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Lionel Mignot et Xavier Fournier : "Les comics sont une caisse de résonance de la société étasunienne"

Par Tristan MARTINE le 16 octobre 2018                      Lien  
La Bibliothèque Universitaire de l'Université Lyon 3 (site de la Manufacture des Tabacs) propose depuis le 23 septembre et jusqu'au 29 novembre une exposition aussi riche qu'intéressante intitulée "La Société des comics". Pour mieux comprendre son contenu et ses objectifs, nous avons interrogé Lionel Mignot, le commissaire de l'exposition, ainsi que Xavier Fournier, membre de son comité scientifique.

Avant d’en venir à l’exposition, pouvez-vous nous dire quelle est la place de la bande dessinée dans la Bibliothèque Universitaire de Lyon 3 ?
Lionel Mignot : On trouve des BD dans la salle d’actualités de la BU. Le rayon est complet mais il s’agit surtout de la BD franco-belge et de mangas. Il y a très peu de comics. En revanche, nous avons un certain nombre d’ouvrages scientifiques qui traitent de l’histoire des comics, de l’histoire culturelle de l’Amérique du nord ou de la culture populaire et de la culture de masse dans la civilisation américaine.

Lionel Mignot et Xavier Fournier : "Les comics sont une caisse de résonance de la société étasunienne"

Comment une telle exposition s’intègre-t-elle dans l’offre culturelle proposée par l’Université Jean Moulin Lyon 3 ?

LM : Nous travaillons étroitement avec le service des affaires culturelles de l’université afin de proposer aux étudiants une offre culturelle diversifiée et accessible, présente sur le programme culturel de l’université. Par exemple, les BU proposent un atelier de dessin dans le cadre de l’exposition, relayé par le point culture étudiant ; l’atelier d’art plastique de l’université a également adopté au premier trimestre la thématique des comics dans l’optique de réinterpréter les thèmes de l’exposition.

La Bibliothèque Universitaire de Lyon 3 avait organisé en 2013-2014 une exposition sur Jean Moulin, en 2014-2015 une autre autour de Saint-Exupéry, et enfin en 2016-2017 une dernière autour des travaux d’André Leroi-Gourhan. Comment s’est fait le choix du thème de cette quatrième exposition, qui n’est pas centrée autour d’une grande figure ?

LM : Sur ma proposition à la direction des BU puis à la présidence de l’université qui a soutenu d’emblée le projet. Dans le but de toucher le plus large public, je souhaitais aborder un sujet médiatique de la culture populaire et en faire une exposition scientifique à la fois pédagogique, ludique et pointue.

Lionel Mignot

Jean Moulin, Saint-Exupéry et André Leroi-Gourhan sont tous trois, de différentes manières, liés à l’histoire de Lyon. Lyon a également une longue tradition de production de comics, notamment autour des éditions Lug. Pourquoi ne pas avoir présenté cet aspect dans l’exposition ?

LM : Parce que c’est un sujet à part entière et qu’il a été traité par la BM de Lyon l’an passé. Nous en parlons en introduction, car on ne peut pas ne pas parler du rôle joué par Lyon dans l’introduction de ce média en France via notamment la revue Strange qui permit au lectorat français de découvrir les super-héros Marvel. Mais l’objectif de cette exposition est de montrer que les comics sont le reflet des grands changements sociaux et historiques de la société américaine.

Xavier Fournier. Photographie : Christophe Perez

Xavier Fournier : Parce que le concept de départ de l’exposition est de traiter de la manière dont les comic-books rapportent l’évolution de la société, d’où le titre. Rien que décortiquer les comics américains en eux-mêmes et arriver à en tirer une synthèse dans l’espace imparti était déjà un défi en soi. Si nous avions rajouté à l’exposition une partie définie seulement par la position géographique d’éditeurs, cela ne cadrait pas avec les autres parties, qui sont déterminées par des thèmes dans les histoires. La plupart des super-héros ont été créés à New York. Mais l’exposition ne consacre pas une partie à New York, elle regarde ce que les comics disent de la ville en général. La nuance est là.

La tradition lyonnaise en la matière est fascinante, je pense que nous sommes en tous convaincus au sein du comité scientifique. Jean Depelley est le coréalisateur du documentaire Marvel 14 (sur la censure dont a souffert l’éditeur lyonnais Lug), Michel Montheillet est un dessinateur de BD qui réside dans le secteur et j’ai pour ma part consacré deux livres entiers au super-héros français, dont un bon nombre sont lyonnais. Mais cette approche géographique n’entrait pas dans la ligne directrice de l’exposition à strictement parler. Cependant nous l’intégrons dans le cycle de conférences qui viennent rythmer le projet. Jean présentera Marvel 14 le 8 novembre et j’interviendrais pour ma part le 13 novembre pour évoquer l’ère lyonnaise des super-héros. Les éditeurs lyonnais d’illustrés populaires ont dû jongler avec la censure, avec les pressions politiques. Ils ont été impactés par la guerre et d’autres phénomènes. Les évoquer fait sens, mais nous le ferons de façon complémentaire et vivante, lors de ces conférences.

