Après avoir poignardé son fils, Yûko a été renversée par Yuri, l’enseignante du garçon. La mère du héros se retrouve en soins intensifs et Reiji est hospitalisé. Gen et Esemori rendent visite régulièrement au garçon qui semble vidé de toute émotion. Cet enchaînement d’événements tragiques a permis l’apparition du grand frère de Reiji qui, jusqu’alors, se cloîtrait dans sa chambre.
Cette sensation d’être à l’étroit dans une petite ville perdue est particulièrement marquée dans cet épisode. Tous les habitants sont au courant de tout ce qui se passe et ceci, à une grande vitesse. Les rumeurs se propagent aux oreilles d’inconnus qui ne connaissent pas les personnes concernées. C’est un divertissement malsain pour toute la ville où, d’habitude, il ne se passe rien. La double page qui montre Gen déambulant dans son lycée, avec tous les lycéens qui murmurent au sujet de Reiji, illustre ce sentiment de malaise et d’emprisonnement.
S’ajoute à cela, cet état d’esprit toujours présent : il est impossible de se libérer et de quitter cette campagne. Une idée symbolisée par la discussion entre Esemori et Reiji où les personnages sont enserrés par les barrières qui se reflètent sur le sol. Au-delà de l’incapacité de partir physiquement, le blocage est psychologique.
Aussi, le point de vue de Gen, très présent, contribue à montrer sa fragilité et ses démons. La charge émotionnelle du personnage s’exprime à travers le décor déformé de certaines scènes ou bien encore, dans le récit, à travers la manipulation qu’il a subi de la part de Yûko dans son enfance. Ces éléments témoignent de ce qu’il encaisse depuis longtemps au niveau psychologique. Ses accès de colère et son obsession pour Reiji trahissent des sentiments qu’il refoule en lui, un fardeau beaucoup trop lourd pour les épaules d’un adolescent. Toutes ces années passées à souffrir en silence finissent par lui exploser à la figure. Gen s’avère être un garçon complètement brisé et vulnérable cherchant néanmoins à protéger son meilleur ami.
(par Malgorzata Natanek)
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