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Louise Joor : "La situation des auteurs de BD n’est pas évidente, c’est pour cela que j’ai poussé mon coup de gueule devant les politiques"

Par Christian MISSIA DIO le 6 septembre 2014                      Lien  
L'édition 2014 du Prix Saint-Michel qui a sacré Florence Cestac pour le grand prix a été marqué cette année par l'intervention de Louise Joor, la jeune lauréate du prix de l'avenir, qui exhorta les pouvoirs publics à soutenir les jeunes auteurs de BD.
Louise Joor : "La situation des auteurs de BD n'est pas évidente, c'est pour cela que j'ai poussé mon coup de gueule devant les politiques"
La Fête de la BD de Bruxelles 2014

Rudi Vervoort, le Ministre-président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale ne s’attendait sans doute pas à pareille situation. Alors que celui-ci remettait le prix Saint-Michel de l’avenir à Louise Joor pour son album Kanopé, celle-ci profita de la tribune qui lui était accordée pour interpeller les politiques sur la situation des bédéistes. Rejointe plus tard par Paul Cauuet, co-lauréat du prix Saint-Michel du meilleur album qu’il reçut des mains de Joëlle Milquet, la nouvelle ministre de la culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ceux-ci ont accepté de commenter cette intervention.

Bonsoir Louise Joor, pouvez-vous vous présenter ?

Louise Joor : Je suis l’auteure de Kanopé et la gagnante du prix Saint Michel 2014 de l’avenir. Je suis très heureuse d’être la lauréate de ce prix car c’est mon premier album.

Durant votre discours, vous avez lancé un appel aux politiques afin de les sensibiliser sur la situation des auteurs de bande dessinée en Belgique. Avez-vous connu beaucoup de difficultés ?

Louise Joor : Oui, effectivement. Se lancer dans une carrière artistique n’est déjà pas facile car il y a énormément de monde dans ce secteur. Quelque part, c’est un peu normal, mais là où le bât blesse c’est que nous ne sommes vraiment pas soutenus au niveau administratif ! Vu qu’il y a de nombreux politiques à cette cérémonie et qu’ils ont tous vanté l’importance de la BD dans le patrimoine belge, je me devais de leur parler de nos difficultés. C’est vrai qu’il existe beaucoup de choses pour soutenir les artistes, mais je trouve que les jeunes auteurs sont un peu délaissés. Maintenant, je ne connais pas la situation en France. Peut-être que Paul pourrait nous éclairer sur ce sujet.

Louise Joor & Paul Cauuet
Crédit photo : DR

Paul Cauuet : C’est vrai que lorsque l’on débute dans ce milieu, on est un peu livrés à nous-mêmes. Excepté nos éditeurs, nous avons peu de contacts avec toute la chaîne de production du livre. Nous n’échangeons pas ou peu avec le secteur de l’imprimerie, par exemple. Nous sommes aussi peu familier avec le système d’imposition propre à notre métier. Lorsque l’on commence, on découvre que l’on doit payer des cotisations à l’AGESSA, la sécurité sociale des auteurs. Je ne sais pas comment cela se passe en Belgique, mais en France, il n’y a pas vraiment de statut d’auteur. Du coup, il y a beaucoup de zones d’ombre et on ne sait pas toujours comment avancer dans notre métier.

Kanopé
Louise Joor (c) Delcourt

Louise Joor : C’est pareil en Belgique, il n’y a pas non plus de statut d’auteur. Même SMartbe, la Société Mutuelle pour artistes en Belgique n’est pas adaptée pour les personnes qui ne perçoivent que des droits d’auteurs. On a le choix qu’entre les statuts de "salarié" ou d’"indépendant" mais aucun d’eux ne correspond à notre profession ou ne favorise notre situation. C’est pour cela que j’ai poussé mon coup de gueule !

