Graphiquement, cette figure pop de la punktitude entretenait une esthétique vintage très années 1980, digérant follement les grands canons de la faune testostéroïdisée des super-héros dans une mise en couleur de type Ben-Day un peu passée, alors que les Spawn et les X-Men de Image et Marvel surenchérissaient en couleurs photoshopées qui agressaient les rétines.
Le succès de la série doit autant à ce contrepied graphique qu’à des dialogues d’une abyssale vulgarité qui contrebattaient l’Angleterre ultra-libérale et puritaine de Margaret Thatcher. De surcroît, son discours féministe de combat faisait aussi partie de sa légende.
Las, dans ce tome de Tank Girl Forever, la joute entre l’héroïne et son ennemie-faire-valoir Barney, devenue Evil Barney, se transforme en une baston basique et sans saveur pour primo-lecteurs de Marvel et perd, cornegidouille !, toute sa valeur subversive.
Même sa jouissive verdeur du langage, devenue vulgaire dans sa version française, n’arrive pas à sauver un récit qui ne nous emballe pas. C’est joli, dynamique, pleins de possibilités, mais trop léger pour laisser dans nos cerveaux une quelconque trace durable. Dommage.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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