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LE FEUILLETON DE FRANÇOIS PENEAUD - Une Page à la fois (2) : The Spirit de Will Eisner [VIDEO]

Par François Peneaud le 18 octobre 2022                      Lien  
Il fait bon, parfois, ralentir le rythme de lecture et s’attarder sur le travail des artistes de bande dessinée. Avec le podcast vidéo "Une Page à la fois", nous vous proposons de revenir sur une œuvre qui a marqué par le découpage des planches et plus généralement par la narration graphique employés par le dessinateur.
"The Spirit" est l’œuvre qui a consacré le talent de Will Eisner, bien avant "Un Pacte avec Dieu" et les romans graphiques qui ont suivi. Dessinateur, scénariste, enseignant, théoricien de la bande dessinée, Eisner était aussi un raconteur hors pair, comme nous allons essayer de le démontrer dans la vidéo ci-dessous.
LE FEUILLETON DE FRANÇOIS PENEAUD - Une Page à la fois (2) : The Spirit de Will Eisner [VIDEO]
Le Spirit (Intégrale) T. 1, Soleil, 2002

Will Eisner est probablement l’un des auteurs de comics les mieux traduits en français, avec de multiples éditions de ses romans graphiques chez Delcourt. Sa première grande œuvre n’est par contre que très partiellement disponible dans notre langue : The Spirit, feuilleton hebdomadaire de quelques pages paru entre 1940 et 1952, met en scène un détective aux aventures parfois loufoques, parfois dramatiques, entouré d’une galerie de personnages marquants, tels le commissaire Dolan et sa sempiternelle pipe, Ebony, un jeune garçon noir dont la représentation graphique donna plus tard lieu à quelques controverses, Ellen Dolan, l’éternelle fiancée du Spirit et figure pseudo-maternelle qui doit faire face à l’innombrable défilé de femmes fatales souvent plus intéressées par les muscles du Spirit que par les divers méfaits auxquels elles sont mêlées.

Le Spirit T. 6 Le parfum de la Dame en rouge, Neptune/Albin Michel, 1985

Les éditeurs français ne s’y sont pas trompés, qui ont consacré plusieurs couvertures à P’Gell, la plus célèbre des meilleurs ennemies du Spirit. Le mélange d’histoires dignes des films noirs de l’époque, d’études de petits personnages souvent broyés par la vie quotidienne et d’éléments fantastiques inspirés des grands auteurs de nouvelles du XIXe siècle comme Ambrose Bierce (Le Dictionnaire du diable) ou O. Henry montre la diversité des centres d’intérêt de Eisner, qui s’adjoindra par ailleurs divers assistants au fil des ans pour arriver à tenir le rythme des huit pages par semaine.

Les Clés de la bande dessinée, Delcourt, 2019

Eisner mettra fin à la série en 1952 et partira vers d’autres aventures professionnelles. Si ses romans graphiques, en commençant par Un Pacte avec Dieu en 1978, restent dans les mémoires, son travail d’enseignant de la bande dessinée est peut-être moins largement connu. Son influence sur des générations d’artistes est pourtant incontestable, et la publication à partir de 1985 de livres reprenant ses cours permet encore, plus de quinze ans après sa disparition, de se familiariser avec les réflexions d’un grand monsieur qui savait de quoi il parlait.

Le podcast qui suit constitue une tentative de thématiser la variété narrative que Will Eisner offrit aux lecteurs du Spirit, en particulier ceux d’après-guerre, quand son talent put se développer à loisir.

(par François Peneaud)

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Code EAN : 9782413016786

✏️ Will Eisner Etats-Unis
 
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2 Messages :
  • Toujours aussi bien et instructif. Une joli pierre non pas dans le jardin, mais dans la chaussure de ceux qui affirment que le BD a quelque chose à voir avec la littérature. De toute évidence, ici, non. Foin de serviles génuflexions, la BD est bien un art, complexe autant qu’"invisible", plein et entier. Mille autres choses, qu’on espère voir dans d’autres vidéos pourraient en convaincre. Tant pis pour la "rentrée littéraire" quand il s’agit de BD.

    C’est intéressant cette mise en avant du lettrage, cet art dans l’art qui fait totalement partie de la page, que ce soit dans la case ou dans une bulle et ne doit pas se poser -s’imposer ?- comme grumeau, surtout numérique. Encore une belle leçon.

    Will Eisner, excellent conteur, bon dessinateur et designer inspiré, brillant encreur et lettreur mais coloriste nettement moins convainquant s’est beaucoup posé de questions sur sont art, c’est heureux. D’autres, aussi doués mais plus instinctifs, se sont montrés moins théoriciens. Certainement, parce que plus préoccupés par leurs fins de mois, les situations précaires et les cadences infernales à respecter. Un milieu des comics souvent impitoyable, alors. Même pour les plus grandes stars, régulièrement exploitées et parfois humiliées.

    Will Eisner narrateur particulièrement inspiré mais dont il ne faut pas oublier, que le plus grand personnage qu’il a inventé est lui-même.

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    • Répondu par François Peneaud le 25 octobre 2022 à  15:06 :

      Merci pour vos compliments.
      Et tout à fait d’accord avec vos réflexions sur la BD et sur Eisner lui-même, qui a réussi à combiner aspects artistiques et commerciaux durant toute sa carrière.
      Je reviendrai un peu sur les rapports littérature-BD dans une prochaine vidéo, qui s’intéressera à une adaptation en comics d’un roman.
      Quant au lettrage, j’ai toujours été sensible à cette facette des comics, qui me semble plus développée que dans le franco-belge (un contre-exemple en serait le lettrage d’Andréas). Je pourrais faire des vidéos entières sur le travail de Todd Klein, Ken Bruzenak ou John Workman. Mais bon, ça serait plus pour me faire plaisir qu’autre chose :)

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