Votre réaction n’est pas isolée, malheureusement. Cela fait un moment que les auteurs, même les confirmés, se plaignent de leur situation. Certains tels que Philippe Bonifay et Bruno Maïorana ont même annoncé l’arrêt de leurs carrières dans le 9ème art. Au-delà des effets d’annonce et vu qu’en France comme en Belgique, il y a de nouveaux ministres de la culture, qu’attendez-vous concrètement de la part des pouvoirs publics ?

Louise Joor : Que ce soit en Belgique ou en France, c’est difficile dans les deux cas, mais, de manière différente. En ce qui me concerne, j’attends de leur part qu’ils prennent conscience de notre situation au niveau administratif et qu’ils mettent en place des mesures adaptées aux réalités du terrain.

Paul Cauuet : Le problème du statut social des auteurs de BD en France, c’est que jusqu’à présent nous payons peu de cotisations pour la retraite parce que nous savons que celle-ci ne sera pas importante. Dans le même temps, nous sommes exclus du chômage. Pour illustrer mon propos, je peux prendre le cas des intermittents du spectacle qui ont beaucoup de problèmes à ce niveau là. Les politiques aimeraient que le statut des auteurs de BD entrent dans la même case que d’autres statuts de travailleurs, sauf que nous sommes tellement paupérisés à la base que nous ne pouvons pas cotiser de la même manière que les autres. Et même si nous pouvions le faire, nous n’aurions quand même pas accès aux même droits comme le droit au chômage.

Les Vieux Fourneaux T1
Paul Cauuet & Wilfrid Lupano (c) Dargaud

Pour nos lecteurs qui ne seraient pas familiers de la situation sociale des auteurs de BD, quel type de contrat signez-vous lorsque vous entrez chez un éditeur ?

Louise Joor : Un auteur de BD n’est pas un salarié car il n’a pas de patron à proprement parler. C’est un contrat signé entre deux parties, le ou les auteurs et un éditeur.

Paul Cauuet : Ce qui va bientôt changer en France, c’est qu’avant, nous avions le droit de choisir des seuils de cotisations pour la retraite selon nos revenus et la plupart cotisaient au plus bas parce que le résultat au final n’était de toute façon pas intéressant. Mais en 2016, cela risque de changer. Tout le monde payera dans le cadre de la complémentaire-retraite un pourcentage sur les revenus qui sera le même pour tout le monde.

Louise Joor : Mais vous êtes encore bien en France parce que ce qui va vous arriver est déjà en place chez nous ! Dans mon cas, j’ai dû choisir le statut d’indépendant comme pas mal de mes collègues mais, en Belgique, lorsque tu es indépendant, tu as tout de suite une grosse somme à payer. Je suis une jeune auteure, c’est mon premier livre et j’ai dû "cracher" l’équivalent d’un mois... non, deux mois. Tu vois comment c’est n’importe quoi ?! Je comprends pourquoi vous râlez !

Paul Cauuet : Tu sais, les Français sont de grands râleurs. On n’est jamais contents de toute façon (rires).

Les lauréats 2014 du Prix St-Michel
Crédit photo : Jean-Jacques Procureur

Voir en ligne : La Fête de la BD de Bruxelles

(par Christian MISSIA DIO)

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En médaillon : Louise Joor

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Le blog de Louise Joor :

La Fête de la BD c’est aussi :

La Turquie invités d’honneur de la 5e Fête de la BD de Bruxelles

L’interview de Vincent Tutino, le coordinateur de la Fête de la BD

Philippe Geluck Grand Prix Saint-Michel 2013

 
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9 Messages :
  • C’est quand même incroyable qu’un artiste, à l’origine d’un incroyable travail qui génère un bon chiffre de ventes, qui fait tourner les rotatives des imprimeries, et qui indirectement fait travailler beaucoup de monde grâce à sa création, c’est quand même incroyable qu’il soit le plus petit maillon de la chaîne et condamné à vivre pour certains même talentueux sur le fil du rasoir.

