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Loïc Dauvillier : "Je fais de la bande dessinée jeunesse pour permettre un échange entre les adultes et les enfants."

Par François Boudet le 22 juin 2013                      Lien  
Loïc Dauvillier, bien connu des lecteurs de bandes dessinées, poursuit son exploration dans le domaine de la bande dessinée pour les plus petits afin de permettre le renouvellement d'un lectorat. Il nous parle de sa série {Monsieur Lapin}, dont le deuxième tome sort aujourd'hui, et de la série d'animation en cours de réalisation.

Outre vos bandes dessinées réalistes (telles que L’attentat ou Ines par exemple), vous vous impliquez beaucoup dans la bande dessinée jeunesse (La Petite Famille, L’Enfant cachée, Monsieur Lapin, ...). Pouvez-vous nous en parler et est-ce important de défendre la Bande Dessinée jeunesse ?

Depuis ma première publication, j’ai toujours fait une place d’honneur à la bande dessinée dite pour la jeunesse. Si des séries comme Monsieur Lapin, avec Baptiste Amsallem (aux éditions Des ronds dans l’O), ou Myrmidon, avec Thierry Martin (à venir en août 2013 aux éditions de la Gouttière), sont clairement des histoires pour les primo-lecteurs, je pense que La Petite Famille (éditons de la Gouttière) ou L’Enfant cachée (éditions du Lombard) sont plus universelles. Elles s’adressent aussi bien aux enfants qu’aux adultes.

Loïc Dauvillier : "Je fais de la bande dessinée jeunesse pour permettre un échange entre les adultes et les enfants."
Monsieur Lapin, tome 1

Mais… Je m’éloigne de votre question…

Je fais de la bande dessinée jeunesse pour permettre un échange entre les adultes et les enfants. Pour les primo-lecteurs, je veux créer des histoires qu’un adulte puisse lire facilement à un enfant (c’est très difficile de lire une bande dessinée à une autre personne) et que l’enfant puisse lire en étant autonome. Pour des lecteurs plus grands, mon intention se situe dans l’échange entre les enfants et les adultes. Par exemple, j’aime apprendre qu’une famille a pu évoquer le processus de deuil après que l’enfant ait lu La Petite Famille, ou pu aborder des situations relatives à l’amitié après la lecture de Petite Souris, Grosse Bêtise. Chaque ouvrage a une intention particulière mais l’échange intergénérationnel est un point commun à tous.

Mais… Je m’éloigne encore de votre question…

Si aujourd’hui, je suis un lecteur de bande dessinée, c’est parce qu’enfant, j’ai eu la possibilité de lire de la bande dessinée.
J’ai fait un constat. Lorsque je parle avec des adultes qui ne lisent pas (ou carrément disent ne pas aimer la bande dessinée), je constate qu’ils n’en ont pas lu durant l’enfance.
Ces dernières années, on a vu les collections bandes dessinées jeunesses disparaître des catalogues des principaux éditeurs. Certes, il y a toujours des ouvrages hors-collection (comme L’Enfant cachée au Lombard) mais cela est-il suffisant pour construire l’avenir ?
Je regrette les premières années de la collection jeunesse des éditions Delcourt ou les collections Punaise, Puceron des éditions Dupuis.
Heureusement, des éditeurs économiquement plus modestes ne délaissent pas cet espace. Je me fais une joie de construire avec des éditeurs qui offrent un espace pour ce genre de bande dessinée.

Aujourd’hui sort le deuxième tome de Monsieur Lapin (La Chasse au papillon). Est-ce parti pour être une longue série ? Quels retours avez-vous eu de la part des enfants si c’est le cas ?...

Monsieur Lapin est un projet particulier.

J’ai élaboré le principe, seul dans mon coin. Dès le départ, le projet n’était pas uniquement composé de l’édition papier (application Ipod, animation). J’ai ensuite soumis ce projet à Baptiste Amsallem. Pour que le projet dans sa globalité ait du sens, il fallait trouver un éditeur apte à s’engager dans une série.

