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Les Super-Women prennent le pouvoir à Colomiers.

Par Nicolas Depraeter le 17 novembre 2012                      Lien  
Second festival du sud, ayant l'envie de passer devant le ténor du genre, le festival de Colomiers est un lieu ou se croisent des adeptes honnêtes de la bande dessinée, des jeunes créateurs à qui l'on donne une place pour s'exprimer et des enfants passionnés par les indiens, mais où interviennent également, avec la plus grande subtilité, les ambitions des politiques locaux.

C’est aujourd’hui que le festival de Colomiers à ouvert les portes de ses bâtiments.

Dans le Hall Cominges, l’espace se veut plus ouvert que l’an passé, le décor n’est plus cloisonné et le public circule dans les allées sans temps morts. L’exposition principale Le jour où... prend la forme d’une rédaction austère d’un journal qui semble surgir d’un proche passé où les ordinateurs ne dominaient pas la profession. Aux murs sont exposés les travaux de 37 auteurs différents, au fond, des salles « espace numérique » et « radio » se préparent à accueillir demain matin les auteurs qui illustreront la Dépêche.
Dans le reste du Hall, les éditeurs, fanzines et stands divers accueillent leurs visiteurs dans des espaces travaillés, tel les stands de Mosquito et des éditions FEI, où des planches originales et une sculpture tirée de la Ballade de Yaya permettent de découvrir la méthode de travail de l’auteur, présent lui aussi sur le stand.

Les Super-Women prennent le pouvoir à Colomiers.
Un des éléments de la scénographie "Le jour où..."
Le stand des éditions FEI

Au fond du Hall, l’étrange couloir pirate immerge le visiteur dans un espace réduit, sombre, coupé des bruits du public, où des extraits de dialogues et le bruit des vagues finissent de nous faire voyager au pays des boucaniers. Plus tard dans la soirée, ce couloir connut d’ailleurs un franc succès de la part des officiels durant leur expéditive tournée du salon.

En quittant le Hall Cominges pour se rendre à la très belle médiathèque de Colomiers, les visiteurs peuvent découvrir l’exposition Road-Strip, qui comme chaque année propose de raconter une histoire en 4 cases présentées sur de grandes feuilles placardées, soumises tant à la météo qu’aux envies des spectateurs.

RoadStrip, quand la rue devient un lieu d’exposition de la BD

Les rues de Colomiers sont aussi l’occasion pour tout les enquêteurs de découvrir, grâce à une dizaine de panneaux, les différents éléments du grand concours du festival. Équipés d’un livret conçu par l’organisation comme un objet-souvenir, il leur suffit de chercher les indices écrits avec lesquels ils complètent ce livret, avant d’y ajouter des stickers disséminés dans les bâtiments principaux du festival. Une initiative amusante et ludique qui s’attire les faveurs d’un large public.

En entrant dans le Pavillon Blanc, la médiathèque de Colomiers, on ne peut rater le gigantesque Tipi installé en son centre, lieu d’accueil pour les lectures aux plus jeunes de la bande dessinée Anuki, qui est complétée par une exposition sobre des planches originales de l’histoire du petit Indien des éditions de la Gouttière.

Les graphismes d’Anuki ne plaisent pas qu’aux enfants

L’autre exposition du Pavillon Blanc est réservée aux comics situationnistes. Entre 1957 et 1972, le détournement d’image et la réappropriation de bande dessinée au service d’une révolution de la pensée visant à dénoncer la société du spectacle fut l’une des méthodes principales de l’Internationale Situationniste. Sur des meubles bas ou s’inscrivent les faits marquants et l’histoire de ce mouvement, une trentaine d’extraits sont à découvrir, noir et blanc ou couleurs, strips ou planches complètes, les formes d’expression sont diverses et prouvent que les bandes dessinées peuvent avoir des fins bien différentes selon les désirs de leurs créateurs.

Blake et Mortimer auraient facilement pu être détournés
L’histoire des comics situationnistes est présentée de façon claire

Avec la fin de la journée vient un moment marquant de chaque édition du festival : le discours du maire et la remise des prix. Cette année, le discours est politique à souhait, et l’élection n’a pourtant lieu qu’en 2014... D’abords le maire évoque les différents lieux accueillant le festival, puis les 200 créateurs présents (qui étaient même 400 avec qu’il ne se corrige...)

Bernard Sicard félicite alors Amandine Doche, véritable « super woman » qui a su redonner un nouveau souffle au festival depuis maintenant deux ans. Il souligne ensuite les trois axes sur lesquelles se pense le festival chaque année, à savoir encourager la jeune création, accompagner l’édition indépendante et favoriser la présence d’une « librairie indépendante dans sa dimension militante », la librairie Préface.

S’ensuivent les remerciement des différents partenaires, c’est à dire La Caisse d’Epargne et La Banque Populaire, dont les représentants à la soirée revendiquent chacun leur implication sincère dans la BD. On remercie aussi l’éducation nationale, la Dépêche, France Info, le Rotary Club, les restaurateurs...

Bref, tout Colomiers ne vit que pour la BD à en croire le maire, ce qui explique peut être l’idée dominante chez les politiques de la ville, faire passer Colomiers de la place de second festival du sud au premier, c’est à dire devant Angoulême, en aidant à se développer les futurs « meilleurs dessinateurs de France ». Si ce alléchant discours promet déjà pour celui de l’an prochain, il termine sur un événement plus proche des lecteurs, la remise des prix.

Le maire de Colomiers et son bataillon d’officiels.

Le prix découverte passe cette année des mains de Lilian Coquillaud à celles de Amélie Marchandot. pour son album Le Bel Âge qui traite des histoires de l’adolescence. L’autre révélation est elle aussi féminine puisqu’il s’agit de Maelis Rabiot, repérée grâce aux concours Jeune talents, elle a su devenir le coup de cœur du jury et ainsi gagner deux trimestres de stage de dessin à Toulouse. Cette jeune Columérine adepte de Bilal et Solea à un talent indéniable et on espère revoir un jour son nom dans nos colonnes.

De gauche à droite : Amélie Marchandot, Amandine Doche et Maelis Rabiot. Un trio féminin de choc pour le 26eme festival.

Comme vous vous en êtes peut être aperçu, aucun mention n’a été faite sur un quelconque invité d’honneur cette année, pour la simple raison qu’il n’y en a pas. Cette décision s’inscrit dans une volonté de redonner un coup de jeune au festival pour ne pas tomber dans la monotonie. Ainsi chaque invité du festival est à considérer comme un invité d’honneur, car chacun véhicule le véritable esprit de cet événement : la créativité.

Coup de coeur des jeunes talents, la planche de Maelis Rabiot

Maintenant que le festival à été présenté dans sa globalité, c’est sous forme de brèves que la rédaction vous invitera à suivre les événements, en vous souhaitant un bon week-end depuis la future capitale interplanétaire de la bande dessinée !

(par Nicolas Depraeter)

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