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    • Répondu par dieggo le 6 septembre 2014 à  17:34 :

      Das Kapital.
      Le spectacle a fait miroiter pendant longtemps grâce à quelques auteurs starisés, qu’auteur de bd ça n’était pas être du côté du travail.

      Répondre à ce message

  • La situation n’est pas si compliquée que cela. Les auteurs de BD ne sont pas des salariés. Alors pourquoi réclamer des choses qui ne concernent pas leur statut d’indépendant (et pour lequel ils ne cotisent pas, pas comme les intermittents du spectacle). Là en l’occurrence, le droit au chômage. Dans les revendications du SNAC, il y a même eu une demande pour des congés payés. C’est n’importnawak...

    D’ailleurs, Louise Joor le rappelle fort justement : Un auteur de BD n’est pas un salarié car il n’a pas de patron à proprement parler. C’est un contrat signé entre deux parties, le ou les auteurs et un éditeur.

    (Et justement, il faut peut-être avoir eu un contrat d’édition entre les mains pour voir à quel point cela est déséquilibré... Mais ceci est une autre histoire.)

    Dans la forme, l’augmentation des 8% de cotisation est vraiment trop brutale mais dans le fond nécessaire. En tant qu’indépendant, les artistes auteurs bénéficient d’un traitement de faveur puisque qu’ils ne sont pas à l’URSSAF mais à la MDA/AGESSA (adossées au régime des salariés beaucoup plus favorable, comprenez moins cher pour le cotisant).
    Les auteurs de BD ne sont pas des salariés. Qui paiera leurs charges ? Le contribuable ? J’en doute fortement... Surtout en ce moment.

    Si les auteurs sont paupérisés comme le dit Paul Cauuet c’est surtout parce qu’ils acceptent des contrats tout juste hallucinant qui les engagent à fournir des montagnes de travail pour des sommes ridicules. Ce sont des règles de jeu qu’ils acceptent en connaissance de cause, en espèrant secrètement faire un best-seller... Forcément, il y a peu d’élus.

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    • Répondu le 7 septembre 2014 à  00:28 :

      (jingle)C’était un message de la droite décomplexée.(jingle fin)

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    • Répondu le 7 septembre 2014 à  05:56 :

      C’est marrant ! En partant d’un même fait - à savoir que les auteurs ne sont pas des salariés, j’en arrive à une conclusion différente ; ne bénéficiant pas des mêmes droits (chômage etc), pourquoi paieraient-ils les mêmes cotisations que les salariés ? "Qui va payer pour eux" ? Mais PERSONNE, puisqu’ils n’ont pas droit au chômage et que leur retraite peau de chagrin ça sera plus ou moins celle de base à laquelle on accède automatiquement à partir d’un certain âge ! Les auteurs, ils sont à CMU ! Au RSA entre deux séries, voire même pendant ! "Nécessaire" ? Faut-il rire ou pleurer ?

      C’est de leur faute parce qu’ils acceptent n’importe quel contrat ? Pas tous déjà, mais libre à vous de stigmatiser. Mais pourquoi les rendre coupables d’une situation dont ils sont victimes ? Les éditeurs, c’est des enfants de chœur qui auraient tort de priver ? Parce que bien souvent c’est ça ou rien du tout vu que là non plus c’est pas réglementé, si t’es pas content tu peux aller te faire éditer ailleurs (c’est à dire nulle part). Le royaume de l’arbitraire, sans même évoquer la compétence et l’honnêteté des éditeurs (ah ben zut, je viens de le faire). C’est pour ça qu’il faudrait cotiser plus ?

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      • Répondu par Sly le 7 septembre 2014 à  09:43 :

        “pourquoi paieraient-ils les mêmes cotisations que les salariés ?”