Comment organise-t-on une exposition ambitieuse comme celle-ci ? Quels partenariats avez-vous mis en place afin d’arriver à ce résultat ?

LM : En persévérant, en collaborant et en allant au bout de ses idées. Le projet a été initié il y a deux ans avec l’objectif de réaliser la plus grande exposition universitaire dédiée aux comics. Cette exposition est le fruit d’une synergie entre un comité scientifique comprenant notamment des chercheurs spécialistes des comics, de civilisation américaine et des sciences de l’information issus de laboratoires de recherche lyonnais et bordelais (MARGE, ELICO, CLIMAS), des professionnels des comics books (dessinateur, journaliste, écrivain...), des professionnels de l’université spécialisés en graphisme, communication, scénographie ou audiovisuel et des étudiants de l’université dans le cadre de projets tutorés.

Elle a été réalisée en partenariat avec l’association lyonnaise BDCinéGoodies, association lyonnaise reconnue dans l’univers des comics, avec le soutien de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême.

L’exposition s’organise autour d’une analyse de la dimension sociale des comics, en montrant en quoi ils sont le reflet des grands changements sociaux et historiques de la société américaine. Pourquoi avoir choisi cette approche, inédite jusque-là pour une exposition ?

LM : Par ce côté inédit en effet, l’exposition temporaire doit par définition aborder un sujet méconnu ou peu traité afin de proposer au public un véritable apport scientifique. Je ne voulais pas faire une exposition sur les comics simplement pour faire plaisir aux étudiants mais pour démontrer l’intérêt scientifique du sujet. L’exposition dresse non seulement un panorama des évolutions des représentations sociales, historiques ou morales à travers les comics mais évoque aussi les points de rupture dans l’histoire et l’industrie du comic. Miroir social extrêmement révélateur, le comic book révèle les thèmes forts d’une époque, les tensions et les paradoxes qui la travaillent mais aussi les attentes, les espérances qui agitent les esprits et les cœurs.

Xavier Fournier présente la partie de l’exposition dont il a rédigé le texte

Vous étiez plusieurs membres du comité scientifique à rédiger des pans entiers de l’exposition. Comment avez-vous réparti les sujets et les œuvres pour éviter les redites d’un panneau à l’autre ?

XF : De mémoire, je suis arrivé sur le projet après Pascal Robert et Jean-Paul Gabilliet. Pascal s’est livré à un très important travail d’analyse de planches qui était un exercice à part dans l’exposition. S’il est absent du catalogue d’exposition pour des questions de place, il fera d’ailleurs l’objet d’un cahier pédagogique. Jean-Paul était déjà partant sur une partie intitulée "valeurs" et qui traite du progrès social et sociétal tel que rapporté par les comics. Dans les discussions sont vite apparues d’autres parties, comme la science-fiction ou disons plutôt la prospective scientifique. Et il y avait la géopolitique.

Comme je sortais de l’écriture de Comics en guerre, un livre sur la Seconde Guerre mondiale telle que représentée par la BD américaine, cela faisait sens que j’aille plutôt sur cette partie. Michel Montheillet et Kader Chaibi étaient eux intéressés par la partie SF.

En cours de route nous avons été rejoints par Jean Depelley (qui a écrit un texte sur Kirby) ainsi que Franck Guigue, qui a participé au catalogue d’exposition. Vu qu’il n’y en a pratiquement pas un qui a le même cursus, c’était relativement facile de trouver des places complémentaires, chacun a trouvé un espace naturel. Les discussions ont plutôt porté sur des questions d’équilibre dans les méthodes, savoir où nous mettions le curseur en termes de complexité des références, par exemple.

Lionel Mignot ouvre l’exposition

Vous reproduisez bien sûr des personnages très connus du grand public. Mais dans le même temps, vous introduisez des héros absolument inconnus en France, parfois non traduits : y a-t-il une volonté consciente de présenter de nouvelles figures au public français ?

XF : Je dirais que la chose ne s’est pas forcément présentée de cette manière. Nous aurions pu, effectivement, faire référence seulement à Spider-Man, Superman, Wonder Woman, Iron Man, Thor, en nous limitant à ces figures désormais connues du grand public car elles ont une carrière multimédia. Mais cela déboucherait sur une répétition des sources, un peu comme une étude qui se contenterait de citer en boucle seulement quelques auteurs. Et nous nous serions retrouvés dans une situation où nous aurions expliqué ce dont parlent quelques personnages, sans forcément vraiment représenter la "société des comics". Une exposition illustrée exclusivement par Tintin et Astérix serait un rendez-vous axé sur ces deux personnages, pas un événement sur la franco-belge au sens large.

