Alcatena, "Quique" et Mazzitelli , sont des maestros reconnus au parcours long et illustre, qui nous ont récemment charmé avec deux récits, Rakshassas et Kinnara, parus aux éditions iLatina. Ils sont tout deux inspirés d’un Orient magique et fantasmé, peuplé de dieux et de créatures surnaturelles. A l’occasion, le duo argentin situe cette fois-ci son histoire dans un Japon peuplé de yokaïs et de guerriers fantastiques.
Fort d’un style narratif inspiré des contes de fées, le récit débute avec les péripéties du père de la petite Yaomi. Le riche marchand Rokubei est résolument décidé à épargner sa fille du cruel destin de marier le démon de la forêt Nuggu. Mais les sortilèges et les chasseurs de primes échouent les uns après les autres. Les années passent jusqu’au jour du mariage imposé par l’esprit maléfique ; dans un geste de désespoir ultime, il fait appel à ses anciens ennemis, les puissants magiciens du nord...
L’on suit ensuite le récit de Togoro et la fille de sel, qui cherche, lui aussi, une façon de délivrer sa fille adoptive d’une terrible malédiction. De nombreuses aventures face à des monstres, des démons, et surtout, trois chasseurs de démons dotés d’un sens de l’odorat extraordinaire...
Initialement sorti en petits épisodes d’environ dix pages, ce récit reprend les codes de la tradition graphique et mythologique japonaise pour construire une sorte de Japon fantasmé à l’image de l’Inde antique dans Rakshassas et de la Malaisie du Moyen Âge dans Kinnara.
Connu pour sa dextérité graphique, le maître du noir et blanc délivre à chaque tour de page des planche sublimes, minutieusement travaillées et chargées jusqu’aux moindres recoins de détails et petits clins d’œil pour les lecteurs avisés. Baroque par son trait et de par ses compositions à la fois complexes et fluides, Quique Alcatena délivre dans chaque petite histoire de l’album un conte rempli par son imagination débordante.
De son côté, Mazzitelli assure des histoires faciles à suivre, si bien que la galerie de personnages ne cesse de croître. Comme dans le théâtre de marionnettes japonais, ils font à plusieurs reprises des aller-retours dans les petits contes qui configurent la trame. C’est ainsi qu’au fil des pages, la trame initiale autour de la princesse Yaomi croisera celui de la Fille de sel et Togoro, afin de chapeauter ces aventures magiques par un récit poignant sur l’amour filial et l’inévitable passage du temps qui finit par séparer les parents de leurs progéniture.
Voir en ligne : Éditions iLatina
(par Jorge Sanchez)
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LA fille de Rokubei - Par Mazzitelli et Enrique Alcatena. Traduction de l’espagnol par Thomas Dassance. Éditions iLatina. 224 pages - 30€.
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