        Les cotisants MDA/AGESSA paient pour la sécurité sociale. Et la hausse des 8% concerne la complémentaire retraite. Si ils étaient à l’URSSAF, je peux vous assurez qu’ils couineraient bien plus que ça. (en plus de la CFE et autres joyeusetés...). Là, ils sont adossés au régime des salariés qui leur est bien plus favorable en terme de cotisation. Ca ne signifie pas pour autant qu’ils sont des salariés...

        Et si les auteurs devenaient des salariés ? Même au smic, pour la plupart d’entre eux ça serait bien mieux que de toucher une poignée de cacahouètes. Un CDD le temps de réalisation d’un album (6/9 mois). En plus d’un revenu mensuel, ils cotiseraient et bénéficieraient (cette fois-ci...) des mêmes avantages que... des salariés. ;)
        Pourraient cumuler des droits au chômage etc... Mais je ne suis pas sûr que les éditeurs voudraient jouer le jeu et assurer l’aspect social de leur activité. Pour l’instant, il n’y a aucune parité. Et le déséquilibre se fait en grande partie au détriment des auteurs.

        En ce qui concerne leur rapport avec les éditeurs, un des problèmes majeurs se situe là. Il suffit de regarder le documentaire "Sous les bulles" pour voir le cynisme de certains éditeurs face à la détresse des auteurs. Les (disons, une bonne partie...) éditeurs sont bien silencieux face à la situation actuelle des auteurs.

        Que le SNAC fasse des revendications crédibles...

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      • Répondu le 7 septembre 2014 à  12:03 :

        " ne bénéficiant pas des mêmes droits (chômage etc), pourquoi paieraient-ils les mêmes cotisations que les salariés ?"

        Les auteurs ne paient pas les mêmes cotisations que les salariés. Ils paient les mêmes cotisations que les Travailleurs non salariés (TNS) en France, comme toutes les professions indépendantes (à savoir maladie, CSG CRDS, vieillesse et formation pro). Les auteurs n’ont pas droit au chômage : il ne cotisent pas au chômage comme tous les TNS en France.

        Et les cotisations sociales des auteurs (MDA ou AGESSA) sont beaucoup plus avantageuses que celles des autres tns (15.75% pour l’agessa +8% bientôt pour la retraite complémentaire contre plus de 46% retraite complémentaire -8%- incluse pour un artisan ! plus de 57% sans la complémentaire retraite pour un salarié -part patronale et salariale-). A une époque, je connaissais beaucoup d’artisans d’art qui essayaient de se faire affilier à la MDA plutôt qu’au RSI et pour cause !

        La situation des auteurs est difficile. C’est un fait. Les auteurs sont pauvres.

        Il y a beaucoup à défendre, réformer dans leur statut. Le fait que le contrat d’édition soit négocié de manière asymétrique (un artisan fixe ses tarifs, le client accepte ou pas) est un gros problème qui entretient leur pauvreté.
        Beaucoup d’auteurs ont un lien de subordination avec leur éditeur, ce qui devrait en faire, de fait, des salariés.

        Mais par pitié, n’allez pas dire que leur statut est moins avantageux que les autres ou qu’ils sont (comme je l’ai lu sur un tract du snacdb) les seuls à ne pas toucher de chômage.

        Il y a suffisamment à redire sur la situation des auteurs pour ne pas raconter de fadaises !

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  • Bonjour,

    Nous nous permettons de mettre en lien l’action effectuée voici quinze jours à Angoulême.

    Voici son communiqué :

    (La cause des Auteurs ) NEWS : COMPTE-RENDU de la RENCONTRE entre les AUTEURS et Mme AURELIE FILIPPETTI, à Angoulême, le 22 août 2014 à 17 h 30 :

    " C’est dans un salon de l’hôtel Mercure d’Angoulême, le vendredi 22 août à 17 h 30, qu’une délégation de deux auteurs angoumoisins, MM. Eric Wantiez et Stéphane Servain, a rencontré Mme Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture et de la Communication, et son directeur de cabinet, M. Martin Ajdari.

