Voilà deux auteurs qui étaient faits pour se rencontrer, comme ils nous le démontrent à chacune de leurs sorties. Déjà la quatrième en l’occurrence, avec ce one-shot à la fois épique et mystique !
En effet, Sylvain Runberg aborde un sujet rarement évoqué dans le Space Opera, à savoir l’aspect religieux dans la globalité d’une galaxie. Certes, Star Wars parle de la force, mais il s’agit plus d’équilibre que de dieux à qui l’on voue un culte.
Dans Space Relic Hunter, il y a quatre dieux qui forme un panthéon régnant sur la galaxie. Et le terme "régner" n’est pas usurpé car ces immortels sont protégés par des légions qui ont asservi toutes les races sous leur emprise militaire. Sans oublier que toutes les autres religions ont été éradiquées, nos quatre dieux susceptibles ne supportant pas la concurrence.
C’est dans cette ambiance plombée qu’est apparu un nouveau métier, celui de pourvoyeur de reliques anciennes. Lassés du joug qui les opprime, certains peuples sont prêts à payer pour retrouver les preuves de leurs anciennes religions et renouer clandestinement avec leurs fondamentaux.
Et au jeu de retrouver ces reliques, le tandem formé par Xia et Little Mercur est l’un des meilleurs. C’est pour cela qu’ils sont contactés par un mystérieux commanditaire pour leur confier la mission la plus dangereuse de leur vie. Mais comme c’est aussi la mieux payée, notre étrange tandem n’y réfléchit pas à deux fois. Même lorsqu’il est question de faire équipe avec un ancien centurion déserteur. Sauf que, bien entendu, rien ne va se passer comme prévu !
D’emblée le scénariste nous comble : le cadre est à la fois simple, efficace et relativement innovant. Bien entendu, ce ne sont pas les premiers chasseurs de reliques que l’on connaisse, on pense entre autres à "Star-Lord". Mais les liens s’arrêtent là, car Runberg est suffisamment intelligent pour construire des personnages attachants, qui se démarquent. Notre coup de cœur va certainement à la remuante Xia dont la religion la pousse à boire un (grand) coup avant de prendre une décision. Pas facile quand on doit piloter entre les astéroïdes... Sans oublier le grand dur de service qui cache d’étonnantes faiblesses.
La structure du récit reste aussi convenue qu’efficace : une petite mission pour poser le cadre avant d’entrer véritablement dans la danse. Certes, les lois physiques sont rangées au placard, mais les touches d’humour bienvenues permettent surtout de passer un très agréable moment, avant la détonante conclusion finale.
Tout cela est magnifiquement porté par le travail en couleurs directes de Grun. Chaque case est une merveille de construction et d’imagination. D’un plan, il rend crédible un vaisseau, il imagine une constellation ou les constructions d’une race alien. Tout est à la fois beau et logique, crédible et épique. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas autant accroché à un Space Opera, et son talent pèse énormément dans la balance de cette réussite. Et comme on profite en plus de cent pages d’un coup, on est vraiment immergé dans cet magnifique univers, au point qu’on regrette de le quitter. C’est véritablemeent un film hollywoodien que l’on tient dans les mains !
(par Charles-Louis Detournay)
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Les planches de l’album sont exposées jusqu’au 16 septembre à la Galerie Daniel Maghen (Paris). Une occasion à ne pas rater si vous passez par là !
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