Romans Graphiques

L’Homme miroir - Par Simon Lamouret - Editions Sarbacane

Par Philippe LEBAS le 19 février 2024                      Lien  
Elise, citadine, la quarantaine, mère (récemment) célibataire, achète sur un coup de tête une maison, en bordure d'un village, sans l'avoir vue. Sauf que celle-ci est restée dans son jus depuis plus de trois décennies, comme si son propriétaire en était parti la veille. Que reste-t-il d'une personne décédée il y a plus de 30 ans? Quel miroir tend-elle à celles qui la découvrent plusieurs décennies plus tard? C'est de ce sujet, original dont traite Simon Lamouret dans ce roman graphique au long cours.

Après ses aventures indiennes [1] qui l’ont fait connaître, Simon Lamouret est de retour avec une histoire toute autre dans un univers très différent.

Nous voici projetés dans une campagne française. Où exactement ? Pas sûr que ce soit déterminant. Si la Sainte-Chapelle du livre n’existe pas, en revanche la maison achetée par Elise ressemble fortement à ces longères de la vallée de la Loire, mais sans leur habituelle couverture d’ardoises [2]. Quoi qu’il en soit, Elise découvre avec surprise que sa maison est dans l’état où son propriétaire l’a quittée, sans que rien n’ait été enlevé. On se retrouve dans un univers très Seventies, très coloré donc, que Simon Lamouret a plaisir à représenter, avec minutie.

L'Homme miroir - Par Simon Lamouret - Editions Sarbacane

Aidée par ses parents, la jeune propriétaire, mère d’un petit garçon et célibataire depuis peu, doit faire place nette : « Une page blanche, voilà ce qu’il lui faut ». Sauf qu’il y a beaucoup à faire et que ses parents, venus en camping-car, ne semblent pas si pressés de faire le vide.

L’intérêt de ce long roman graphique, sur lequel Simon Lamouret a travaillé trois ans, réside dans la découverte de la vie d’un homme par les traces qu’il a laissées. Il s’agissait d’un peintre, dont on découvrira plusieurs oeuvres, représentées par l’auteur. « À quel point un mort peut être encombrant, un disparu présent » se/nous dit Elise. La couverture, dont une photo ne peut rendre compte avec justice, nous le disait très bien, avec cette silhouette découpée donnant à voir l’intérieur de la maison. Mieux encore, quand on tourne la couverture, on se retrouve bien sûr dans cet intérieur avec cette silhouette assise. Superbe.

Mais, là ne s’arrêtent pas nos protagonistes, qui projettent aussi leurs rêves et leur passé sur cet absent si présent. D’où un jeu de va-et-vient entre présent et passé et entre chaque membre de la famille, qui se passe le relais de manière habile, d’autant que chacun est aisément repérable par une typographie spécifique.

Alors, n’hésitez pas à vous embarquer dans cette aventure atypique avec ces portraits en creux, à vous laisser surprendre par une narration plurielle (mais dans laquelle on ne se perd absolument pas), au scénario qui s’est construit au fil du travail de l’auteur. [3] Il n’est n’est pas nécessaire d’aller très loin pour voyager.

(par Philippe LEBAS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782377318162

[1Bangalore, paru chez Warum en 2017, et que Sarbacane a fait reparaître dans une version en couleurs, et L’Alacazar en 2020.

[2La résidence d’auteur que Simon Lamouret a effectuée à Mazé-Milon(49), « connue » pour sa médiathèque La Bulle, n’y est sans doute pas étrangère, d’autant qu’on retrouve le logo exact du magazine municipal dans son ouvrage. Bon, là, faut être de ce coin pour connaître !

[3Dans une interview parue dans la Dépêche, Lamouret dit qu’il n’a « pas figé le scénario dès le début afin d’injecter des éléments nouveaux au fur et à mesure que l’histoire avançait ».

Sarbacane ✏️ Simon Lamouret France
 
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