Par ailleurs il y a des héros qui sont, comme vous le dites, absolument inconnus en France mais qui ont l’avantage d’être immédiatement explicites. Super Green Beret est un surhomme militarisé, en uniforme. Le visuel a une pertinence instantanée. Même quelqu’un qui ne l’a jamais lu comprend immédiatement de quoi il retourne. Et les vaisseaux spatiaux qui hantent les vieilles couvertures d’EC Comics sont eux aussi efficaces, même si vous n’avez pas lu le récit et que vous ne savez pas de quelle planète ils viennent.

Multiplier les sources est aussi une manière de souligner l’ampleur, la richesse, de cette littérature populaire, alors que ce serait sans doute moins apparent si nous nous étions limités à six ou sept "grands héros". Je crois aussi qu’on reproduit ainsi une certaine situation qui régnait au moment de la sortie de ces séries devenues des classiques.

Captain America n’est pas "né célèbre". Un jour de 1941, les lecteurs ont découvert une couverture où cet étrange héros habillé dans le drapeau américain frappait Hitler au visage. Pour eux, c’était un inconnu mais la fonction était explicite. Et là c’est un peu pareil. Les visiteurs n’ont pas besoin de connaître Captain Marvel au préalable pour comprendre une scène où il affronte un communiste obèse, sur fond de guerre de Corée. Enfin, multiplier les sources, c’est aussi présenter le travail d’un grand nombre d’artistes différents et c’est le reflet de la diversité visuelle des comics.

Comment s’est fait le choix de diviser l’exposition en trois séquences : Géopolitique / Sciences et techniques / Valeurs ?

LM : Le défi principal pour le comité scientifique était de traiter près de 90 ans d’histoire des comics pour démontrer qu’ils sont le reflet de l’évolution sociale, historique et morale des États-Unis. Il a fallu trouver des thématiques illustrant au mieux le périmètre de l’exposition.

Cette dimension sociale des comics est abordée selon trois angles transversaux qui se complètent mutuellement :

- la place de la science dans les histoires et univers développés dans les comics : la science est pour les créateurs de comic books une inépuisable source d’inspiration narrative et visuelle. Particulièrement, en ce qui concerne les récits de conquête spatiale à partir de la fin de la seconde guerre mondiale. La science, vecteur de progrès technologiques, fascine autant qu’elle est source d’inquiétude.

- les questions proprement politiques et géopolitiques : les comics sont nés entre la crise de 1929 et le début de la Seconde Guerre mondiale. La culture de l’album mettra plusieurs décennies à s’installer. Littérature « réactive », les comics sont le thermomètre de l’humeur de l’Amérique. On peut parler parfois de propagande notamment pendant la Guerre de Corée ou le maccarthisme mais ce serait réducteur de se limiter à cette explication.

- la manière dont un certain nombre d’évolutions et de faits sociaux ont pu être abordés dans les comics tout au long des XXe et XXIe siècles : de l’entre-deux-Guerres à nos jours, les comics permettent de retracer l’évolution d’un certain nombre de valeurs et de débats propres à notre perception des États-Unis. Ces valeurs portent sur les individus ou les débats socio-politiques. Les comics sont une caisse de résonance de la société étasunienne qui donne des indices sur les « mœurs » de cette société et la vision du monde des dessinateurs, scénaristes, éditeurs.

Xavier Fournier, vous avez rédigé les textes de la partie « géopolitique », qui correspond à un bon tiers de l’ensemble. Pouvez-vous nous présenter les principaux thèmes que vous avez voulu mettre en avant sur ces panneaux ?

XF : Dans une précédente question vous parliez des héros connus et des héros inconnus. Je pense que le principal problème des super-héros n’est pas qu’ils sont inconnus mais que l’on croit souvent, trop facilement, les connaître à partir d’une seule image, d’une couverture.

Dans le cas de héros guerriers, il y a de véritables "faux amis". Il est assez courant que des gens regardent une couverture de Captain America et s’imaginent que - puisqu’il est habillé dans le drapeau américain, c’est de la propagande, point. Certains avancent même de sombres complots. Ils s’imaginent que les super-héros auraient été fabriqués sur commande du gouvernement pour préparer la jeunesse américaine à la Seconde Guerre mondiale. C’est méconnaître les conditions de l’apparition de Captain America et de ses collègues.

