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"Longue vie" et "Le Fils du roi" : Stanislas Moussé en majesté en 2020

Par Aurélien Pigeat le 11 décembre 2020                      Lien  
C'est un jeune auteur que l'on découvre, en 2020, grâce à deux albums inventifs et stimulants, "Longue vie" et "Le Fils du roi" et une exposition qui se tient possiblement en cette fin d'année dans les conditions que l'on connaît.
"Longue vie" et "Le Fils du roi" : Stanislas Moussé en majesté en 2020

Autodidacte du dessin, berger de montagne l’été, Stanislas Moussé avait déjà publié un album en 2018, aux éditions Superloto : Chaos. Après des hésitations, des tentatives pour se conformer à un style plus classiquement "BD", et de nombreux refus d’éditeurs, il revient en 2020, aux éditions du Tripode, avec deux albums qui affirment pleinement le style graphique et narratif d’un jeune auteur qui réalise là une solide entrée dans le 9e art.

Ainsi, Longue vie et Le Fils du roi s’inscrivent tous deux dans le même univers - le second comme la suite du premier - et amorcent une sorte de fresque médiévale-fantastique mêlant, première originalité, épique et burlesque de manière si naturelle que cela en rend le récit d’une redoutable efficacité. Et il faut bien cela car ce qui marque avant tout dans ces deux histoires relève d’abord de partis pris narratifs et graphiques très forts.

Un berger et son troupeau
Longue vie © Stanislas Moussé / Le Tripode

C’est d’abord une "simple" histoire de vengeance. Un berger parti faire paître son troupeau de bovins découvre avec horreur, en rentrant dans son village de montagne, le massacre perpétré par les soldats d’un royaume voisin. Poursuite, combats, exécution, fuite, révolte et finalement prise du pouvoir : la trame se déploie à travers de nombreux rebondissements. Présenté ainsi, tout cela peut paraître banal voire éculé, mais c’est avant tout une plongée dans des genres et canevas classiques et surtout un moyen de dynamiser le récit et déployer le plus efficacement possible les choix de composition.

Car Longue vie est un récit muet, de grandes planches en pleine page, en noir et blanc. C’est là que tout bascule pour construire l’un des objets BD les plus originaux et réussis de l’année 2020.

Poursuite et jeu de cache-cache
Longue vie © Stanislas Moussé / Le Tripode
De l’épique !
Longue vie © Stanislas Moussé / Le Tripode

Dès lors, il s’agit pour le lecteur de s’immerger littéralement dans les planches pour en retrouver l’idée centrale, qui tient les récits, et autour de laquelle s’articule à chaque fois quantité d’autres éléments, parfois ponctuels, parfois déployant leur propre séquence narrative sur quelques pages. Il y a là un côté "où est Charlie" assez irrésistible mais aussi une invitation à réfléchir sur ses modes de lecture en bande dessinée. Feuillette-t-on le volume pour voir les progrès du héros ou bien nous attardons-nous pour découvrir le destin de quelques biches n’ayant rien demandé à personne mais bien présentes dans les bosquets servant de cadre à l’action ?

Le sens du détail jaillit de partout, mais est pourtant rendu d’autant plus discret et modeste du fait de ces personnages aux contours enfantins, majoritairement cyclopéens. Le trait s’y fait à la fois naïf et méticuleux, dans une association aussi évidente que surprenante. Minutie et simplicité concourent ainsi, dans un jeu autant d’entrelacement que de contraste, à l’éclatante réussite de ce récit graphique.

Un bestiaire fantastique
Longue vie © Stanislas Moussé / Le Tripode
Retour du gaufrier
Le Fils du roi © Stanislas Moussé / Le Tripode

Le Fils du roi continue dans cette veine avec cependant des aménagements. Si le muet et le noir et blanc perdurent, les changements portent sur le format et la mise en page. Le volume s’avère plus grand, ce qui ouvre la voie à des expérimentations autour du découpage. Les pleines pages ne sont pas complètement oubliées mais elles alternent avec la "redécouverte" du gaufrier et des possibilités rythmiques qu’il offre.

Le Fils du roi pourra dès lors sembler plus classique. Mais la créature démesurée qui constitue le cœur de son récit justifie amplement tous les choix de découpage opérés, parfaitement réfléchis, pour livrer des moments d’orgie visuelle proprement gargantuesques. Le résultat s’avère donc tout aussi formidable et l’on a déjà hâte de découvrir la suite de la carrière de Stanislas Moussé.

Et celle-ci passe déjà, jusqu’à la fin de l’année, par une exposition à la galerie Huberty & Breyne où l’on pourra (si tout va bien, et au minimum en numérique) découvrir les œuvres de l’artiste.

Une créature qui va avoir du mal à tenir dans les cases
Le Fils du roi © Stanislas Moussé / Le Tripode

(par Aurélien Pigeat)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782370552181

Stanislas Moussé, aux éditions Le Tripode :
- Longue Vie : noir et blanc, 208 pages, 17.4 x 24.1 cm, 20 euros. Sorti le 28 mai 2020.
- Le Fils du roi : noir et blanc, 126 pages, 21.4 x 29.8 cm, 20 euros. Sorti le 12 novembre 2020.

Le Tripode ✏️ Stanislas Moussé
 
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