    COULISSES
    Ce rendez-vous ministériel a été obtenu par M. Xavier Bonnefont, maire UMP d’Angoulême, alors que « La Cause Des Auteurs » l’avait sollicité la veille à 16 h par le biais de sa page communautaire, ayant découvert la venue de Mme la ministre dans la ville charentaise à l’occasion de l’inauguration du festival du film francophone.
    Dès lors, une quinzaine d’auteurs ont relayé l’information sur les réseaux afin de former la petite délégation d’auteurs susceptible d’expliquer la situation actuelle au cabinet. Parmi eux, vendredi matin, M. Marc-Antoine Boidin, membre du comité de pilotage du SNAC-BD, et Christian Vilà, coprésident du SELF (Syndicat des Ecrivains de Langue Française), lesquels ont soutenu cette action.
    Dès jeudi soir, M. Wantiez, contacté grâce au relais de M. Eric Dérian, auteur de BD, s’est porté volontaire auprès de nous pour être présent à la rencontre. Puis, parmi les auteurs charentais, cinq autres personnes se sont portées volontaires vendredi midi : Angélique Césano, Marie Deschamps, Delphine Rieu, Guilhem et Nicolas Tabary. Apprenant par M. Bonnefont que le ministère n’acceptait qu’une délégation de deux auteurs, deux noms lui étaient finalement donnés, ceux de M. Wantiez et Mme Césano. Le duo final n’a été déterminé qu’en début d’après-midi.

    LE RENDEZ-VOUS
    La rencontre qui s’est déroulée dans une ambiance conviviale autour d’un café a permis aux deux auteurs d’aborder un certain nombre de sujets, notamment celui de la réforme de la retraite complémentaire (Raap-Ircec), objet de la fronde actuelle des auteurs professionnels de tout domaine du livre.
    Au terme de l’entretien, les auteurs ont eu le sentiment d’avoir été écoutés. « Entretien cordial. Une empathie certaine », que la délégation estime sincère. « Une certaine prise de conscience sur certains points » aussi. Telle l’absence de participation des éditeurs aux charges, telle la faiblesse des rémunérations, telle l’absence totale de concertation entre le RAAP et les auteurs.
    Ils ont l’impression que Mme la ministre s’est véritablement penchée sur le dossier de la réforme de la retraite complémentaire, qu’elle est réellement consciente du problème au regard de certains éléments de réponse. Mme Filippetti, dont le cabinet a donc enquêté sur la réforme en cours et a pris le temps nécessaire à la compréhension du dossier, « a assuré que cela bougerait avant qu’on s’énerve ». Elle semblait notamment assez « outrée par le ton paternaliste de la lettre de M. Buxin », faite « sans que son ministère ait été informé. », mais aussi par l’augmentation de cotisation annoncée par le RAAP / IRCEC. « Ils semblaient persuadés que les éditeurs participaient aux cotisations des auteurs », commentent les auteurs.
    Pour Mme Filippetti, « il faut prendre le temps de mettre à plat la réforme. » Ministère de la Culture et ministère des Affaires sociales devraient conjointement se pencher sur le problème à la rentrée et lancer ensemble des concertations et des négociations.
    Surtout, au-delà du problème crucial du Raap-Ircec, Mme Filippetti a ainsi entendu « le désarroi de la profession face au flou de son statut, de surcroît face à la paupérisation du métier. »

    Nous nous réjouissons ici que « La Cause Des Auteurs », par le biais de sa page communautaire, ait aidé à débloquer le dialogue entre auteurs et ministère. Depuis la Lettre ouverte des 748 auteurs de BD à la mi-juin, lettre à l’initiative du groupement Snac-BD, représentatif de la communauté des bédéistes, le dossier était techniquement dans les seules mains de M. Frédéric Buxin, président du Raap-Ircec. Cet organisme est pour l’heure remarquable par son inertie dans le dialogue, malgré les demandes de rendez-vous des diverses représentations syndicales d’auteurs. Depuis lors, le Conseil Permanent des Ecrivains n’a pu obtenir de rendez-vous.

