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Michel Fraisset (Directeur du Festival d’Aix) : « Nous ne voulons pas d’un festival où les auteurs se retrouvent à la hauteur des braguettes »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 11 avril 2011                      Lien  
Les Rencontres d’Aix en Provence sont devenues un rendez-vous recherché par les amateurs et les auteurs de BD au cœur du mois d’avril. Sous un ciel radieux, pas moins de 15 expos sont programmées avec de nombreuses rencontres et manifestation. Une démarche exemplaire.

Depuis combien de temps de temps ce festival existe-t-il ?

Depuis huit ans. J’avais créé auparavant à Perthuis un festival mêlant la bande dessinée et le théâtre de rue. Le succès de cette manifestation venait du fait que lorsque les gens sortaient de leur séance de dédicace, ils retrouvaient des proximités avec leurs univers en 3D, une autre part de rêve et d’imagination.

C’est la même logique qui sous-tend les concerts de dessin d’Angoulême, de la BD-spectacle !

Je crois qu’elle passe effectivement par là, par l’envie de sortir des prés carrés, ce mal très français que l’on tente de vaincre : il n’y a pas que de gens de théâtre, de danse, de musique… Quand ces gens-là rencontrent des auteurs de bande dessinée, cela fait quelquefois de belles surprises.

Il n’y a chez vous aucune démarche commerciale.

Oui, et d’année en année, on tente de l’oublier, surtout avec les auteurs. Ceux-ci viennent de moins en moins s’il y a seulement des albums à dédicacer, même lorsqu’ils sont en promo pour leur nouvel album.

L’idée est de tordre le cou à la dédicace ?

C’est de trouver d’autres solutions pour que les auteurs prennent du plaisir et rencontrent le public d’une autre façon. Je les ai souvent entendus dire : « Nous, voir des personnes au niveau des braguettes pendant des heures, ce n’est pas forcément ce qui est le plus palpitant. » C’est pourtant ce qui se passe depuis que les festivals existent. C’est pourquoi nous sommes tout à fait preneurs de trouver avec eux de nouveaux concepts.

Michel Fraisset (Directeur du Festival d'Aix) : « Nous ne voulons pas d'un festival où les auteurs se retrouvent à la hauteur des braguettes »
Lewis Trondheim en dédicace : "S’il te plaît, dessine-moi un Menu"...

Qu’est-ce qui caractérise le festival d’Aix par rapport aux autres festivals ?

C’est d’abord la volonté affirmée et pas subie d’associer les auteurs autour de ces propositions, comme par exemple l’idée des CuBDes dans lesquels le public est immergé dans l’univers d’un dessinateur, je crois que tout le monde y trouve son compte. Il y a aussi la durée du festival qui est d’un mois, la volonté d’utiliser les lieux culturels et patrimoniaux de la ville d’Aix, pas seulement pour accrocher des planches sur les murs mais aussi pour donner du sens à ces accrochages, ce qui signifie travailler avec les équipes de médiation des musées et faire en sorte que qu’il y ait une rencontre entre des scientifiques et des dessinateurs qui donne du sens à l’exposition.

Une des animations originales d’Aix : Les dessinateurs dessinent avec leur public

C’est aussi un festival gratuit.

Cela aussi, c’est un choix. On ne veut pas que les gens qui pénètrent dans les lieux de rencontre et de dédicace paient le moindre centime. Nous préférons qu’ils aillent acheter des livres. Pour encourager les quatre libraires d’Aix en Provence présents qui collaborent dans un lieu unique et mutualisent tout. De leur côté, les auteurs sont installés sur un point de dédicace, décidant eux-mêmes des horaires auxquels ils veulent venir en remplissant un tableau.

Qui finance, s’il n’y a pas de recettes ?

Ce sont des fonds publics. C’est aussi un choix très affirmé : puisque cet argent vient de notre poche, il faut que nous puissions en bénéficier sans que l’on nous fasse payer. Ce sont les collectivités qui paient : la Ville, la Communauté urbaine, la Région, le Département, le Centre National du Livre. Après il y a des mécènes privés comme la Caisse d’Epargne qui nous soutient depuis des années, des partenariats avec la SNCF, GDF-Suez qui nous aident depuis deux ans et d’autres entreprises qui accompagnent notre action.

Les Rencontres d’Aix : Ici avec Lisa Mandel, Mathilde Domecq et Julien Neel. (Animation, à g. : Sébastien Bollut du CIBDI d’Angoulême)

Combien de personnes travaillent sur le Festival ?

Sur le « hard », à partir du moment où l’on commence à travailler sur le Festival, sur la conception et direction artistique, il y a Serge Darpeix et moi, et puis Tania Trovato cette année sur la logistique : transport, encadrement des auteurs, etc. Après, il y a une équipe de professionnels de la scénographie qui vient travailler avec nous. Olivia Tournadre, qui vient du cinéma, travaille avec nous depuis le début. C’est aussi une des caractéristiques d’Aix : les accrochages ne se font pas simplement sur des murs ou sur des grilles, mais sur des structures qui se font sur plan, pour valoriser le travail des auteurs.

Et quel en est le bilan 2011 ?

Cette huitième édition me semble bien partie. Les auteurs se sont montrés très disponibles et les gens très curieux. L’année dernière, nous comptions 52.000 visiteurs dont 12.000 lors du Week-end BD. Ce chiffre, on l’a avec le comptage des expos et aussi le décompte du nombre des BD vendues.

Propos recueillis par Didier Pasamonik

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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