Anne-Caroline Pandolfo (Copenhague) : "Nana Miller fait quelque chose que l’on rêve tous de faire" [PODCAST]

Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg nous offrent une immersion dans les rues pavées de la capitale danoise avec leur nouveau roman graphique intitulé sobrement Copenhague. Dans ce récit loufoque, nous suivons les péripéties de Nana Miller, une mère fatiguée par la vie quotidienne avec sa fille adolescente, qui décide sur un coup de tête de s’envoler vers la ville des contes de fées pour une escapade bien méritée, mais en laissant seule sa fille âgée de 14 ans...

Cependant, son séjour de rêve prend un tournant inattendu lorsqu’elle découvre que la ville est en émoi à cause de la découverte macabre d’un corps très particulier : celui d’une sirène ! Le Danemark est alors plongé dans le deuil national, les rues se vident et les habitants s’enferment chez eux. Nana se retrouve dès lors coincée loin de sa fille, sans savoir quand elle pourra rentrer.

Dans son hôtel déserté par les touristes, Nana fait la rencontre de Thyge Thygesen (prononcer Thüü Thüseun), un personnage excentrique et attachant. Ensemble, ils se lancent dans une enquête amateure, traquant un individu suspecté sur les lieux du crime. Mais bientôt, ils se retrouvent entraînés dans une affaire qui les dépasse, naviguant entre les contrastes de cette ville où se mêlent féerie et modernité.

Copenhague

Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg © Dargaud

L’enfance et l’imaginaire danois comme échappatoire

L’idée de mettre en scène Copenhague dans une bande dessinée est née de la familiarité et de l’affection que les auteurs portent à cette ville : « Terkel est danois, il est de Copenhague. C’est une ville que nous visitons au minimum une fois par an. Donc nous la connaissons vraiment bien et nous avions envie d’en faire un des personnages principaux de nos prochaines bandes dessinées », nous explique Pandolfo.

Mais Copenhague est bien plus qu’une simple exploration de la ville. Pandolfo et Risbjerg ont également insufflé à l’histoire une touche d’imaginaire, symbolisée par la sirène, emblème de la ville et référence à l’auteur danois Hans Christian Andersen. « L’idée de la sirène assassinée est née pendant le confinement, période où l’imaginaire était une échappatoire face à l’angoisse. Cette tragédie, bien que fictive, reflète les défis et les drames auxquels nous sommes confrontés dans la vie réelle, tels que le terrorisme, les problèmes climatiques et les conflits », poursuit la scénariste.

L’enfance est au cœur de l’intrigue, offrant aux personnages principaux une évasion face à la réalité sombre qui les entoure. Les auteurs décrivent d’ailleurs Nana et Thyge comme étant “de grands enfants”, mettant en avant leur innocence et leur résilience face aux difficultés avec humour et détermination. Ils peignent ainsi des personnages aux yeux brillants et des paysages enchanteurs, tout en insufflant une atmosphère troublante et mystérieuse à travers leur récit poétique.

Copenhague

Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg © Dargaud

Pourtant, malgré les éléments de contes de fées et de littérature jeunesse présents dans l’œuvre, ils insistent sur le fait que Copenhague n’est pas destiné à un public enfantin. Au contraire, ce récit explore les thèmes de l’enfance et de l’imaginaire de manière profonde et réfléchie, offrant une lecture riche en émotions et en réflexions.

La création de Copenhague a été un processus collaboratif intense entre Pandolfo et Risbjerg. Ensemble, ils ont façonné non seulement l’histoire et les personnages, mais aussi l’esthétique visuelle de la bande dessinée. Risbjerg décrit le processus de création, depuis les premières esquisses à l’encre de Chine et aux lavis pour les planches originales jusqu’à la mise en couleur numérique, comme un travail minutieux et passionnant, tandis que Pandolfo aborde les thèmes récurrents dans leurs œuvres.

Pour le duo, Copenhague représente bien plus qu’une simple BD. C’est un hommage à la ville qui les inspire, une exploration de l’enfance et de l’imaginaire, et une invitation à plonger dans un monde où la réalité se mêle à la fiction d’une manière débridée et poétique. Avec ce roman graphique, Pandolfo et Risbjerg offrent aux lecteurs une expérience immersive où les frontières entre le réel et l’imaginaire s’estompent pour révéler la beauté et la magie de la cité viking.