Un homme, deux valises, et c’est parti pour "le grand saut" dans le monde des évaporés. Kaze, employé exemplaire, vient d’être licencié, sans qu’il comprenne pourquoi. Au fil de l’album, on le verra reconstituer l’écheveau qui l’a mené à ce sort, à savoir les liens de son entreprise de courtage avec la pègre des yakuzas. Dans l’immédiat, il veut éviter la honte à sa famille.
Kaze se retrouve dans un des quartiers éloignés de l’anonyme Tokyo, où il est facile de se fondre, de se cacher et d’exercer une petite activité de déménagement de nuit. C’est là qu’il fera la rencontre d’un jeune homme qui a perdu ses parents (tout au moins le pense-t-il) lors de la tragédie de Fukushima et qui lui aussi est pourchassé par la pègre. Ne manque plus que la fille de Kaze, qui reviendra de France pour partir à la poursuite de son père. Et les fils de l’histoire sont en place.
L’intrigue est au final très facile à suivre et permet d’aller à la rencontre d’un japon encore très marqué par les conséquences de Fukushima, et dont les us et coutumes sont en partie inconnus de nous [1] mais pas d’Isao Moutte, auteur franco-japonais, déjà remarqué pour Clapas, récemment paru aux mêmes éditions Sarbacane. Cette fois, il a choisi le noir et blanc, qui, en plus de nous évoquer le monde du manga, se révèle aussi particulièrement adapté pour cette histoire de ce monde de l’entre-deux, en contraste avec la très belle couverture en couleur et la 4ème de couverture dont les textes eux-mêmes s’estompent joliment.
(par Philippe LEBAS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.