Motivé comme toujours à l’idée de laisser derrière lui l’héritage de son père, un maître du crime chinois supposé immortel, nous retrouvons Shang-Chi à San Francisco dans une planque inhabituelle : il travaille désormais dans un restaurant chinois du coin pour avoir le droit d’y loger dans une chambre à l’étage.
Pas de chance pour le héros, l’organisation de son défunt (?) père vient de changer de mains : la volonté immortelle de celui-ci a choisi Shang-Chi comme son successeur à la tête de son organisation criminelle ! Bien que cela ne plaise pas à tous les membres de sa famille à la tête de grandes maisons, le héros va voir débarquer dans sa chambre des guerriers qui ont pour mission de le ramener en Chine...
Un point de départ qui peut apparaître classique, mais qui laisse vite place à une intrigue surprenante et au caractère mystique bien assumé. Modernité et tradition se confrontent devant les yeux de Shang-Chi, lui qui souhaite laisser son héritage familial derrière lui. Des dragons aux guerriers morts-vivants, le lecteur va découvrir un panel assez large de créatures fantastiques qui vont faire irruption dans la vie du héros, ce qui laissera bien évidemment la place pour introduire de nombreuses scènes de baston. Elles sont assez efficaces, même si nous aurions apprécié qu’elles appuient davantage une forme d’intensité dans les échanges car le personnage principal est quand même présenté comme « le maître du kung-fu » par l’éditeur.
On retrouve des emprunts bienvenus à l’histoire coloniale en Chine : les conquêtes des puissances européennes au XIXe siècle servent ici de moteur à la colère du père de Shang-Chi et à sa volonté d’endurcir ses enfants. Il est ainsi plaisant de découvrir dans ce cadre historique des supposés ancêtres aux personnages de l’éditeur Marvel qui font le lien vers le genre fantastique. Par exemple, on découvre un sorcier anglais du nom de Baron Harkness qui n’hésite pas, durant la Guerre de l’opium, à invoquer les sans-âmes de Dormammu pour aider les troupes britanniques !
Toutefois, au-delà du spectacle offert dans cette mini-série, c’est l’écriture agréable du personnage de Shang-Chi qui nous a beaucoup plu. « Apprendre à conquérir soi-même avant d’affronter le monde » : Shang-Chi va devoir apprendre à faire la paix avec son passé familial ou à le faire véritablement sien. Une évolution bienvenue tout au long de l’album qui permet aisément de maintenir l’attention du lecteur.
Shang-Chi : Lutte fraternelle peut mériter le coup d’œil. Sans être indispensable dans le catalogue Marvel actuel, l’album rappelle avec efficacité les qualités du personnage de Shang-Chi et le laisse en bonne forme pour ses futures aventures.
(par Romuald LEFEBVRE)
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Shang-Chi : Lutte fraternelle. Par Gene Luen Yang (scénario), Dike Ruan et Philip Tan (dessins). Traduction de Makma/Mathieu Auverdin. Panini Comics. Sortie le 25 août 2021. 120 pages. 17,00 Euros.