1563 : le royaume de France se déchire. Catherine de Médicis, alors régente du jeune Charles IX, tente de préserver l’unité de la monarchie. À Lyon, Gabrielle et sa cousine Justine sont loin de ces tumultes : elles ne connaissant de la régente que sa réputation, selon laquelle la mort la suivrait partout. Dans le château de leur grand-père, les deux jeunes femmes mènent une existence très favorisée tout en tentant, à leur manière, de s’extraire des conventions de leur milieu : Justine est une rebelle, en opposition, tandis que Gabrielle est plus conventionnelle, mais s’évade en lisant des romans de chevalerie avec des scènes érotiques que réprouve sa mère.
Le destin de Gabrielle change quand l’une de ses tantes lui propose de la présenter à Catherine de Médicis afin de rejoindre sa cour comme demoiselle d’honneur, et de faire partie de son "escadron", avec d’autres femmes considérées comme des espionnes, et dont on dit qu’elles ressemblent fort aux héroïnes dont elle lit les exploits. Ravie, Gabrielle se rapproche d’un monde dont elle n’a pour l’instant qu’une vision enchantée.
Dans un arrière-plan historique où l’on retrouve quelques personnages réels comme François de Guise, le Prince de Condé ou encore Gaspard de Coligny, l’autrice, Manon Textoris, introduit ses héroïnes, Gabrielle et Justine, dont la trajectoire et les premiers émois - divers - constituent la trame narrative.
Indéniablement, Textoris connaît son sujet et a le mérite de le mettre à portée de tous, sans complexité ni simplification excessives. Ce premier tome pose ainsi logiquement le décor politique du récit et place habilement quelques éléments d’intrigue qui donneront de quoi alimenter abondamment la suite, tantôt au niveau individuel (l’introduction progressive de Gabrielle dans un cercle fermé, ses premiers flirts...) qu’institutionnel (les stratégies de Catherine de Médicis, et l’évolution des rapports de force dans le royaume et les sphères du pouvoir).
La narration est fluide, et le trait de l’autrice est précis et reproduit avec forces détails les costumes d’époque. On trouve même quelques jolies fantaisies comme les titres de chapitre reproduits à la manière d’enluminures. L’album est prenant, et on attend avec impatience la suite de ce diptyque !
(par Damien Boone)
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