Une partie de l’approche consiste donc à défaire cette vision préconçue, montrer que des auteurs s’étaient engagés à un moment où cela ne coulait pas de source. Ces artistes, très jeunes, étaient en âge d’être appelés sous les drapeaux et projetaient un mélange de colère, d’optimisme et de patriotisme, sans forcément savoir à quel point ils étaient entendus. Captain America ne se regarde pas le nombril en se disant que l’Amérique est parfaite. Il peste souvent de son inaction, de son manque d’efficacité. Cap est incroyablement critique envers l’establishment, encore plus à partir du moment où il revient dans les années 1960.

La période de la Guerre froide correspond, elle, beaucoup plus à de la véritable propagande car les comics sont, à ce moment-là, conscients de leur portée. La Guerre du Viêt-Nam est une véritable charnière car les créateurs partent d’abord un peu la fleur au fusil (l’origine première d’Iron Man en découle) avant de réaliser, comme le reste de la population, que le conflit tourne court. Il y a un retour de manivelle, avec une prise de conscience d’Iron Man ou d’autres personnages, qui se retourne contre cette guerre.

Le scandale du Watergate marque lui aussi un tournant dans le rapport des héros avec les autorités. Plus loin le 11 septembre 2011 provoque une sorte de réveil, avec des séries telles qu’Ultimates ou Civil War qui sont clairement post-9/11, même si, pourtant, le scénariste n’est pas américain. Même la mort de Ben Laden est utilisée dans un épisode de Savage Dragon. Des épisodes comme le Joker devenant ambassadeur de l’Iran nous semblaient aussi pertinents pour montrer le rapport constant avec la réalité politique du moment. Les comics sont un peu comme une capsule temporelle, ils captent ce qui se passe à l’époque de leur publication.

Votre exposition comporte un évident volet pédagogique. Comment définir le curseur entre ses éléments constitutifs : illustrations séduisantes, d’une part, et rigueur d’un propos érudit, d’autre part ?

LM : L’idée était de rappeler les codes des comics (le principe de la case, la couleur, la typographie, les dessins...) tout en proposant une scénographie cohérente et adaptée au discours. Il nous est paru évident de mettre en valeur les dessins, toujours au service du propos de l’exposition et non l’inverse.

L’exposition ne présente quasiment pas d’originaux : est-ce en raison des problèmes de coût financier que cela engendre ?

LM : Effectivement, il s’agit de reproductions. Le coût d’assurance, de la mise en sécurité voire de la location de planches originales très rares n’était absolument pas absorbable par le budget de l’exposition. D’ailleurs, la règle dans le milieu est de ne prêter en aucun cas les originaux hormis pour quelques grands et rares événements souvent organisés par les maisons d’éditions elles-mêmes ou par la Cité internationale de la Bande Dessinée et de l’Image.

En parallèle, de nombreuses manifestations sont organisées : pouvez-vous nous les présenter ?

LM : Une série d’événements valorisant la culture comics, gratuits et ouverts à tous, se déroulent pendant toute la durée de l’exposition du 18 septembre au 21 décembre : fresque réalisée par des graffeurs professionnels, Masterclass de John Higgins, le dessinateur de Watchmen, stand de l’exposition au festival Comic’Gone à la halle Tony Garnier, conférence de Michel Montheillet sur l’adaptation d’une œuvre écrite à une œuvre dessinée, concours de Cosplay, projection du documentaire « Marvel 14 : les super-héros contre la censure » et débat avec le réalisateur Jean Depelley, atelier de dessin avec les dessinateurs professionnels de l’association BDcinéGoodies, conférence de Xavier Fournier sur les super-héros de l’ère lyonnaise, exposition des étudiants en art plastique sur les thèmes développés dans l’exposition.

Un très beau catalogue de l’exposition est distribué aux spectateurs. Reprend-il l’ensemble des éléments présentés ? Est-il également disponible à la vente ou à distance ?

LM : Oui, l’idée est que le catalogue de l’exposition soit le témoin de tout ce travail de recherche effectué par le comité scientifique. Il ne peut pas être vendu, il est offert gracieusement dans le cadre de cette exposition. La possibilité de le rendre ensuite téléchargeable est à l’étude.

Savez-vous déjà quel sera le thème de la prochaine exposition temporaire ?

LM : Nous avons plusieurs pistes mais je me consacre encore pleinement à la programmation évènementielle de l’exposition qui court jusqu’à la fin de cette année civile.

(par Tristan MARTINE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

EXPOSITION LA SOCIÉTÉ DES COMICS
Jusqu’au 29 novembre 2018
Bibliothèque de la manufacture
6 rue Pr. Rollet
Lyon 8e,
L’entrée de cette exposition est gratuite.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à visiter le site de l’exposition

 
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