Batman Nocturne T. 2 : Premier Acte - Par Ram V, Ivan Reis & Rafael Albuquerque - Ed. Urban Comics

Ram V poursuit sa reconstruction de Gotham inlassablement depuis le précédent tome. Mais entre les mailles du filet qui se resserrent étroitement sur Batman, il distille une profusion d’introspections pour chacun des protagonistes rencontrés...

C’est le cas notamment pour Double Face / Harvey Kent, hanté non seulement par son passé, ses efforts pour devenir un honnête homme et les derniers événements durant lesquels il s’est fait inoculer un démon dans le sang, suscitant la cohabitation à trois entités distinctes dans sa tête. Ça fait beaucoup pour un seul homme ! Aussi abominable qu’ait pu être Double Face dans sa période de super-vilain...

Une grande partie de ce tome lui est d’ailleurs consacrée, laissant le temps à l’homme Chauve-souris de se remettre de sa dernière bataille. Sans Gordon, il serait mort noyé dans les égouts de la ville. Un circuit qui n’est pas sans rappeler celui de l’électricité de la cité qui semble être le point de mire de la nouvelle menace. Des champs électromagnétiques qui circulent sous les rues de Gotham semblent attirer non seulement les sbires de la famille Orgham, mais également d’anciens ennemis comme Mr Freeze.

©Ivan Reis / Urban Comics

L’heure pour Batman n’est pas encore au combat, mais dans la nécessité de comprendre les desseins de ce rival impressionnant avant d’entreprendre la moindre action. Raison pour laquelle le lecteur devra se contenter d’explosions massives au cœur de la nuit détruisant les quartiers pauvres de la ville et quelques altercations que la police mettra sur le dos des criminels revigorés par la nouvelle de la disparition de la Chauve-souris…

Un scénario charnière que Ram V présente avec son brio légendaire, accompagné ici par la touche sombre et élaborée d’Ivan Reis. Le trait de l’artiste est minutieux et fourni en détails qui rendent au mieux les expressions et les pensées de chacun. Sans compter que le Chevalier Noir doit se colletiner des créatures fantastiques rarement vues face à Batman : loups-Garous, médiums aux yeux multiples, colosses pourvus de griffes acérées… La colorisation et l’encrage de Dave Stewart et Danni Miki travaille à l’unisson pour rendre l’atmosphère sombre et les visages fermés.

On ne peut pas totalement en dire autant de l’interlude scénarisé par Simon Spurrier , dessiné par Hayden Sherman. Le trait souvent flou et les couleurs psychédéliques de Nick Filardi rendent certes hommage à la folie qui règne dans l’esprit de Double-face, mais un certain manque de constance et un changement de tempo dans le trait dans certaines cases rendent le lecteur perplexe. Le contraste est marquant avec le duo Ram V / Ivan Reis (parfois accompagné de Rafael Albuquerque au dessin) dont le style est harmonieux à chaque instant, cohérent avec l’ambiance générale de l’album.

Ce deuxième interlude, complètement chimérique met le focuss sur un personnage mystérieux qui apparaît de temps à autre : un jeune garçon tatoué d’un oiseau dans le dos et qui parvient à entendre et suivre la musique mystérieuse à l’origine des changements chaotiques de la ville. Mais encore une fois, Simon Spurrier est accompagné d’un dessinateur au trait décalé, en la personne de Dani cette fois-ci, qui multiplie les photocollages et les superposition d’aplats floutés.

La synthèse arrive avec Dexter Soy, Stefano Raffaele et Miguel Mandonca aux commandes graphiques de la dernière partie de ce deuxième tome dans lequel l’entrée en action concrète de Batman apporte enfin les clefs de compréhension de ce qui se trame dans les rues de sa ville.

©Stefano Raffaele / Urban Comics