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Salon du livre de Paris 2013 : La bande dessinée roumaine à l’honneur

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 23 mars 2013                      Lien  
Ce n'est pas la première fois que nous parlons de la Roumanie sur ce site. L'historien Dodo Niţǎ et le dessinateur Mircea Arapu en sont, depuis bien des années, les plus actifs représentants. C'est un pays qui entretient une relation particulière avec la BD francophone et en particulier Pif-Gadget, mais qui voit aussi arriver chez nous de nouveaux talents.
Salon du livre de Paris 2013 : La bande dessinée roumaine à l'honneur
Dodo Niţǎ, le meilleur spécialiste de la BD roumaine
Photo : D. Pasamonik

Dodo Niţǎ est un cas. Il fait partie de ces spécialistes qui jouent un rôle-clé dans la diffusion, la promotion et la légitimation de la bande dessinée dans leur pays. Un peu comme Claude Moliterni en France, Kees Kouzemaker en Hollande, ou Rinaldo Traini en Italie. Sans eux, la bande dessinée n’aurait pas le statut qu’on lui connaît aujourd’hui.

Niţǎ parle le français et il doit sa connaissance à Pif Gadget, un hebdomadaire, cela se sait peu, qui était notamment financé par le Parti Communiste Français et dont les invendus étaient recyclés dans les pays du glacis communiste.

À vingt ans, étudiant le français, Niţǎ découvre les grands classiques de la BD franco-belges dans la bibliothèque de son université. En lisant Tintin et Le Sceptre d’Ottokar, il lui trouve bien des points communs avec son pays. Il lui consacra un essai, devenant ensuite le traducteur du reporter à la houppe, actuellement publié en Roumanie par le Français André Szacvary avec un tirage de 2000 exemplaires environ.

Niţǎ est aussi l’auteur d’une Histoire de la bande dessinée roumaine (1992), du Dictionnaire de la BD en Roumanie (1996, 2005), de L’Âge d`or de la BD roumaine (2004) parmi les centaines d’articles sur la BD écrits en Roumanie et à l’étranger.

L’essai de Dodo Niţǎ sur Tintin

La Syldavie est-elle roumaine ?

Ce passionné a même écrit un essai sur Tintin : Tintin en Roumanie qui défend la thèse que ce pays est l’inspirateur de la Syldavie. L’auteur considère que la source d’inspiration d’Hergé vient d’une visite au pavillon roumain de l’Exposition Universelle des Arts et des Techniques de Paris en 1937 : la Syldavie semble une contraction des mots Transylvanie et la Moldavie, deux régions de la Roumanie. La région montagneuse des « Zmyhlpates » (jeu de mot composé de « Carpates » et « mille-pattes ») ressemble bien quand on compare les lieux montrés par Hergé avec une carte de la Roumanie. Les jurons du capitaine Haddock, par exemple, témoignent aussi un intérêt pour le pays : « Bougre de papou des Carpates », « Crétin des Balkans », ou encore « Espèce de bachi-bouzouks des Carpates » vitupère le véhément marin face à la police secrète syldave…

Il y a enfin l’argument historique : la parallèle à faire entre la faction complotiste de l’album, la « garde d’acier » et l’organisation d’extrême-droite roumaine à son zénith en 1938, la « garde de fer », entre le culte de la personnalité du dictateur moustachu, le maréchal Plekszy-Gladz et un certain Staline… Par ailleurs, quand on compare les portraits du prince roumain Alexandru Ion Cuza, il y a clairement un air de famille avec le jeune roi de Syldavie Muskar XII… Enfin, l’emblème de la couronne syldave est un pélican noir. Or, selon Dodo Niţǎ, le seul pays d’Europe où vivent encore des pélicans sauvages est la Roumanie et cet argument pèse peu face à celui d’un Hergé qui aurait, dit-il, simplement emprunté cet emblème à une marque d’encre de Chine…

BD franco-belge et BD roumaine

Mircea Arapu. Grâce à Pif & hercule et à Arthur le fantôme, il est l’auteur de BD roumain le plus publié en France
Photo : D. pasamonik (L’Agence BD)

L’autre grande figure peu connue de la BD roumaine, et pourtant très présente en France est Mircea Arapu. Il a été longtemps le dessinateur de Pif & Hercule et surtout d’Arthur le Fantôme dont il réalisa 34 épisodes sur des scénarios de Raymond Maric. Il faut lire sur son blog son article Quand je serai grand, je serai Pif !, où il raconte mille et une anecdotes de sa carrière. Il tient d’ailleurs un blog très amusant, L’eusses-tu cru ?, où il fait des commentaires d’actualité avec Pif, son personnage fétiche.

Sidi Bouzid Kids par Eric Borg et Alex Talamba
Ed. Kstr/Casterman

Nous avons déjà abordé dans ces pages la présence de la BD roumaine en France et nous la retrouvons au Salon du Livre de la porte de Versailles, avec deux jeunes auteurs présents : Alex Talamba (alias Alex tamba) qui publie Sidi Bouzid Kids chez Kstr/Casterman sur un scénario d’Éric Borg et Ileana Surducan, présente sur la toile grâce au site 30 jours de BD qui a prépublié Eduardo le renardeau (Sc. Shuky) puis Le Cirque – Journal d’un dompteur de chaises chez Makaka, tandis qu’un autre de ses ouvrages, L’Ami interdit (sc. Vincent Dumas), paraît aux éditions Caïman.

L’un et l’autre, avec Mircea Arapu, ont participé à des débats où ils ont évoqué leur travail et leur relation avec la France.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Salon du Livre de Paris

Du 22 au 25 mars 2013

Parc des Expositions

Paris Porte de Versailles – Pavillon 1

Boulevard Victor, Paris 15e

Le site de l’événement

 
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