    Il était temps que le politique reprenne le dossier qu’il n’aurait jamais dû abandonner au champ technique. Voilà qui semble effectif grâce à l’intervention conjointe de M. Bonnefont (UMP) et Mme Filippetti (PS).

    VIGILANCE DES AUTEURS ET RELAIS A LEURS REPRESENTATIONS SYNDICALES
    « Le message est passé en tous cas. Est-ce qu’elle va vraiment agir ? On ne peut présumer de la volonté politique. » Si le dialogue est amorcé par cette initiative impromptue, la vigilance est naturellement de mise dans le milieu des auteurs : « C’est déjà un petit plus par rapport à « avant la rencontre », « Cela ne règle rien mais rien que de sortir du calme de ces dernières semaines, cela fait chaud au cœur » , « Tout cela est de la poudre aux yeux, rien de plus ».
    Aux syndicats et groupements représentatifs d’auteurs de prendre désormais le relais pour les négociations, à venir prochainement, comme assuré vendredi. Une initiative en ce sens sera prise très prochainement par le SNAC et le SELF.

    TWEET AGAIN
    Dès samedi matin, Mme Filippetti a posté un tweet confirmant ses propos à la délégation ("A Angoulême, j’ai reçu des auteurs BD sur la hausse trop brutale des cotisations retraite décidée par le RAAP. Une concertation doit venir."). Désormais, il paraît difficile au RAAP / IRCEC de demeurer inerte, et aux vingt membres de son conseil d’administration de décider sans la moindre concertation du sort de cinquante mille affiliés.

    REMERCIEMENTS
    Merci à la quinzaine d’acteurs sans lesquels ce rendez-vous n’aurait pas eu lieu. Remercions tout particulièrement le maire d’Angoulême, maître d’oeuvre de cette rencontre, qui a rapidement pris contact avec le cabinet ministériel pour répondre à la demande de « La Cause Des Auteurs » ; à M. Wantiez qui a aussitôt accepté de représenter la communauté des auteurs à ce rendez-vous. Sans eux, rien n’aurait véritablement été possible. Remercions aussi chacune et chacun des auteures et des auteurs (de tous les horizons éditoriaux) dont l’action a permis à cette initiative impromptue de se réaliser, pour leurs relais d’information afin de constituer la délégation : Eric Dérian et Alexe Tygra, Audrey Alwett, Bruno Bellamy, Olivier G. Boiscommun, Olivier Brazao, Anne Cresci, Carole Desrousseaux, Nicolas Fumanal, Fémi Peters, Fanny Ruelle, Béatrice Tillier, Laurent Wagner.

    EN GUISE DE CONCLUSION
    Nul besoin d’abonder sur la nécessité pour les auteurs de prendre conscience que l’évolution de leur statut passe nécessairement par le politique ; que cette évolution ne pourra se réaliser sans la mobilisation personnelle de chacun, sans l’implication personnelle de chacun, notamment auprès de la représentation nationale de sa région, sans la discussion entre les divers domaines de l’édition ; qu’adhérer à un syndicat et un groupement ne peut qu’aider à cette mobilisation ; qu’une poignée de bonnes volontés isolées peuvent aussi faire bouger les lignes, ce qui fut le cas, en l’espèce.
    Merci.

    Compte-rendu approuvé par M. Bonnefont, maire d’Angoulême, M. Eric Wantiez, auteur non syndiqué, par le Syndicat des Ecrivains de Langue Française et son coprésident M. Christian Vilà, par M. Marc-Antoine Boidin, du comité de pilotage du SNAC-BD et naturellement, La Cause Des Auteurs."

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    • Répondu par H20 le 7 septembre 2014 à  19:23 :

      Beaucoup trop long, apprenez à résumer si vous voulez qu’on vous lise.

      Répondre à ce message

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