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Ma voisine est indonésienne : Chic planète !

Par Laurent Melikian le 22 janvier 2021                      Lien  
Un dessinateur de BD est intrigué par sa voisine originaire des confins de l’Asie. Cherche-t-il l’histoire de l’autre ou le regard de l’autre ? Emmanuel Lemaire offre un voyage peu commun.

L’auteur l’appelle Mme Hibou, parce qu’en langue indonésienne « ibu » veut dire « Madame ». Cependant, avec sa silhouette boulotte et ses lunettes rondes, cette curieuse locataire est un drôle d’oiseau, du genre migrateur. Traductrice en semaine, elle se fait voyageuse ferroviaire le week-end. L’aventurière explore l’hexagone en quête littéraire -mais aussi gastronomique-. Elle se rend à Charleville-Mézières sur les traces d’un poète qui aurait été l’amant de sa grande tante -pourquoi pas l’appeler Arthur vu le parcours excentrique de Rimbaud ? Ou à Niort pour constater si -comme l’affirme Houellebecq- la préfecture des Deux-Sèvres est bien « une des villes les plus laides ». Prenant un bus au hasard, il lui arrive de se perdre jusqu’à son terminus, au bout du bout de la France profonde à la rencontre de ses irréductibles Gaulois.

Ma voisine est indonésienne : Chic planète !
© Lemaire / Delcourt

Et Emmanuel Lemaire de se mettre en scène, cherchant à mieux comprendre ce personnage. Celle-ci ne se livre jamais complètement, commence son récit et l’interrompt pour servir sa spécialité, filer à l’anglaise. N’empêche qu’au fil des pages et des questionnements, on en apprend un peu sur l’Indonésie et beaucoup sur la France scrutée avec bienveillance. « Les étrangers connaissent souvent mieux un pays que ceux qui l’habitent » confie la traductrice installée au pays de Victor Hugo par attrait pour sa culture.

© Lemaire / Delcourt

L’auteur donne à voir échanges et déambulations par des dessins séduisants, minutieusement tracés. Le regard chemine dans des compositions souvent fouillées, toujours lisibles. Le lecteur plane parfois au-dessus de vues aériennes, sans se prendre pour une machine volante : il a plutôt le sentiment de bien avoir ses deux pieds sur cette Terre où individus et territoires semblent toujours plus proches, en dépit d’un confinement qui intervient en dernière partie de récit.

«  En Indonésie, tout le monde peut être considéré comme de la famille, …  » conclut la voisine. Nous voilà tous un peu indonésiens ou indonésiennes.

(par Laurent Melikian)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782413024088

Ma Voisine est indonésienne - par Emmanuel Lemaire - Ed. Delcourt, coll. Shampooing

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