut souvent nue ou presque dans ses films, que ce soit Répulsion, la vie de chateau, La sirène du Mississippi ou Agent Trouble (elle s’y caresse même).

          La tenue qu’elle porte dans les demoiselle de Rochefort en meneuse de revue est exactement ce que porte Chihuahua pearl dans les BD.
          Catherine Deneuve a un look western très Blueberryen dans Touche pas à la femme blanche de Ferreri.

          Répondre à ce message

          • Répondu le 27 décembre 2023 à  20:18 :

            Elle n’a pas du tout le physique pour jouer Chihuahua Pearl. Giraud ne s’est pas du tout inspirée de ce type de femmes.

            Répondre à ce message

            • Répondu le 28 décembre 2023 à  09:22 :

              Giraud/Moebius ne savait dessiner qu’un seul type de femme, il le reconnaissait lui-même.

              Répondre à ce message

              • Répondu le 28 décembre 2023 à  09:37 :

                Comme beaucoup d’hommes qui dessinent…

                Répondre à ce message

                • Répondu par Milles Sabords le 29 décembre 2023 à  06:35 :

                  Au carrefour de plusieurs hybridations techniques, c’est un livre expérimental et introspectif sur les effets du chamanisme, entre récit littéraire et illustrations psychédéliques. Un joyeux bordel de son imaginaire, très loin d’une BD.

                  Répondre à ce message

                  • Répondu le 31 décembre 2023 à  13:58 :

                    Chihuahua Pearl est un décalque complet de Marilyn Monroe dans La Rivière Sans Retour. Aucun rapport avec Catherine Deneuve.

                    Répondre à ce message

    • Répondu par Milles Sabords le 5 janvier à  13:55 :

      Le problème de ce film, c’est aussi le choix de Vincent Cassel qui est beaucoup trop éloigné du personnage BD, les grands bruns ténébreux, ça n’est pourtant pas ce qui manquait chez les comédiens. En regardant l’album (BD) de Jan Kounen, on y retrouve les mêmes délires d’images polymorphes que dans le film. Comme un recyclage de cut…

      Répondre à ce message

  • La seule question qui me vient est : "Pourquoi ce bonnet rose en intérieur ?"

    Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Interviews  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD