Touristes à La Havane - Par Edo Brenes - Ed. Steinkis

Par Damien Boone le 19 octobre 2023

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Touristes à La Havane - Par Edo Brenes - Ed. Steinkis

À travers le voyage d'Arturo et d'Ivannia, deux touristes costaricains, on découvre la capitale de Cuba, à travers quelques anecdotes pittoresques qui permettent de poser un regard à la fois tendre et critique sur un pays bien énigmatique.

Cuba a une image ambivalente : dictature communiste vectrice de misère pour les uns, le pays conserve l’image d’un paradis socialiste où l’école et les soins sont gratuits. C’est pris entre ces deux clichés qu’Arturo et Ivania bouclent leurs valises pour La Havane : excités, ils vont faire du tourisme, ce qui apparaît à la lecture du livre comme un privilège occidental ; prudents, ils embarquent avec eux un peu de nourriture car ils imaginent bien faire un saut en arrière - au moins - temporel. À leur arrivée, ils sont accueillis chez Vovô, qui vit avec sa famille recomposée. Sur place, ils rencontrent également une famille de leurs amis. C’est à travers ces personnages, ainsi que grâce à quelques rencontres fortuites dans les rues, qu’un portrait ambivalent de Cuba est dressé.

Touristes à La Havane - Par Edo Brenes - Ed. Steinkis

D’un côté, une population chaleureuse, une histoire et un patrimoine riches, une culture marqué par les valeurs d’entraide et de solidarité ; de l’autre, un aspect politique bien plus sombre : si certains défendent bec et ongle le modèle socialiste et la gratuité de certains services, d’autres pointent les privations, ou une méritocratie inexistante. Dès lors, beaucoup souhaitent rejoindre la Yuma, nom que les Cubains utilisent pour désigner les États-Unis. Cette difficile question de l’attachement au sol national et de l’exil est le principal fil rouge du récit, à travers les portraits émouvants de jeunes cubains et de leurs aspirations.

Edo Brenes, scénariste et dessinateur, est inspiré de la ligne claire. Quant à l’ambiance de l’île, qui peut sembler "exotique" aux touristes, elle est représentée par un large éventail de couleurs claires. Le récit oscille entre d’un côté des moments descriptifs et quelques discussions posées, et de l’autre des scènes plus profondes qui virent même au drame, dans un final qui donne une meilleure dimension à cet ouvrage qui, jusqu’alors, tombait dans une certaine monotonie.

(par Damien Boone)

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