Monsieur Lapin, tome 2

Nous avons pris contact avec différents éditeurs dont Marie Moinard, éditrice aux éditions Des ronds dans l’O. Elle était emballée par la première histoire ainsi que par les pistes pour d’autres volumes. Marie s‘est engagée. C’est pour cela que sur le dos de La Carotte sauvage, on peut lire le chiffre 1 et maintenant un 2 sur celui de La Chasse au papillon. Je peux annoncer qu’il y aura un 3.

Actuellement, pour lancer une série composée d’albums autonomes, un éditeur minimise les risques. Il publie le premier volume et attend les résultats pour éventuellement lancer un tome 2 (surtout s’il s’agit de jeune auteur). Je pense que c’est une bêtise car, outre le fait de ne pas laisser sa chance au projet, cela fragilise la relation avec le lecteur.

D’ailleurs avec ce principe, Titeuf n’aurait pas eu le succès qu’on lui connaît.
Marie Moinard a su donner sa chance à cette série. De la part d’un éditeur de taille modeste, c’est une sacrée marque de confiance.

Pour répondre à la deuxième partie de votre question… J’ai des retours. C’est très touchant d’entendre le petit Victor, 4 ans, m’expliquer qu’il a deux exemplaires de La carotte sauvage. Un pour sa chambre et un pour les toilettes, parce que ce livre-là, il peut le lire tout seul.
Les premières sélections des comités de lecture nous parviennent. C’est une belle récompense car cela va permettre à des enfants qui n’ont pas accès au livre de découvrir nos lapins.

© Des ronds dans l’O

Concernant Monsieur Lapin, où en est le projet d’animation ?

Ça avance plutôt pas mal.
Nous avons signé avec la structure Marmita films.
La productrice Martine Viladenc et son assistant Emmanuel Quillet bichonnent nos lapins.
Actuellement, nous attendons le retour pour le financement d’une deuxième tranche. Des discussions sont engagées avec les diffuseurs.
Il est difficile d’en dire plus à ce stade du projet.
Une chose est certaine… J’ai régulièrement entendu des éditeurs me dire que nous ne réussirions pas à développer ce projet seul. Pour autant, ils n’exprimaient pas le souhait de le développer avec nous. Aujourd’hui, je ne regrette pas d’avoir cru dans sa faisabilité. Certes, il sera temps de se réjouir pleinement lorsque nos lapins seront sur les écrans mais le parcours est très enrichissant. Sans compter que cela ouvre des possibilités.

© Des ronds dans l’O

Propos recueillis par François Boudet

(par François Boudet)

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3 Messages :
  • On a encore eu droit à l’exemple de Titeuf.

    J’ai 50 000 contre-exemples.

    Titeuf ou l’arbre qui cache la forêt.

    Répondre à ce message

    • Répondu par FB le 23 juin 2013 à  23:12 :

      À mon avis, vous avez compris un contre-sens. Loïc Dauvillier nous dit que le succès de Titeuf n’a pas démarré au premier album... Vous dites connaitre "50 000 contre-exemples" ? C’est à dire 50 000 exemples de série qui a démarré au quart de tour dès le premier album ??

      Répondre à ce message

      • Répondu par loic dauvillier le 24 juin 2013 à  07:43 :

        FB, vous avez bien compris ce que je veux dire.
        Il a fallu plusieurs tomes avant que Titeuf ne rencontre le succès. L’éditeur a fait un travail sur le temps.
        Actuellement, on cherche de la rentabilité immédiate.
        Outre la baisse des couts d’imprimerie, je crois que ce mode de fonctionnement est un élément de la sur-production. Les éditeurs éditent en masse avec l’espoir de voir les ventes d’un ou deux ouvrages exploser... Le reste est considéré comme des déchets. Dans le meilleur des cas, ils ne font pas perdre d’argent à l’éditeur. Dans le pire, la perte est compensée par le succès d’un autre livre.

        Répondre à ce message

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