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« L’Aventure Intérieure » de Cosey s’expose à Charleroi

Par Nicolas Anspach le 4 février 2006                      Lien  
Le 28 janvier dernier, lors du festival d'Angoulême, l'équipe de Charleroi Images présentait à la presse le programme de sa prochaine grande exposition. Après {{Muñoz/Breccia}} (« {l'Argentine en noir et blanc} »), [{{Alan Moore}} ({« les dessins du magicien »})-> http://www.actuabd.com/rubrique.php3?id_rubrique=20], et [{{Ferrandez-Pratt-Stassen-Van Dongen}} (« {Le Remords de l'Homme Blanc} »)-> http://www.actuabd.com/rubrique.php3?id_rubrique=29], la ville belge se prépare à nous entraîner dans [« {l'aventure Intérieure} » de {{Cosey}}->3255].

Un choix judicieux, car l’auteur de Jonathan est l’un des premiers a nous avoir emportés dans des récits indépendants, plus introspectifs, avec son diptyque À la Recherche de Peter Pan (1984). La brèche était ouverte et d’autres s’y sont engouffrés avec le succès que l’on sait. Avec étonnement, Cosey confie que ce récit est toujours son plus gros succès au Lombard, dépassant d’une large coudée Jonathan. Il faudra attendre 1988 pour que l’auteur suisse publie un autre roman graphique, Voyage en Italie, inaugurant chez Dupuis la collection Aire Libre, prémisse à une divesification du catalogue de l’éditeur vers le public adulte.

Grâce à ses précédentes expériences narratives, Cosey a acquis, dans la droite ligne d’un Hugo Pratt, l’art de retranscrire les sentiments humains et les émotions au travers de non-dits. Le dessinateur prend le temps de s’arrêter sur un visage et, en quelques coups de plume, de laisser transparaître une émotion inédite, toute en retenue. On sent que chacun des personnages de Cosey a un vécu, quils continuent à cheminer dans l’imagination de l’auteur tout au long de la réalisation d’un album. Dans le témoin de visite distribué au visiteur, Cosey confie à Thierry Smolderen : « Pour moi, définir mes personnages par des phrases, c’est les tuer, c’est en faire des marionnettes. J’ai besoin qu’ils soient libres, de les voir se déployer devant moi. »

« L'Aventure Intérieure » de Cosey s'expose à CharleroiCette liberté, justement, est sans doute l’une des caractéristiques maîtresses de l’œuvre du créateur de Jonathan. Il aurait pu aligner les albums de cette série les uns derrière les autres. Mais en vingt ans, il n’en a signé que trois, préférant se laisser guider par ses émotions, ses envies, ses rencontres, sa réflexion ou ses souvenirs de voyages. Bref, toutes ces choses qui font qu’un homme a vécu et qu’il s’est construit une identité propre. Cosey, éternel bourlingueur, aime puiser dans les cultures qu’il rencontre des atmosphères qu’il laisse mûrir dans un recoin de son esprit.
Ainsi, on apprend dans l’entretien entre Cosey et Thierry Smolderen que pour Saïgon-Hanoï, l’auteur suisse a été fortement influencé par sa rencontre avec des vétérans US de la guerre du Vietnam : « J’ai revu l’un d’entre eux. Plusieurs fois pendant le séjour. Des moments extraordinaires. Des hommes visiblement choqués. On a joué de la guitare, chanté. Ils ne disaient rien sur la guerre. On pouvait sentir à quel point ils étaient traumatisés. Ils ont fait des allusions, sans détails. Je me suis dit que j’aurais pu être à leur place. Ils ont raconté leur retour aux Etats-Unis, la manière dont ils se sont fait jeter. La moitié des dialogues de Saigon-Hanoi viennent de ces soirées passées à discuter avec ces gens ».

Cosey est également un auteur profondément impliqué, n’hésitant pas à partager ses pensées sur le monde. Son œuvre est évidemment marquée par ses voyages en Himalaya, du Ladakh au Tibet. Le Bouddha d’Azur, son dernier livre en date, aborde en filigrane la problématique de l’occupation du Tibet par les Chinois. Il y montre de manière simple, à travers le regard d’un adolescent occidental, la culture, la manière de vivre et de penser, ainsi que le destin de ces moines, et plus généralement de ce peuple, avant le joug chinois. Le premier opus de ce diptyque nous offre une vision sur ce monde quelque temps avant que l’emprise chinoise n’entraîne un affaiblissement de la culture tibétaine dans cette contrée. Une culture que le « développement » en provenance de l’Occident avait pour sa part également quelque peu bouleversée.

Rares sont les auteurs qui, comme Cosey, ont su aborder avec autant de justesse cette thématique. Sans doute est-ce dû au fait que Cosey est avant tout plongé dans une aventure intérieure, une réflexion sur la vie, qu’il a entamée de longue date. On devine qu’il a besoin de ressentir ses histoires pour mieux les aborder.

L’association Charleroi Images retrace cette aventure-là au travers d’une exposition qui nous présentera différentes facettes de son travail. Actuabd.com, partenaire de l’événement, vous propose de la découvrir également sur ses pages grâce à un dossier qui reprend l’essentiel des textes du témoin de visite offert aux visiteurs.

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

COSEY, L’AVENTURE INTERIEURE
Charleroi - Palais des Beaux-Arts
Du 11 février au 16 avril 2005
Du mardi au dimanche de 10h à 18h.

 
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